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Pyramide de Khéops


La pyramide de Khéops est la plus haute et la plus volumineuse de toutes les pyramides d'Egypte. Particulièrement impressionnante vue de près, mais aux proportions plus appréciables de loin, elle est dans un état de conservation tout à fait acceptable si on la compare avec de nombreuses autres de la région, souvent complètement effondrée.

La pyramide de Khéops

La pyramide de Khéops

Elle représente l'apogée dans le domaine de l'architecture monumentale égyptienne. Sa construction nécessita des compétences dans ce domaine qui se sont cumulées depuis la construction de la toute première pyramide, celle de Djéser, quelques décennies plus tôt. D'ailleurs, la pyramide de Khéops fait partie de la liste des sept merveilles du monde, et elle est la seule des sept a être encore debout de nos jours. Le fait qu'elle ai traversé non pas les siècles mais les millénaires en dit long sur le savoir-faire qu'avaient cumulés les égyptiens antiques en architecture.

Les raisons de sa construction nous sont obscures. Nous savons qu'il s'agit d'un tombeau destiné à accueillir le corps momifié du pharaon pour l'éternité et à aider son âme à poursuivre son voyage dans l'autre monde, conformément aux croyances de la spiritualité égyptienne antique. La forme de pyramide est également une aide à la montée de l'âme, le fameux "Kâ", vers les Cieux. Si la première pyramide était une sorte d'escalier vers le Ciel (la pyramide à degrés de Djéser), assez rapidement la forme s'est transformée en pyramide à face lisse, plus esthétique mais aussi plus difficile à mettre en oeuvre.

Mais le mausolée de Khéops n'est pas qu'une simple pyramide. C'est avant tout un complexe funéraire de grande importance, comprenant divers éléments dont la pyramide est le plus impressionnant. Mais elle est accompagnée d'un temple haut, situé juste à côté de la pyramide, un temple bas, plus bas dans la vallée, une chaussée qui relie les trois bâtiments, deux cimetières contenant les tombes des personnalités proches du pharaon et quatre pyramides annexes (une pour chacune de ses épouses et une quatrième à vocation cultuelle).


Contexte historique

La pyramide de Khéops fut construite en 2589 et 2566, ces dates pouvant être sujettes à caution, bien sûr. A cette époque nous sommes dans l'ancien empire égyptien, une longue période qui commence à la IIIe dynastie, vers 2650 avant JC et qui va jusqu'à la première période intermédiaire, vers -2200 avant JC. Cette période est considérée comme l'âge d'or de la civilisation égyptienne. C'est durant ces années que s'unifia le peuple égyptien autour d'un chef fort et respecté sur un territoire parfaitement défini. L'administration se développa, ce qui permit à la population d'avoir toujours près de soi des personnes pouvant décider des actions collectives à prendre pour le bien de toute l'Egypte, le peuple ne vivait alors plus en autarcie comme ça avait été le cas précédemment.

La IIIe dynastie commença par le pharaon Djéser qui se fit construire un complexe funéraire au plateau de Saqqarah. C'était initialement un simple mastaba dont l'architecte, Imhotep, fit superposer un autre mastaba, plus petit. Puis, les techniques de construction le permettant, il fit construire une vraie pyramide à 6 degrés haute de 62m, un exploit pour l'époque mais aussi un record de hauteur pour une construction artificielle. Les deux souverains suivants, Sekhemkhet et Khaba, firent eux aussi construire des pyramides à degrés, mais elles restèrent inachevée. S'ensuivirent plusieurs pyramides provinciales, une appellation particulière pour désigner des pyramides de taille plus modeste (entre 12 et 18m de haut) construites dans les provinces du royaume. Arriva alors le premier pharaon de la IVe dynastie, Snéfrou.

Snéfrou fit construire plusieurs pyramides. On ignore si elles le furent en parallèle ou si elles se suivèrent, dans un ordre de construction, mais toujours est-il que furent érigés quatre pyramides sous son règne :

  • La dernière pyramide provinciale, plus imposante que les autres (25m de hauteur),
  • Une pyramide à face lisse, mais dont la construction fut ratée (à Meïdoum)
  • La pyramide rhomboïdale, qui est une pyramide à face lisse mais à changement de pente (à Dahchour),
  • La pyramide rouge, première pyramide à face lisse réussie.

Le fils de Snéfrou, un certain Khéops, profita à plein des techniques de construction de ses prédécesseurs.

En savoir plus sur l'histoire de l'Egypte antique.


Situation géographique

Géographiquement, la pyramide de Khéops se trouve sur le plateau de Gizeh, à quelques kilomètres à l'Ouest du Nil et une vingtaine du centre de Caire. Ce plateau surplombe la vallée du Nil et de nos jours l'agglomération du Caire dont les derniers bâtiments jouxtent le site archéologique de Gizeh. Nous sommes aux pieds du delta du Nil, dans une région aride.

Emplacement des pyramides de Gizeh

Emplacement des pyramides de Gizeh

En savoir plus sur l'emplacement du plateau de Gizeh.


Qui était Khéops ?

Khéops est le nom du deuxième pharaon de la IVe dynastie dans l'Egypte antique, il vécut au XXVIe siècle avant JC. Son règne est caractérisé essentiellement par un développement économique basé sur l'accroissement de l'extraction des mines de cuivre et de turquoise (Sinaï, Nubie) et des mines de diorite (Abou Simbel). Si il est difficile de remonter précisément l'histoire, les constructions imposantes que nous ont laissé Khéops semble indiquer une certaine stabilité dans le royaume, ce qui est confirmé par la découverte, un peu partout dans le pourtour méditerranéen, de hiéroglyphes au nom de Khéops. Ces découvertes prouvent la présence de représentants, probablement de commerçants, dans des lieux forts éloignés de l'Egypte, prouvant la capacité des égyptiens de l'époque à se déplacer.

En savoir plus sur la vie de Khéops.


Qui était l'architecte ?

Bien sûr, ce n'est pas le pharaon lui-même qui suivit les travaux de son complexe funéraire. Il se choisit un homme de confiance, un proche (c'était un cousin), l'architecte Hémiounou

Hémiounou était également un confident pour le pharaon, il avait un rôle de conseiller. Pour prouver l'importance qu'il revêtait à l'époque, il suffit de savoir que sa tombe était dans le cimetière Ouest du complexe funéraire, et qu'elle était particulièrement imposante. La taille de la tombe et son emplacement était directement proportionnels à l'intérêt que portait le pharaon à la personne.

En savoir plus sur la vie d'Hémiounou.


Le complexe funéraire de Khéops

Le complexe funéraire de Khéops se compose de plusieurs éléments dont la pyramide qui en est le centre.

  • La pyramide elle-même
  • Le temple haut
  • Le temple bas
  • La chaussée
  • Les pyramides annexes
  • Les cimetières Est et Ouest
  • La barque solaire

Tout ces éléments sont à compléter avec les bâtiments communs aux trois pyramides de la nécropole de Gizeh, à savoir les deux pyramides de Khéphren et de Mykérinos : Le village de travailleurs, qui est un site archéologique ayant permis le dégagement de la ville où habitaient les constructeurs des pyramides.


Plan du complexe


Vue aérienne de la pyramide de Khéops (cliquez pour agrandir)

Vue aérienne de la pyramide de Khéops (cliquez pour agrandir)

Même vue annotée (cliquez pour agrandir)

Même vue annotée (cliquez pour agrandir)

Le plan du complexe de Khéops est radicalement différent de celui de la toute première pyramide, celle de Djéser. Autant cette dernière était constituée d'un ensemble ceint dans une muraille rectangulaire à l'intérieur de laquelle se dessinaient deux cours bordées de plusieurs bâtiments fonctionnels et cultuels, autant celle de Khéops est ouverte sur le plateau.

La pyramide (en rouge) en est le point central. Le long de la face Est se trouve le temple haut (en bleu). Une voie d'accès (en jaune), probablement couverte, reliait ce temple à un temple que l'on appelle le "temple de la vallée", ou "temple bas" (en violet), plus à Est et un peu plus au Nord. Ce temple bas avait un quai, il longeait une sorte de port artificiel créé sur un bras du Nil aujourd'hui disparu. C'est étrange de le penser, mais il y a 4500 ans la région n'était pas aussi aride qu'elle ne l'est, on était plutôt sur un climat chaud et sec ayant permis le développement d'une savane. La végétation était donc tout à fait différente, le terrain aussi puisque le Nil venait jusque-là, d'où la possibilité d'avoir un quai.

La pyramide était entourée d'un haut mur dont il nous reste les traces de nos jours. Passant à 24m de la pyramide sauf côté Sud, où il n'était qu'à 5m, il est représenté en gris sur le plan annoté. Côté Est se trouvent également les 3 pyramides annexes (en vert), plus, au Sud-Est mais de nos jours détruite, la petite pyramide de culte.

Reste, dans le plan, des deux grands cimetières (en orange), l'un à l'Est, l'autre à l'Ouest de la pyramide. On admet que les mastabas du Sud de la pyramide font partie du cimetière Est. La taille des tombes et leurs proximités de la pyramide est directement proportionnels à la puissance de la personne durant sa vie. Plus on était près, plus sa tombe était grande, plus notre rôle auprès du pharaon était important.

La fonction spirituelle d'un tel ensemble est que dans le culte égyptien l'âme de toute chose fait partie d'un tout. En naissant la personne puise malgré elle une part du Kâ, comme il l'appelait, et à sa mort il revenait dans le Kâ. Pour pouvoir revenir dans l'océan primordial, celui qu'où toute chose est né, il faut une barque, un quai, un port : C'est le rôle de toute ces installations.

La barque est un élément matériel, preuve du mélange que faisaient les égyptiens antiques entre le spirituel et le réel : Elle a réellement été construite et enterrée aux pieds de la pyramide, à une quinzaine de mètres de la face Nord, dans une grande fosse. Explorée, cette fosse nous a montré un magnifique bateau dont le rôle était donc de permettre au pharaon de remonter le fleuve jusqu'à l'océan primordial une fois trépassé.


La pyramide

La pyramide de Khéops est unique au monde par sa taille bien sûr, mais pas seulement. Elle a des caractéristiques qui la rendent uniques par bien des aspects.

Tout d'abord, il n'y a pas d'alignement des trois chambres funéraires, au contraire des autres pyramides. De même la chambre principale n'est pas dans le sol mais à l'intérieur du monument, ce qui est plutôt inhabituel. Ce sont deux bizarreries de cette pyramide.


Dimensions

Ses dimensions sont impressionnantes : 146,60m de haut pour une base carrée de 230m, chaque côté a un écart de 20cm seulement. Même l'horizontalité est proche de la perfection puisqu'il y a un écart de 21 mm seulement d'un point à un autre de la base. Quant à la hauteur de 146,60m, elle correspond à la hauteur à la création de la pyramide, de nos jours elle ne fait que 138m. L'orientation est également intéressante à connaître : Les quatre faces de la pyramide sont orientées sur les points cardinaux avec un écart de 3'54'' seulement. Quant à sa pente, elle est de 50°52'.

Superstructure

Superstructure

Reste une curiosité originale, propre à cette pyramide : Le phénomène d'apothème, qui consiste à avoir une légère ligne de séparation sur les hauteurs des 4 faces, avec un creux suivant la face qui la coupe en deux. Le creux ne faisant que 27', elle est invisible à l'oeil nu, mais en lumière rasante, le phénomène est mis en évidence.

En savoir plus sur le phénomène d'apothème.

En savoir plus sur les dimensions de la pyramide de Khéops.


Superstructure

La superstructure est le massif de la pyramide elle-même. Elle est faite en blocs de calcaire de taille variable, la taille étant identique à chaque couche. Ainsi plus on prend de la hauteur, plus la hauteur des blocs diminue, avant de regrandir un peu plus haut, puis se réduire à nouveau, le tout formant 18 cycles sur un total de 201 rangées. C'est une construction assez étrange, car généralement, il y a proportionnalité entre la hauteur des blocs de construction et l'altitude prise : Plus on monte, plus les blocs sont petits. En bien pas à la pyramide de Khéops, qui a une fluctuation de la hauteur des blocs la constituant variable par cycle.

On ignore pourquoi elle a été construite ainsi. Peut-être est-ce parce que les carrières d'où ont été extraites les pierres étaient striées de lignes de fractures, ce qui prédécoupait naturellement les blocs à une taille donnée. Cette taille étant variable, les blocs de pierre extraits l'étaient aussi. Toujours est-il que la pyramide utilise environs 2,3 millions de blocs de pierre pour un poids total de 5 millions de tonnes... ce qui fait beaucoup.

La pyramide possède sur une arrête une encoche sur l'angle Nord-Est. Elle fait 3m66 de haut sur 3m66 de large, mais on ignore sa fonction. On ne sait pas non plus si il s'agit d'une particularité voulue par les constructeurs de la pyramide ou s'il elle a été faite après coup, un peu, par exemple, pour servir de poste d'observation. Ce qui est sûr, c'est qu'elle existait déjà au début du XIXe siècle.

Autre particularité des pyramides égyptiennes, elles étaient le plus souvent terminées par un pyramidion qui, comme son nom l'indique, était une petite pyramide monobloc terminant le sommet. Généralement richement décoré, ils ont parfois été retrouvés sur les sites archéologiques, mais ce n'est pas vraiment fréquent. Celui de la grande pyramide de Khéops a été perdu, nous n'en savons rien.

Reste du parement

Reste du parement

Par contre, à l'angle Sud-Est se trouve actuellement le pyramidion de la petite pyramide de culte, qui lui est plutôt en bon état. Il laisse ainsi imaginer ce qu'était le grand pyramidion.

Le revêtement de la pyramide de Khéops est presque entièrement détruit. Il en reste des petits morceaux à sa base, par endroit. Il s'agit de bloc de calcaire poli, parfaitement ajusté les uns aux autres, qui recouvrait la totalité de la pyramide, la rendant presque blanche. C'est un fait que l'on a du mal à imaginer de nos jours, mais c'est ainsi qu'étaient la plupart des pyramides antiques d'Egypte, toutes recouvertes de calcaire blanc. La pyramide de Khéphren, elle, conserve une partie de son revêtement, au sommet, et la pyramide rhomboïdale a quasiment tout son revêtement, c'est la pyramide qui en a le plus de nos jours. Les pierres du revêtement proviennent de Tourah, un site connu pour avoir dans son sous-sol de nombreuses carrières souterraines de calcaire fin ayant servi à construire le revêtement des pyramides.

En savoir plus sur l'origine des pierres.


Structure interne

La pyramide de Khéops possède deux entrées, une originale, bouchée, et une artificielle, creusé en 820 après JC.

Galeries et structure interne de la pyramide de Khéops

L'entrée originale (1) est à 15,63m de hauteur, sur le 13e degré, au centre de la face Nord. Elle est protégée par deux énormes linteaux disposés en chevrons pour répartir la charge supportée par l'entrée sur les côtés et donc de protéger l'accès.

Entrée de la pyramide de Khéops

Entrée de la pyramide de Khéops

Toutefois la lourdeur de ces deux linteaux est disproportionnés par rapport aux charges, ce qui tend à indiquer que leurs utilités n'est pas que fonctionnelles, elles pourraient aussi être symboliques. Des études ont montré qu'il doit y avoir une cavité derrière cette entrée, mais personne ne l'a encore ouverte, pour l'instant il n'y a pas de volonté à faire une étude sur la possibilité d'ouvrir la porte.

La seconde porte est l'entrée actuelle (2) de la pyramide. C'est une ouverture artificielle créée par les ouvriers du calife Al-Marmoun en 820 après JC. Curieux de savoir ce que contient la pyramide, et surtout avide de récupérer ses éventuelles richesses, le calife ordonna une percée dans l'espoir d'atteindre une chambre inviolée. La galerie du calife (3) mesure 1,20m de haut sur 1m de large, elle est en descente sur 105m (4). A environs 20m de l'entrée un trou au plafond mène à une galerie ascendante. Tout au bout la galerie descendante rejoint un couloir de 9m qui arrive sur une chambre inachevée de 14 x 8m, sur 3m50 de haut. Cette chambre (5) comporte un puits qui mesurait autrefois 3m de profondeur et un boyau de 0,76m de large sur 0.73m de haut, donc très étroit, sur une longueur de 16,50m. C'est un cul-de-sac qui part de la paroi Sud de la chambre.

La galerie montante (6), celle qui part du plafond de la galerie creusée, mesure 39m de long pour un espace équivalent à la galerie du calife, mais elle est bloquée par 3 lourds blocs de granit. Le bout de cette galerie arrive à l'entrée de la grande galerie (9), un noeud de communication interne à la pyramide. En effet, de l'entrée de la grande galerie, on peut soit monter cette grande galerie, soit prendre une autre galerie (8) qui part horizontalement vers la "chambre de la Reine", soit descendre par la "galerie des voleurs". Cette galerie des voleurs (12), improprement nommée, est un étroit boyau qui descend presque verticalement dans la pyramide pour aboutir, via une petite salle, dans la galerie du calife, à 8m seulement de son extrémité. Cette galerie des voleurs ne semblent pas avoir été creusé du temps de la construction car elle perce la maçonnerie de la pyramide avant d'être creusé dans la roche calcaire du plateau de Gizeh.

Partant du "noeud", au bas de la grande galerie, il est possible de suivre une galerie horizontale (8) de 1m de large sur 1,10 à 1,70m de haut (plus on s'approche du bout, plus la hauteur est grande). Elle mène, après 32m20 de galerie, à la chambre de la Reine (7). Là-aussi cette appellation est clairement usurpée, c'est un nom donné par les premiers explorateurs qui n'avaient pas encore conscience qu'aucune reine n'a été ensevelie dans le monument, leurs tombeaux étaient à l'extérieur, dans les trois petites pyramides annexes. Ca pourrait venir de l'époque arabe où, parait-il, les tombes des épouses étaient dotées d'un toit à deux pans semblables aux pierres de décharge du plafond de la chambre de la reine. Cette chambre est assez petite, elle mesure 5m70 x 5m20 sur 6m70 de haut. Elle se trouve sur l'axe de symétrie de la pyramide, orienté Est-Ouest. Cette chambre est simple, elle a juste une niche de 4m60 sur 1m50 de large et 1m de profondeur, mais sa profondeur actuelle est de 6m car elle a été creusé par des pilleurs pour tenter de trouver une nouvelle galerie, derrière. La chambre de la Reine est en outre dotée de deux conduits que l'on nomme "conduits d'aération" mais qui pourrait plutôt avoir un rôle spirituel plutôt que fonctionnel, partant des côtés Nord et Sud, horizontaux sur 2m et suivant un angle de 39° ensuite pour déboucher à l'air libre, sur les faces Nord et Sud de la pyramide. Ces conduits font 65m de long et débouchent sur deux dalles dotés de poignées métalliques. De nos jours, ces conduits sont bouchés par des barres de fer, une par conduit, durant le XXe siècle.

La grande galerie (9) est la pièce centrale de la pyramide, celle de laquelle plusieurs galeries partent. Elle mesure 47m de long et 8m de haut, son plafond est à encorbellement et elle est équipée, sur toute sa longueur, d'une banquette de 50cm de haut sur 60 de large et percée tout les 1m40 de trous rectangulaires.

L'extrémité haute de la grande galerie mène à une antichambre (11), puis une chambre que l'on nomme la chambre du roi. L'antichambre mesure 1m30 sur 1m20 pour 1m10 de plafond, c'est vraiment une toute petite pièce où il faut entrer courbé. Elle est en granit et son extrémité s'ouvre sur une seconde antichambre de même dimension à l'exception de la largeur, qui est de 2m40. C'est la sortie de cette seconde antichambre que l'on arrive sur la chambre du roi (10), là aussi une appelation arbitraire. Cette chambre est tout en granit, elle mesure 10m50 x 5m20 et son plafond culmine à 5m80. Ce qui est marquant, architecturalement parlant, est que le plafond est quintuple : Il y a 5 plafonds les uns au-dessus des autres, le plus haut étant disposé en chevron pour répartir le poids de la pyramide sur l'extérieur de la chambre. Chaque plafond étant séparé du suivant par un espace, il se forme cinq petites chambres de décharge au-dessus de la chambre du roi. C'est dans la dernière, la plus haute, que l'on a trouvé la seule inscription de toute la pyramide, et bien sûr, c'est le cartouche du pharaon Khéops. C'est cette unique indication qui fait dire aux spécialistes que cette pyramide est attribuée à Khéops. Le fond de la chambre du roi abrite le sarcophage en granit de Khéops, et il dispose des mêmes "conduits d'aération" que la chambre de la Reine. Ces conduits, qui pourraient n'avoir qu'un rôle spirituel sont carrés et mesurent 20cm de côté. Le conduit Sud monte à l'air libre suivant un angle de 45° et le Nord de 32°.

Les conduits d'aération (7et 10) auraient plutôt un rôle religieux que fonctionnel. Deux faits semblent prouver cette hypothèse. Tout d'abord, les conduits étaient bouchés avant l'intervention des archéologues "modernes", ensuite, l'orientation des conduits fait en sorte qu'ils pointent tous les quatre vers des étoiles bien particulières, visible dans le ciel, à un moment précis de l'année. Mais ceci pourrait tout aussi bien être un hasard, et la fonction de ces conduits pourrait être plus religieuse, ça serait une ouverture pour que le Kâ du défunt puisse s'échapper librement, par exemple. Une étrangeté puisque le Kâ est sensé redescendre vers le fleuve via la barque solaire, enterrée aux pieds de la pyramide. Ces couloirs étroits n'ont donc pas encore livrés leurs secrets.


L'enceinte

On a du mal à l'imaginer de nos jours, mais la pyramide était entourée d'un haut mur de protection servant tout autant de séparation spirituelle que temporelle. Il mesurait une dizaine de mètres de haut et passait à 24m de la pyramide sur ses faces Est, Nord et Ouest et à 5m seulement le long de la face Sud. Le temple haut était adossé à son côté Est.


Les pyramides secondaires

Pyramide d'Hétépherès

Pyramide d'Hétépherès

Il y a quatre pyramides secondaires dans le complexe funéraire de Khéops. Trois sont les pyramides des reines de Khéops ce sont celles situées du côté Est, et la quatrième est une simple pyramide cultuelle, elle est au Sud-Est de la pyramide de Khéops.

Les trois pyramides des reines sont quasiment identiques, elles mesuraient 30m20, 30m00 et 29m60 pour une base carrée de 49m50, 49m et 46m. Leurs pentes sont donc quasiment identiques aussi, elle fait 52°. On les nomme selon un code reconnu internationalement, elles portent les numéros G1a, G1b et G1c. Chacune des trois à la même structure interne que sa voisine, avec une entrée, une galerie menant à une antichambre derrière laquelle s'ouvre la chambre funéraire. En plus de la pyramide elle-même, chacune avait un temple, sur leurs côtés Est. Elles étaient toutes entourées par un haut mur qui passait dans le temple, ce dernier faisant alors office de portail d'entrée dans le sanctuaire. Les deux premières pyramides ont une fosse pour une barque, le long de leurs côtés Sud.

Ces pyramides ne sont pas attribuées définitivement car elles n'ont aucune inscription, et rien de permet de savoir qui elles renfermaient. Toutefois on suppose que, du Nord au Sud, elles sont a :

  • Mérititès
  • Hétéphérès Iere
  • Henoutsen

De nos jours ces trois pyramides sont fortement dégradées. Il n'en reste soit que les premiers degrés, soit elles sont complètes mais ont perdues leurs revêtements de pierres calcaires. Car on l'ignore de nos jours, mais les pyramides annexes étaient elles aussi à faces lisses. Si actuellement elles semblent être à degrés, c'est qu'elles ont perdus ce revêtement blanc. C'est la pyramide G1c qui est de loin la mieux conservée, et c'est aussi celle qui n'a jamais été terminée : On voir encore sur ses flancs des traces de construction, prouvant qu'elle n'a pas été terminée.


Le mobilier de la reine Hétéphérès Iere

L'une des plus belles découvertes du plateau de Gizeh du début du XXe siècle se produisit en 1925, lors des fouilles de George Andrew Reisner. Ayant découvert un bloc de plâtre enterré là où l'on s'attendait à de la roche, les archéologues de l'époque dégagèrent une entrée de tombe. Elle menait à un puits de près de 30m de profondeur au fond duquel se trouvait une chambre de taille modeste : 5m x 2,5m sur 2m de haut. Son intérêt est qu'elle contenait un sarcophage vide gravé du nom de la reine Hétéphérès Iere, un vase canope contenant les viscères de la reine (ou supposé lui ayant appartenu) et quelques meubles en bois recouverts d'or en relativement bon état par rapport au fait qu'ils sont restés enfermés ici depuis le XXVIe siècle avant JC.

Leurs extractions furent exemplaires, et l'on put assez facilement les reconstituer. Ils sont présentés de nos jours au Musée égyptien du Caire. Si l'on parle spécialement de ce mobilier, c'est qu'il est vraiment exceptionnel car non seulement il a pu être restauré dans son état d'origine, et donc il montre ce que devait être le mobilier royal de l'ancien empire, mais il est de plus très beau à voir.


Chaise d'Hétépherès

Chaise d'Hétépherès

Lit d'Hétépherès

Lit d'Hétépherès

Chaise à porteur d'Hétépherès

Chaise à porteur d'Hétépherès


La pyramide cultuelle

La quatrième pyramide fut découverte en 1980, on ne lui a jamais trouvé de rôle. On pense qu'il s'agit d'une pyramide cultuelle. Elle est plus petite que les trois premières, mesurant seulement 13m80 pour une bas de 21m70 et une pente de 52° également.


Le temple haut

Le temple haut était une structure de grande taille adossée à la pyramide de Khéops, sur son côté Est. C'est le côté qui fait face au Nil, sachant que ce dernier avait un bras qui arrivait jusqu'aux pieds du temple bas, à moins de 500m de là.


Son rôle

Son rôle était de maintenir un culte permanent envers le pharaon. Plus exactement il s'y déroulaient des cérémonies quotidiennes, trois pour être exact (le matin, en milieu de journée et le soir) destinées à présenter à Khéops des offrandes. Le nombre d'officiant et la durée pendant laquelle ces cérémonies eurent lieu est un bon indicateur de la popularité du pharaon. Il faut savoir que les pharaons étant considérés comme des Dieux vivants, à leurs morts ils faisaient tout naturellement l'objet d'un culte religieux intensif. A sa mort le nombre de prêtres dévolus Khéops varia. Au départ il en eut 10, puis, au cours de la Ve dynastie ce nombre augmenta jusqu'à arriver à plus de 60 durant la VIe dynastie. C'est un nombre très élevé pour un pharaon ayant régné si longtemps avant, mais dont la pyramide impressionnante à Gizeh était probablement une aide à l'entretien de son souvenir. Le culte de Khéops connu donc une augmentation des fidèles pendant l'ancien empire, avant que la première période intermédiaire n'y mette un terme. Le moyen empire oublie Khéops, et il faudra attendre le nouvel empire pour que l'on retrouve le culte de Khéops au sein de la société égyptienne antique. A ce moment, on retrouve des traces du Dieu Khéops avec celui d'Isis, comme si les deux étaient liés.


Son architecture

Il mesurait 52m50 dans l'axe Nord-Sud et 39m60 dans l'axe Est-Ouest, mais de nos jours il est complètement détruit, ne nous laissant que quelques ruines montrant les bases de son agencement interne. Le temple était composé d'une cours intérieure de 46m00 x 26m70 pavée de grandes dalles de basalte. Elle était entourée de colonnades comme c'était le cas souvent, à l'époque. On en comptait 34, en granit, réparties ainsi :

  • Une colonnade de 12 piliers à l'Est
  • Une colonnade de 12 piliers à l'Ouest
  • Une colonnade de 5 piliers au Nord
  • Une colonnade de 5 piliers au Sud

A ça il faut ajouter quatre piliers indépendants qui soutenaient les angles de la cour. Dans le bâtiment il y avait deux salles ouvertes sur la cour, à l'Ouest. La première était la plus grande, elle mesurait 27m de long. Son plafond était maintenant par huit piliers. La seconde salle était plus petite, elle se trouvait au fond de la première. Mesurant 14m seulement, elle avait quatre piliers. Le temple avait une seule entrée, c'était celle arrivant de la chaussée.

Le temple semble avoir été décoré de bas-reliefs. Malgré qu'il soit à l'état de ruines de nos jours, l'égyptologue Selim Hassan a découvert dans ce qui était autrefois l'angle Nord-Ouest de la cour un bas-relief partiellement effacé. Le fait que la chaussée soit décorée de bas-reliefs pousse à croire que c'était tout le temple qui l'était, d'autant plus que la pyramide rhomboïdale avait, elle aussi, un temple haut entièrement décoré.

Il y a encore une curiosité à noter dans le temple haut, c'est la présence d'une petite canalisation sous le temple. Elle permettait de faire s'écouler les liquides utilisés durant les offices. Innovation technologique majeure, c'était tout simplement un petit égout, une invention faite en Europe 4200 ans plus tard...


La chaussée

Ce que l'on appelle la chaussée est un chemin probablement couvert reliant le temple haut au temple bas. Elle est longue de 660m, mais de nos jours seuls les 80 premiers mètres sont encore visibles. Curieusement son tracé n'est pas rectiligne, au contraire de ce qui se faisait habituellement.

Architecturalement la chaussée était construite en lourdes pierres calcaires locales richement décorées, sur leurs faces internes bien sûr. Certains de ces blocs ont été réutilisés, ce qui nous a permis de les conserver jusqu'à nos jours.


Le temple bas ou temple de la vallée

Le bouy de la chaussée arrivait au temple bas, que l'on appelle souvent aussi temple de la vallée. Il s'agit d'un second temple, point de départ du Kâ du pharaon décédé selon la croyance égyptienne antique. Ce temple était également... un quai.

En effet, selon les croyances de l'époque le Kâ du pharaon était censé rejoindre l'océan primordial. Pour ça, il devait utiliser une barque et descendre le grand fleuve, d'où la nécessité d'avoir un quai, mais aussi une barque, comme expliquée ci-dessous. Barque et temple de la vallée sont deux éléments réels, ils ont étaient réellement construits alors qu'il s'agissait d'éléments purement spirituels. Le temple de la vallée a désormais disparu, il se trouvait à l'emplacement de l'actuel village de Nazlet El-Samman, à 600m à l'Est de la pyramide de Khéops. L'urbanisme de la ville a effacé les traces archéologiques, mais l'intérêt grandissant pour l'archéologie moderne a fait que des fouilles ont pu être réalisées à chaque fois que c'était possible. Ainsi on a pu dégager quelques vestiges lors de divers travaux, en particulier des travaux de voiries. On a identifié une partie du temple ainsi que des installations portuaires.

On ne sait donc quasiment rien de ce temple bas, hélas.


Les fosses et les barques solaires

Pour pouvoir faire son parcours jusqu'à l'océan primordial le pharaon défunt devait utiliser une barque. Loin d'être imaginaire, deux vrais barques ont été construites et enterrées à deux pas de la pyramide. Retrouvé dans un état de conservation impeccable, l'un est exposé dans un musée qui lui est dédié, juste aux pieds de la pyramide, l'autre le sera dans le futur musée égyptien de Gizeh.

En dégageant les abords de la pyramide de Khéops de la gangue de sable qui l'enserrait, en 1954, les ouvriers découvrirent deux zones du sol recouvertes d'épaisses dalles très lourdes et semblant fermer deux salles souterraines. Ces deux zones étaient longues et étroites et se trouvaient de part et d'autre du temple, le long de la face Est. Une autre zone similaire a été trouvée le long de la face Nord. Les archéologues de 1954 purent dégager la quarantaine de dalles qui fermaient l'entrée et ouvrirent une fosse contenant une magnifique barque dans un très bon état de conservation. La seconde fosse ne fut ouverte qu'en 1987, après que l'on eut découvert qu'elle n'était plus étanche et donc que potentiellement, son contenu pouvait se dégrader rapidement. Là aussi, les archéologues (une équipe japonaise) découvrirent une autre barque, également dans un bon état.

Le rôle de ces barques semble clair de nos jours : Elles devaient servir à l'âme du pharaon, le Kâ, à voyager le long du Nil pour rejoindre l'océan primordial, d'où est né toute chose et où retourne toute chose.

Barque solaire de Khéops

Barque solaire de Khéops


La barque de 1954

Il s'agit d'une barque en bois de 43m50 sur 6m de large et un tirant d'eau d'1m50, trouvé en morceaux dans la fosse. C'est l'égyptien Ahmed Youssef Moustafa, restaurateur du musée égyptien du Caire, qui eut la charge de reconstituer le puzzle, une tache qui lui prit 10 ans.

La barque est composée de 1224 pièces différentes dont certaines sont marquées d'indication de montage, ce qui a simplifié le travail de reconstitution. La barque possède dix rames, donc elle avait besoin de cinq personnes pour le faire avancer, plus un barreur qui se tenait à l'arrière et qui manoeuvrait une paire de rames servant de gouvernail. Au centre se trouvait une cabine de 9m de long, complètement fermée mis à part deux portes s'ouvrant, une vers l'avant, l'autre vers l'arrière. A la pointe du navire il y avait un auvent qui permettait de s'abriter du Soleil. La barque était décorée de deux magnifiques feuilles de papyrus en guise de figure de proue et de poupe. L'ensemble a été fabriqué à partir de bois de cèdre et en acacia.

Cette barque est désormais visible, entière, dans le musée qui lui est consacré. C'est une grande salle située juste au-dessus de la fosse où elle a été construite, et c'est la seule construction moderne qui existe à proximité immédiate de la pyramide. Son design, épuré, et sa couleur, identique à la pyramide, en font un bâtiment qui s'intègre bien dans le paysage.


La barque de 1987

La seconde fosse est restée fermée jusqu'en 1987 lorsqu'une équipe de scientifiques japonais parvinrent à prouver qu'elle contenait elle aussi une barque. Mais les autorités compétentes décidèrent de ne pas l'ouvrir, car le faire risquait de provoquer des dégâts dessus. Il faut dire que cette fosse était restée étanche pendant 4500 ans, il n'était pas urgent de l'ouvrir. Mais l'équipe japonaise prouva que l'étanchéité avait de toute façon été perdue, les autorités égyptiennes ont donc donné leurs accords à l'extraction de la barque, après soulèvement des quarante lourdes pierres qui en bloquait le plafond.

L'extraction des différentes pièces trouvées a commencé en 2013, il y a 1200 pièces. Quand le travail d'assemblage sera terminé, cette seconde barque sera exposée dans le futur grand musée de Gizeh.

En savoir plus sur les barques solaires de Khéops.


Les cimetières

Croyances en l'au-delà

Avant de décrire les deux cimetières qui entourent la pyramide de Khéops, il faut savoir que durant l'ancien empire égyptien la croyance en la continuité de la vie après la mort était solide. En effet, les égyptiens anciens pensaient que ce que nous pourrions appeler l'âme d'une personne, son Kâ pour les égyptiens antiques, étaient une partie d'un tout et qu'il retournait, après la mort, dans l'océan originel d'où part toute chose.

Mais durant les premières dynasties et jusqu'à la IVe, celle du pharaon Khéops, seul le souverain pouvait accéder l'autre monde, les autres ne pouvaient qu'espérer atteindre le Douat, un lieu commun de vie après la mort. Pour l'atteindre, il n'avait pas d'autres choix que de se fier au pharaon mort qui, lui pouvait atteindre l'autre monde et donc faire passer son peuple dans le Douat. Cette croyance ajoute un lien de subordination entre le pharaon et son peuple durant la période de vie, puisqu'en cas de manquement envers le pharaon ce dernier avait le pouvoir d'empêcher le Kâ de l'offensant de rejoindre le Douat. Ceci explique pourquoi il fallait se faire enterrer le plus près possible du pharaon : Plus on était près, plus facilement on pourrait franchir le monde de la mort.

Cette croyance fut mise à mal à partir des Ve et VIe dynasties, puis surtout durant la première période intermédiaire. Il faut dire que la civilisation égyptienne se développant, le pharaon envoya de plus en plus de personnes proches dans des provinces pour s'assurer que l'administration locale exécute bien les demandes du pharaon. Du coup, ces proches se faisaient enterrer loin de leur dirigeant... Il fallait alors inventer une spiritualité qui permette cette éloignement, d'où la perte progressive de cette croyance.


Les cimetières

Le complexe funéraire de Khéops comporte deux cimetières, un à l'Est, l'autre à l'Ouest.

Celui de l'Est était réservé aux reines et aux très proches du pharaon, celui de l'Ouest aux autres membres de la famille et aux fonctionnaires de haut rang. Tous les deux sont organisés comme les cimetières modernes, avec des allées larges, disposées orthogonalement, et des tombes parfaitement alignées.

Le cimetière Est commence avec les trois pyramides des reines, ce sont les tombes les plus proches de la grande pyramide. A leurs Est on trouve 12 mastabas d'importance classées en 3 rangées de 4. Prévus initialement pour accueillir une seule personne, ils furent agrandis vers la fin du règne de Khéops : Les 8 mastabas du Nord furent réunis deux à deux, et les 4 du Sud furent agrandis, formant un groupe de huit mastabas que l'on peut encore voir de nos jours. C'est également à cette époque qu'ils furent décorés et équipés de chapelles.

Le cimetière Ouest est plus grand, mais ses tombes sont largement plus petites. Il s'agit de mastabas en forme de pyramides tronqués dont les parois ne sont pas spécialement travaillées. Rappelons qu'un mastaba est une grand massif plein percé d'une cheminée maçonnée allant du toit à la chambre funéraire creusée sous la roche, un conduit bouché à la mort du propriétaire et positionné plutôt sur la partie septentrionale du mastaba. Généralement la chambre funéraire est bloquée par une grille métallique. Le mastaba contient aussi une chapelle construite en pisé et s'ouvrant sur une salle longue et étroite. L'entrée de la chapelle a une stèle richement décorée et colorée apposée sur la face Sud, elle servait au culte du défunt.

Il existe deux tombes bien plus grande que les autres dans le cimetière Ouest, et une dans le cimetière Est. La première est à Hémiounou, membre de la famille royale et surtout constructeur de la pyramide de Khéops. C'était lui l'architecte, le superviseur et le conducteur des travaux. L'autre tombe n'est pas encore attribuée, on ignore qui y repose. Quand à celle du cimetière Est appartenait à Ankhaf, une personnalité ayant participé elle-aussi à la construction de la grande pyramide.

Plus le temps s'est écoulé, plus les mastabas ont été modifiés, ce qui casse un peu cette impression d'uniformité. Par exemple certaines familles transformèrent la stèle en fausse porte, d'autres détruisirent la chapelle en pisé et la remplacèrent par une autre chapelle en pierre de taille, d'autres enfin ont agrandi le mastaba (par le Sud, toujours). La structure interne aussi fut modifiée, avec l'ajout, parfois, de la chapelle à l'intérieur même du massif, voire avec la construction d'un Serdab. Un serdab, c'était une petite pièce qui donnait sur la chapelle et contenant une statue du défunt. On creusait un petit trou entre la chapelle et le Serdab, qui était une pièce complètement fermée, afin de permettre au défunt de voir le culte qui se pratiquait dans la chapelle via les yeux de la statue. Cette tradition existait déjà durant la IIIe dynastie, la pyramide de Djéser en possédait deux.


Construction

On l'imagine sans peine, la construction d'un tel monument ne s'est pas faite facilement, ni rapidement. Si les documents d'époque évoquent rarement la construction, le matériel archéologique remonté depuis que les premières fouilles ont été lancées permet d'en savoir un peu plus sur l'organisation du chantier.


Durée

Tout d'abord, la pyramide fut construite dès les premières années du règne de Khéops, soit vers 2560 ans avant JC. Le chantier dura un peu plus de 20 ans, les spécialistes ne sont pas forcément d'accord, et les documents sont parfois contradictoires, mais la fourchette allant de 23 à 25 ans semble raisonnable. Selon la logique et comme les rares documents le laisse supposer, il a fallu 6 ans pour mettre en place le chantier, araser le terrain, et faire les calculs les plus importants, en particulier ceux permettant d'inclure la colline naturelle dans le massif, pour éviter la fabrication d'un grand nombre de pierres. Les 10 années suivantes ont été utilisées pour la construction de la pyramide, ainsi que les galeries souterraines, les temples hauts et bas. Les 4 dernières années servirent à terminer le chantier, démonter les rampes, détruire les constructions temporaires, etc.

Il faut dire que le pharaon, dans l'Egypte antique, était considéré comme un Dieu, seule personne au monde à avoir la capacité de permettre à son peuple d'accéder à l'au-delà. La construction d'une tombe était donc la préoccupation majeure de tout le peuple qui devait permettre à son pharaon de partir dans de bonnes conditions, ne serait-ce que pour leurs biens à eux.


Organisation des ouvriers

Le chantier s'organisa autour d'une structure hiérarchique quasiment militaire. Le pharaon, principal intéressé, donnait ses ordres aux hauts fonctionnaires qui les transmettaient aux architectes en charge du chantier. Ils les faisaient passer aux chefs de chantier, puis aux contremaîtres qui réalisaient les travaux. Bien sûr, chaque niveau hiérarchique pouvait prendre ses propres initiatives, en regard de ses possibilités.

Les ouvriers, tout en bas de l'échelle, étaient pour un quart des artisans qualifiés et pour les trois quarts des paysans locaux qui étaient employés lorsque les crues du Nil empêchaient les travaux des champs. Les artisans avaient les tâches nécessitant un certain savoir-faire, comme la taille des blocs de pierre, l'arasement du sol ou la construction d'engin de construction. Les ouvriers non qualifiés étaient employés aux tâches de force, la manipulation des blocs et leurs tractions jusqu'à leurs emplacements.

L'ensemble des ouvriers étaient organisés en équipes de 2 000 personnes pour un total de 20 000 employés sur le chantier de la pyramide de Khéops. Ce chiffre est bien sur une estimation, mais il est considéré comme acceptable vu la durée du chantier et le travail à faire. Les équipes de 2000 employés étaient divisées en deux groupes de 1 000, chaque groupe divisé en phyles de 200, chaque phyles en groupe de 20. Ces vingt employés étaient l'unité de base du groupe de chantier.

En savoir plus sur la construction des pyramides du plateau de Gizeh, et plus généralement sur la construction des pyramides d'Egypte


Le village de travailleurs

Village d'ouvriers

Village d'ouvriers

Pour pouvoir travailler sur le site, il fallait loger et nourrir les employés. C'était le rôle du village des travailleurs, aussi appelé "cité des ouvriers". Il s'agit d'une ville à 500m à l'Est de la pyramide, au Sud des quais du temple bas. Ce lieu était séparé du reste du chantier par un haut mur et abritait la population d'ouvriers avec tout ce qui était nécessaire à leurs vies sur place : Boulangerie, forgeron (ou plutôt, des artisans travaillant le cuivre), médecin, etc. Ce village a été découvert récemment et a fait l'objet d'études prouvant qu'il s'agissait d'ouvriers libres, bien nourris. Il semble que seuls les artisans étaient logés dans cette cité ouvrière. Les paysans, de passage sur le chantier, était plutôt logés dans des camps de toiles aux pieds de la pyramide.

Toutefois il est possible que ce lieu ait été construit ultérieurement à la construction de la pyramide de Khéops, peut-être l'a t-il était lors de la construction de celle de Khéphren.

En ce qui concerne la nourriture, il faut savoir que le plateau de Gizeh n'avait pas du tout le même aspect à l'époque, par rapport à nos jours. En -2650 la nature environnante était plutôt similaire à la savane. Des bergers gardaient des troupeaux qui venaient du delta du Nil, à plusieurs dizaines de kilomètres au Nord, sur des terres plus aptes à l'élevage. Ces troupeaux alimentaient le village et l'ensemble des personnes travaillant sur ce site. On ne peut pas en être sûr, mais il est probable que les conditions de vie sur le chantier soit meilleures que celles d'un paysan ordinaire travaillant ses champs près du Nil.

En savoir plus sur le village des travailleurs du plateau de Gizeh.


Les rampes

En pratique, comment les architectes purent monter une pyramide aussi haute avec des moyens très réduits à par rapport à nos jours ? Cette question est centrale lorsqu'on parle de la pyramide de Khéops, mais également des autres pyramides d'Egypte.

Alors disons-le immédiatement : On ignore comment les égyptiens antiques ont construits la pyramide de Khéops.

On ne peut que supposer, et établir des hypothèses. Trois ressortent du lot : La technique des rampes externes, celle de la rampe interne, et celle de l'ensablement.


La méthode des rampes externes et celle qui tient la corde de nos jours. Elle consiste à croire que les égyptiens anciens montaient les pierres sur la superstructure étage par étage en suivant une rampe en pente douce. L'archéologie nous a prouvé que ces types de rampes ont bel et bien étaient utilisées, en particulier sur la pyramide de Sesostris Ier (à la nécropole de Litch). En bois ou en pierres crues, cette rampe pourrait avoir été construite de différentes façons :

Rampe frontale

Rampe frontale

La rampe frontale n'est construite que sur un seul côté de la pyramide. De largeur restreinte au fil de la montée de la pyramide, elle est aussi de plus en plus raide, ce qui complique la tâche des ouvriers montant les blocs.

Rampe enveloppante

Rampe enveloppantes

Le principe de la rampe enveloppante est simple, il consiste à n'avoir qu'une seule rampe qui tourne à angle droit à chaque arrête de la pyramide. Plus on monte, plus la pyramide est longue. Une telle rampe est complexe à mettre en oeuvre, mais elle a l'avantage d'avoir une pente régulière. Par contre elle impose le transport des charges sur de longues distances.

Rampes latérales

Rampes latérales

Les rampes latérales sont une succession de petites rampes longeant les 4 côtés de la pyramide à construire. Ce type de rampe est facile à construire et à maintenir.

D'autres types de rampes ont été proposés, mais il s'agit de mélange entre ces trois possibilités : Les égyptiens de l'époque auraient pu construire les pyramides avec deux rampes frontales, une en cours d'utilisation pendant que l'autre est rehaussée, le temps que les ouvriers terminent le niveau et ils peuvent poursuivre avec la 2e rampe, la première étant à ce moment elle aussi rehaussée. Une autre tentative d'explication consiste en une rampe frontale montant à un tiers de la hauteur avant de poursuivre sous forme de rampe hélicoïdale.


La méthode de la rampe interne est très originale, elle est récente. Elle est soutenue par l'archéologue français Jean-Pierre Houdin et consiste à faire monter les blocs par une galerie interne. Cette dernière courerait derrière chaque face à quelques mètres, et monterait en pente douce jusqu'à l'étage en cours de construction. Si cette hypothèse semble aux premiers abords farfelus, elle est non seulement très sérieuse mais partiellement vérifiée par les relevés de températures internes de la pyramide. Ces relevés montrent un écart de température des pierres qui suivent un tracé interne en spirale, partant du bas jusqu'en haut. Il est donc tout à fait possible qu'une galerie en spirale ait existée avant son comblement.


La dernière méthode est celle de l'ensablement. L'idée est qu'une fois plusieurs étages montés, on attend que les vents dominant du plateau de Gizeh ensable le travail, ce qui forme une rampe naturelle. Cet ensablement aurait pu aussi être fait artificiellement, par déplacement du sable sur le côté de la pyramide. Le problème essentiel de cette technique c'est qu'elle ne permet pas de faire une pyramide aussi haute que celle de Khéops, l'ensablement aurait dû se faire sur plusieurs centaines de mètres pour ça, ce qui est peu probable.

En savoir plus sur la construction des pyramides.


Dégradations

Bien évidemment, avec une existence de XXVII siècles, la pyramide de Khéops a subi des dégradations, qu'elles soient naturelles ou artificielles.

Extérieurement, ce sont les dégradations naturelles qui ont fait le plus de dégâts. Le temps à peu à peu fragmenté les pierres du parement, montrant la pyramide telle qu'elle était avant sa couverture. Mais c'est le tremblement de terre du XIVe siècle qui fut le plus terrible. En effet, c'est durant le XIVe siècle qu'il y eu un gigantesque tremblement de terre qui secoua toutes les terres du pourtour méditerranéen. Il causa de grands dégâts un peu partout. C'est ce tremblement de terre qui mit à bas définitivement le phare d'Alexandrie, l'une des sept merveilles du Monde, par exemple. Ce tremblement fit tomber une grande partie du revêtement en pierres calcaires qui, désagrégé, tomba au sol. Facilement disponible, ces pierres furent alors utilisées pour construire les maisons d'une nouvelle ville qui devait remplacer celles écroulées par cette catastrophe naturelle : Le Caire. C'est là l'origine de la capitale Egyptienne, et hélas, celle de la fin du revêtement de la grande pyramide de Khéops.

De nos jours il reste quelques-unes de ces pierres près du sol, par endroit, ce qui permet d'imaginer comment elle était à la fin de sa construction. Ces pierres viennent d'une carrière souterraine à Tourah, à l'Est du Caire. On y extrayait des pierres calcaires blanches d'une grande finesse qui étaient faciles à travailler.

La pyramide voisine de Khéphren conserve, sur son sommet, une partie de sa couverte en pierres de Tourah. Mais le plus bel exemple de ce type de couverture est sur la pyramide rhomboïdale, qui la conserve presque entièrement.

La superstructure a aussi été abîmée par d'autres biais. Tout d'abord elle a perdu son sommet, qui est de nos jours une plate-forme plate de 100m2 à peu près. Ensuite, de nombreuses pierres ont été dégradées par le tourisme, à une époque où elle n'en était pas protégée. Mine de rien, ça ne fait pas très longtemps que l'on prend en compte les dégradations subies par les monuments dues au tourisme, et sur un site comme celui de Gizeh, très connu, ces dégradations étaient multiples : descellement de pierres, chutes de petites pierres, gravage dans la pierre de noms, de dates, etc.

Intérieurement il n'y a pas vraiment de dégâts naturels, les galeries ont plutôt été bien conservées. Par contre, la plus grosse dégradation faite à la pyramide de Khéops est la galerie du sultan, qui fut percée à même la pierre. Elle a été faite pour trouver des salles remplies de trésors mais n'a mené qu'à la descenderie vers la salle souterraine. Si l'on compare ce percement à ce qui a été fait pour la pyramide de Djéser, on est là sur une broutille (puisque cette pyramide a été creusée un peu partout de nombreuses galeries), mais c'est quand même important de la noter.

Enfin, il faut savoir que la pyramide de Khéops était surmontée d'un pyramidion, une sorte de pointe terminale richement décorée. Malheureusement, on n'en a aucune trace de nos jours.



Voir aussi :

Pyramides de Gizeh

Pyramide de Djéser





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