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L'âge d'or des pyramides


L'âge d'or des pyramides, c'est une période de l'histoire de l'Egypte qui se déroula durant la Ve dynastie. On estime qu'elle va de -2460 à -2320, durant le règne de 14 pharaons, pour un total de 16 pyramides.

Ces pyramides seront construites sur plusieurs nécropoles, Gizeh, Abousir, Saqqarah, mais surtout Abousir, un site au Nord de Saqqarah qui était jusque là vierge de toute tombe royale. L'une de leurs caractéristiques est la construction d'un complexe funéraire dans une nécropole, mais aussi d'un temple dit "solaire", toujours à Abousir. Les temples solaires sont des bâtiments basés sur le modèle du temple d'Héliopolis, la référence en ce qui concerne le culte du Dieu Râ, le Dieu-soleil.


Une période qui s'inscrit dans une certaine logique

C'est durant l'ancien empire que les pharaons commencèrent à se faire construire des complexes funéraires basés sur des pyramides. Il y eut d'abord une phase de découverte des techniques, qui engendra la phase des pyramides à degrés, suivi par les pyramides provinciales, des petites pyramides à degrés. Puis il y eut une phase durant laquelle le pharaon Snéfrou tenta, sans succès, de faire des pyramides à faces lisses avant d'y parvenir, ce qui engendra la période des pyramides géantes.

Bien sûr, cette période ne pouvait pas durer et ce sont des pyramides de taille plus modeste qui suivirent. Nous sommes alors au tout début de la Ve dynastie et il va se passer une sorte de normalisation des complexes funéraires qui vont tous se présenter avec le même type de bâtiments, des rôles identiques et des dimensions à peu près égales. Cette période, plutôt longue, durant laquelle les pharaons se construisirent des pyramides semblables est appelée l'âge d'or des pyramides. Elle sera suivie de la période des pyramides à texte, caractérisée par les textes hiéroglyphiques écrits sur les murs intérieurs.


Une évolution de la société égyptienne

Si la Ve dynastie inaugure une nouvelle ère, architecturalement parlant, c'est parce qu'il y a une évolution notable dans la société égyptienne de l'époque, aussi bien dans les croyances que dans l'administration.

Concernant l'administration, il faut savoir que nous sommes dans une période prospère, avec une bonne extension territoriale. La prospérité appelle la croissance démographique, et la nécessité d'avoir une administration d'autant plus forte qu'elle doit s'exercer dans des lieux retirés, difficiles d'accès pour le pouvoir qui était jusqu'alors très centralisé. Apparaissent donc une nouvelle noblesse qui prend naturellement du pouvoir sur la population qu'elle dirige. Cette régionalisation va engendrer de nouvelles pratiques funéraires propres à ces administrateurs, entre le pouvoir du pharaon et le peuple. De splendides mastabas sont construits pour eux, leurs tombes sont de plus en plus complexes. En comparaison, le complexe funéraire du pharaon, plus modeste que durant les générations précédentes, semble simple. Les deux types de tombes se rapprochent, initiant un sentiment que le pharaon n'est pas aussi puissant qu'il ne l'était auparavant.

La Ve dynastie introduit donc un évènement important, le sentiment que l'autorité du pharaon n'est pas si solide que ça car transmis à travers différentes couches administratives et plus administrée directement. Les provinces, appelées "nomes", développent des nomarques qui prennent peu à peu leurs indépendances, annonçant le futur éclatement de l'ancien empire.


L'uniformisation des pyramides

L'âge d'or des pyramides ainsi que la période suivante, celle des pyramides à texte, voit arriver l'uniformisation de l'architecture de la pyramide royale. Sa forme, sa dimension deviennent standardisées selon des côtes suivantes : Une pyramide de 150 coudées de côté (78,6m) pour une hauteur de 100 coudées (52,4m). Elles sont toutes conçues de la même façon, avec un noyau central de 6 ou 7 degrés recouverts de calcaire fin extrait des carrières de Tourah, un site à l'Est du Caire. Ce revêtement calcaire ayant été retiré au fil du temps pour être réutilisé dans la construction de bâtiments "modernes" pour chaque époque, les pyramides se sont partiellement effondrées, à des degrés divers, ce qui fait qu'on ne dispose pas de nos jours de pyramides complètes de ces périodes.


Les premières pyramides solaires

La première pyramide inaugurant cette nouvelle période est la très connue pyramide de Mykérinos, sur le plateau de Gizeh. On croit souvent que la proximité des trois pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos les inscrit dans une continuité, mais c'est faux. Non seulement ces trois pharaons n'appartiennent pas à la même période architecturale, mais ils ne sont pas grand-père, père et fils. Mykérinos est le premier à faire une pyramide plus petite que les précédentes, mais elle reste dans la logique architecturale des précédentes, avec les mêmes types de bâtiments.

En savoir plus sur la pyramide de Mykérinos.


Le pharaon suivant, Shepseskaf, se fit construire un mastaba et pas une pyramide. On ignore les raisons de ce choix mais sa sépulture ne peut pas entrer dans les pyramides d'Egypte. Son successeur, Khentkaous, était toujours membre de la IVe dynastie. Sa pyramide est quasiment anecdotique en termes de volume : Sur une base de 45m de côté, elle ne mesure que 17m de haut. Ca ne signifie pas qu'elle n'est pas importante, mais sa faible taille et le peu d'information que l'on a sur ce pharaon fait qu'il n'y a pas eu de grandes études de cette pyramide. On compte aussi une autre pyramide, sans que l'on soit sûr de sa chronologie. On l'appelle la Pyramide N°50 de Lepsius car on n'en connait rien, si ce n'est qu'elle a été documentée dans la liste de l'archéologue Lepsius. C'est avec Ouserkaf, le pharaon suivant, que commence vraiment l'époque de l'âge d'or des pyramides.


Ouserkaf et ses successeurs

Ouserkaf est le premier pharaon de la Ve dynastie. Il décide que sa sépulture sera à Saqqarah et y fait construire un complexe funéraire doté d'une pyramide de 50m pour une base de 73m. Il est aussi le premier à faire construire un temple solaire qu'il place à la nécropole d'Abousir. Il sera en cela le précurseur de cette nouvelle façon de prévoir son immortalité et sera suivi par plusieurs pharaons qui eux aussi feront construire un complexe et un temple, à des endroits différents.

Bien sûr, l'intérêt de telles constructions et de mettre en avant la nature divine de la fonction de pharaon. Le temple solaire allait de paire avec le titre de "Fils de Râ" (Râ est le Dieu-Soleil), un titre qui fut initié par Djédéfrê, durant la IVe dynastie. Si cette association entre le Dieu Soleil et le pharaon est nouveau, le culte du Soleil, lui, ne l'était pas. Il est apparu durant la IIe dynastie mais s'est propagé de façon plus prégnante durant la IIIe dynastie. Djéser, qui était le premier pharaon de la IIIe dynastie, avait un complexe solaire équipé de larges autels solaires. De la même façon le pharaon Khéphren, qui fit construire le Sphinx, fit aussi construire un temple solaire. C'est le fameux temple du Sphinx, qui n'est en fait pas lié au Sphinx mais au Soleil. Ainsi donc le Soleil est un élément central de la vie du pharaon, mais durant la Ve dynastie on passe à un niveau supérieur d'association entre le dirigeant égyptien et le Dieu.

Le successeur d'Ouserkaf fut Neferhetepes qui n'est pas spécialement resté dans l'histoire. Sa pyramide était très modeste, elle ne fait que 17m de haut pour une base carrée de 26m de côté. Si elle est anecdotique, ce n'est pas le cas de celle de Sahourê, qui se fit construire une sépulture comparable à celle d'Ouserkaf. Lui aussi se fit construire un temple solaire à Abousir, mais les archéologues n'ont toujours pas trouvé son emplacement. Sa pyramide, elle, montait à 47m pour une base de 79m. Elle est en grande partie effondrée suite à la perte de son revêtement, utilisé au cours du moyen-âge pour d'autres types de construction.

Les successeurs d'Ouserkaf suivirent son idée et se firent enterrer dans un tombeau pyramidal accompagné d'un temple solaire. Toutefois ce ne fut pas une règle intangible, et certains d'entre eux ne reçurent que le tombeau. De plus la plupart de ces tombeaux furent, avec quelques exceptions près (Ouserkaf, Neferhetepes, Menkahouor et Djedkâré Isesi, construits dans la nécropole d'Abousir.

Le successeur d'Ouserkaf fut Neferhetepes. On sait peu de choses sur ce pharaon qui repose sous l'une des plus petites pyramides de l'ancien empire : Seulement 17m pour une base de 26m de côté. Le pharaon suivant, Sahourê fut le premier à inaugurer la nouvelle nécropole d'Abousir. Il s'y fit construire une pyramide accompagnée de son temple haut (le long de la face Est) qui était relié, comme c'était toujours le cas, à un temple bas situé au bout des 235m de chaussée. La pyramide était le fer de lance de son complexe funéraire, elle mesurait 79m de haut initialement mais elle est de nos jours partiellement effondrée, la faute à la récupération des pierres calcaires qui la revêtaient et qui fragilisèrent l'édifice. Le pharaon suivant, Neferikarê, construisit aussi sa pyramide à Abousir, mais il mourut avant la fin de son règne, son complexe ne fut donc jamais terminé. Il manque une partie de la chaussée et la quasi-totalité du temple bas. L'une des particularités de cette sépulture c'est qu'on y a trouvé des papyrus donnant des informations intéressantes sur la vie de la société égyptienne à cette époque, vers le XXIVe siècle avant JC. Le complexe funéraire de Khentkaous II se trouve entre les deux pyramides précédentes, elle n'a été fouillée que dans les années 70. Il faut dire que le site intéressait moins les archéologues que les autres, la pyramide étant presque totalement effondrée et l'ensemble du site ayant quasiment disparu (Il s'agissait d'une petite pyramide, 17m de haut seulement). Khentkaous II était la reine de Neferikarê, elle prit la régence du royaume en attendant la majorité de ces fils qui lui ont succédé.

Son premier fils, Néférefrê est mort très jeune. Son complexe funéraire était à peine entamé, il fallut construire en urgence un mastaba sur la base des fondations de sa pyramide, qui était à peine commencé. La chaussée et le temple bas n'était même pas commencés. Quand son frère Niouserrê prit le trône il se fit bâtir son complexe funéraire à côté de ceux de son frère et de ses parents, à Abousir. Il régna 30 ans, ce qui lui permit non seulement de terminer sa sépulture, mais aussi de terminer celles de ses ascendants. L'ensemble de la nécropole d'Abousir reçut à ce moment une grande activité, car non seulement on fit terminer ces chantiers, mais on en entama d'autres, avec la construction de cimetières de dignitaires qui y firent construirent des mastabas de toute beauté, mais il y a aussi là-bas des cimetières plus simples destinés aux ouvriers, aux artisans. Niousserê fut un pharaon bâtisseur, on lui doit aussi un temple à Abou Ghorah. Il fut le dernier à faire construire son tombeau à Abousir.

Le pharaon suivant fut Djedkarê-Isesi, il choisit de revenir à Saqqarah pour sa vie dans l'au-delà, près de la pyramide de Chepseskaf. Il reste quelques vestiges de sa pyramide dont le temple bas et une partie de la chaussée sont prises sous l'agglomération moderne.



Voir aussi :

Toutes les différentes sortes de pyramides

Les biographies





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