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La vie des empereurs


Depuis la construction de la cité interdite en 1420 les empereurs étaient installés dans la cour intérieure de ce palais. Bien à l'abri des risques de la ville les empereurs étaient aussi des prisonniers du palais, prisonniers au sens où le protocole ne pouvait pas leurs permettre d'en sortir, les usages non plus d'ailleurs. Cette vie cloîtrée, peu de personnes l'auraient voulues, au final, mais ces empereurs l'ont eu... bien malgré eux.


Gouverner

C'est à priori le grand rôle de l'Empereur, mais en réalité, il ne règnait pas tant que ça. Bien sûr ça dépend des périodes et des caractères, certains dirigeants étaient plus fermes que d'autres et l'histoire a amené son lot de tourments, mais en pratique un empereur règnait mais ne gouvernait pas. Le gouvernement était une charge des six Ministères que l'on nommait "Liu bu", mais aussi au Conseil privé de l'empereur et au Conseil d'État (à partir de 1729). La bureaucratie était importante dans la Chine féodale, ce qui rajoutait de nombreuses couches administratives dans l'organisation du pays. De plus, au sein même de la cité interdite le groupe des eunuques représentait une force dirigeante redoutable, capable de s'opposer aux ministres eux-mêmes.

A la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe les eunuques furent à l'apogée de leurs gloires, leurs puissances allaient jusqu'à influencer les décisions internationales et limitant les expéditions à l'étranger ou, au contraire, en favorisant les échanges avec un peuple donné. Ce pouvoir fut réduit sous la dernière dynastie.


Mandat divin

Contrairement à d'autres civilisations les Chinois n'ont jamais cru à l'essence divine de leurs dirigeants, du moins pas directement. Alors que le roi-Soleil, Louis XIV, se prétendait descendant de Dieu et que les égyptiens antiques voyaient en leur roi (qu'on nomme pharaon) un descendant du dieu-Soleil, les Chinois savent que leurs empereurs est un simple homme, mais qui a reçu un mandat du Ciel pour les diriger. Le ciel, c'était la principale divinité du panthéon chinois, et ça depuis l'Antiquité aussi était-il appelé "Fils du Ciel". (Tianzi en chinois).

L'empereur avait donc le droit de diriger le pays au nom du Ciel, il avait un "mandat céleste" (Tianming en chinois). L'expression populaire voulait que si le comportement de l'empereur était incompatible avec sa charge, le Ciel récupérait son mandat et le donner à un autre homme. En pratique, sur Terre, on appelle ça un changement de dynastie. Mais pour le peuple, ce nouvel empereur était tout aussi légitime que le précédent.

Bien sûr, c'était une idée générale, mais en fonction des moments de l'histoire de la Chine, la population pouvait très bien rejeter le nouveau dirigeant.


La vie conjugale

Le schéma traditionnel de la famille impériale n'est pas différent de celui de tous les Chinois durant la féodalité. Ce qui le caractérise c'est la polygamie, une pratique largement répandue des contrées paysannes aux ors du palais impérial. Ainsi les empereurs avaient-ils une première épouse qui était l'impératrice, on peut l'appeler l'épouse officielle, et une ou plusieurs concubines (les épouses "secondaires"). L'impératrice était nommée "Huang hou" et les concubines les "fei".

L'impératrice avait un rôle important dans la vie de la cité interdite, et en fonction de sa relation avec son mari elle pouvait prendre l'ascendant et obtenir des responsabilités dans la gestion de l'empire qu'elle n'aurait pas dû avoir. Ce rôle était alors décuplé si l'empereur venait à mourir, et elle obtenait généralement la régence de l'Empire. De même le choix d'une concubine était primordial, il devait suivre un certain protocole. Ainsi durant la dynastie Qing les épouses étaient choisies dans la noblesse mandchoue, le territoire d'origine de la dynastie.

Le nombre de concubines n'était pas limité, généralement il allait d'une dizaine à une centaine de femmes. Entre 1662 et 1723 l'empereur Kangxi eut 20 filles et 35 garçons, un record. Par ailleurs et comme dans d'autres civilisations le personnel de la cité interdite était essentiellement des eunuques.


Rites d'amour

Que se soit avec une concubine ou avec l'impératrice, l'acte sexuel de l'empereur devait suivre un certain rituel. Cette codification avait pour but de consigner les relations intimes dans le but de légitimer les éventuels héritiers. Ainsi, une fois l'acte consommé l'empereur devait marquer une petite toux, celle-ci était captée par un eunuque qui se tenait près de la fenêtre de la chambre. C'était le signal pour qu'il marque sur ses tablettes la date de l'acte.

Quand l'impératrice était dans la couche de l'empereur le protocole était allégé mais si il s'agissait d'une concubine, l'empereur devait faire son choix à travers la présentation de leurs noms sur des petites plaques, à la fin du repas vespéral. L'heureuse élu - si l'on veut - était alors convoquée, lavée, parfumée et emmenée au lit impérial. Curiosité, quand un des deux amants étaient présents dans le lit, l'entrée et la sortie de l'autre se faisait par le bas du lit, sous les couvertures.


Les empereurs et les arts

La civilisation chinoise est l'une des plus précoce au monde, elle partage cet état de fait avec, par exemple, l'Egypte antique ou les civilisations mésopotamiennes. Mais ce qui la caractérise particulièrement c'est sa capacité à découvrir des techniques, des matériaux, que l'on ne découvre en Europe que bien plus tard. LEs Chinois ont ainsi découvert le papier, la poudre, les feux d'artifice, la réflexologie, l'imprimerie, etc.

Ca a sans doute un rapport avec le fait que ce peuple s'est tourné rapidement vers les arts, les Chinois découvrant l'art de peindre, d'écrire, de composer de la musique. L'empereur étant considéré comme un être parfait il devait s'y connaître dans tous ces arts, mais d'après les historiens le rôle de dépositaire de l'esprit artistique de son peuple n'avait pas besoin d'être contraint : Les empereurs chinois étaient, dans leurs larges majorités, des personnes lettrées, amoureux des belles lettres et artistes-peintres à leurs heures.

Dans la cité interdite plusieurs pavillons étaient consacrés à l'art. Par exemple c'est dans le pavillon de la Prouesse militaire, dans la partie occidentale des annexes extérieures, qu'étaient imprimées les oeuvres littéraires et poétiques. Ces oeuvres étaient souvent sans grande valeur, mais on note quand même les très bonnes poésies de Qianlong, l'un des souverains ayant vécu dans ce palais. Quelques-unes d'entre elles y sont d'ailleurs conservées.

Les empereurs collectionnèrent les oeuvres d'art, chaque empereur ajoutant des oeuvres à celles de son prédécesseur. Ainsi fut constitué une grande collection qui fut scindée par la suite : Une partie fut emportée au musée du palais, à Formose (A Taïwan) lors de la fuite des républicains chinois, une autre à été volé lors de la révolte des Boxers. Mais il reste suffisamment de pièces dans la cité interdite pour justifier de son appellation de "musée du palais", comme disent les Chinois.


La bibliothèque de Qianlong

Le Belvédère de la profondeur littéraire, dans les annexes orientales, abritait la bibliothèque de Qianlong ("Siku", en chinois). Elle contenait plus de dix mille ouvrages répartis, selon l'ancienne classification des livres chinoise, en quatre dépôts ou quatre sections : oeuvres classiques, historiques, philosophiques et littérature variée. Qianlong fit éditer des textes confucéens, des récits historiques, etc.

Afin de propager le savoir Qianlong fit exécuter des copies de sa bibliothèque, et il fit écrire un catalogue de ses ouvrages qu'il fit publier au plus grand nombre. Il y en eut 6, réparties ainsi :

  • Au "Yuanmingyuan", l'ancien palais d'Été de Pékin. Il fut détruit par le corps expéditionnaire franco-anglais en 1860
  • Au Jehol, l'actuelle Chengde, à l'époque résidence d'été de la Cour
  • A Moukden, actuellement la ville de Shenyang, berceau de la dynastie mandchoue
  • Les trois autres furent éparpillées dans diverses villes

De nos jours une grande partie de ces livres sont consultables à la Bibliothèque nationale de Pékin.


L'oeuvre de Kangxi

L'empereur Kangxi fut aussi un grand protecteur des arts. C'est sur ces ordres que furent compilées de nombreux textes explicatifs dans un livre unique qui contenait la bagatelle de 49 000 caractères chinois, on le considère comme le plus grand dictionnaire de l'époque au monde. Cet ouvrage est nommé d'après son promoteur, le "Kangxi zidian".

Il fut imprimé pour la première fois en 1716. En 1725 un autre ouvrage fut publié, le "Gujin tushu jicheng". Il s'agissait de la plus grande encyclopédie chinoise illustrée.


Voir aussi :

Découvrir la cité interdite

Architecture la cité interdite







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