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Visiter Pékin


Envie de venir à Pékin visiter la capitale chinoise ? Très bonne idée ! Voici ci-dessous le texte un brin poétique d'un visiteur s'étant promené dans la cité de l'Empire du Milieu de nombreux jours, et ayant réussi à faire quelques rencontres particulièrement authentiques. Si vous allez sur place l'idéal est de pouvoir reproduire - ou au moins tenter de reproduire - une partie de son séjour, vous y découvrirez de bien beaux personnages.

Pékin de nos jours

Pékin de nos jours


Une circulation frénétique et des building de verre fumé, des avenues immenses tirées au cordeau et des rues en damier, des jeunes gens pressés en costume occidental, des McDo et des nuées de taxis jaunes, des ados chahuteurs, T-Shirt Nike et dernier portable à la main, des 4x4 rutilants tout en chrome, des jolies filles au maquillage et au regard insolent... New-York, évidemment ? Et bien non, Pékin.

L'arrivée dans la vieille capitale de l'Empire du milieu est plus qu'une surprise, c'est un vrai choc. On rêvait de pagodes et de Cité interdite, de venelles grouillantes, de murailles crenelées, de palais, de temples... Et après avoir traversé des banlieues grises, emprumté des autoroutes bordées d'HLM, on se croit par moment dans une sorte de quartier de la Défense, à Paris, version tiers-mondiste.

Cette arrivée ne peut être qu'une déception, mais rassurez-vous, elle ne durera pas. Dès votre première flannerie dans la ville, ça y est, vous êtes étourdi, enchanté, bousculé, enivré, ravi. Oubliés, les immeubles moches, les avenues trop larges. Il suffit de prendre, tantôt à droite, tantôt à gauche, la première rue bordée d'acacias et de marcher au hasard. Tout est spectacle à Pékin, et on ne s'en asse pas. On voulait, dès la première heure, courir au temple de Confucius, à l'autel de la Terre, à la Cité interdite et au Mausolée de Mao, et voilà qu'on découvre qu'il n'y a plus d'urgence, et que la rue, la foule, ça vaut tous les monuments. Un vieil homme se promène en balançantà bout de bras une cage à oiseau, des coiffeurs installés sur le trottoir font claquer leurs ciseaux, un masseur attend le chaland en roupillant sur son fond de commerce, un lit de camp déplié sur l'herbe d'un tout petit jardin, un cordonnier tient boutique à l'ombre d'un saule-pleureur, on client en chaussettes attendant calmement le dernier clou dans la semelle, des cyclo-pousse slaloment entre les voitures, les camions et les bus, leurs plateaux invariablement chargés de ballots, de caisses, de fruits ou de légumes, à moins qu'il ne s'agisse d'une famille entière que le père promène à la force du mollet. On s'étonne que les fourmis transportent cent fois leurs poids : Donnez trois roues à un chinois, il vous déplace la Grande Muraille. Partout il y a des boutiques, des échoppes, des marchés de plein vent, des marchants ambulants qui vous proposent tout et n'importe quoi, des jouets en plastique, des piles électriques ou des brochettes de jujubes enrobés de sucre. Il y a aussi des gargottes qui ne semblent jamais désemplir, comme si l'activité essentielle des Pékinois consistait à avaler du matin au soir des bols de nouilles, des crevettes frites ou des raviolis. Derrière la vitrine d'un restaurant on voit parfois un vivarium grouillant de serpents et de crapauds.

A chaque grand carrefour des policiers perchés sur des podiums tentent de maîtriser le flux toujours plus important de voitures, de tricycles, et même de voitures à bras qui circulent à tout bout de champs.

Il n'y a pas plus badaud que le pékinois. certes ça fait longtemps que la présence des "long-nez" (comme ils appellent les occidentaux) n'étonnent plus personnes, mais gare si il doit y avoir un contentieux avec un local : Immédiatement c'est une foule impressionnante qui s'agglutine, s'esclaffe, rigole... Non, les Chinois ne sont pas placides, il suffit de les voir s'agiter dans ses conditions pour en être sûr.

L'important, c'est de s'enrichir

Cette maxime vient du petit timonier, l'initiateur de la Chine nouvelle, Deng Xiaoping. Son successeur accélèrera le rythme des réformes capitalistes dans un pays toujours communiste. Ce message sur l'économie a été reçu 5 sur 5. Le temps de la révolution culturelle, de son austérité moralisatrice est de son refus du péché est révolu. Dans les grandes avenues commerçantes - Wanfujing, Xidanbei ou Dongdanbei - la foule chargée de sac et de paquets et chaque jour aussi dense que celle du boulevard Hausmann une veille de Noël. Il y a 40 ans le rêve était de posséder les 3 ronds : Vélo, machine à coudre et montre. Aujourd'hui les Galeries Lafayette ont pignon sur rue tandis que les empereurs du luxe, Gucci, Viutton, Armani ou Yves St Laurent déroulent leurs rayons dans les magasins chics. Et ne croyez pas que leur clientèle est exclusivement occidentale ou japonaise. Certes, Pékin n'est pas encore un El Dorado, mais la proportion des habitants pouvant se payer une voiture est de plus en plus forte. Et on sait que lorsqu'une classe moyenne se créé dans un pays, la classe supérieure grandit également. D'où le luxe ostensiblement étalé aux visages des visiteurs, dans les quartiers commerçants et d'affaires. C'est pourquoi, après avoir contemplé la vitrine, il faut entrer dans les arrières-boutiques de la villes et découvrir les Hutongs, tant qu'il en reste encore.

Vous aviez rêvé de la Chine éternelle. Les hutongs, du côté du parc Beihai, de la tour du Tambour et de la porte Qianmen ont échappé à la pioche, du moins pour peu de temps encore. Ils sont le coeur battant de la ville. Ce sont ces antiques quartiers de maisons traditionnellement grises et basses (dont les toits ne devaient jamais dépasser ceux de la Cité interdite) que les pékinois continuent d'habiter. Ils y sont comme si la folie des avenues alentours n'existaient pas, comme si la modernisation de la ville ne les concernaient pas. Avec son atmosphère de village les ruelles étroites et pavées sont bordées de vieilles dames assises à l'ombre d'un mur, des visages de pommes ridées aux sourires édentés. A notre arrivée, elles s'arrêtent de parler pour glousser gentiment avant de reprendre leurs conversations dans notre dos. Deux hommes accroupis s'affrontent en silence sur une feuille de papier sur laquelle on a tracé un damier. Un marchand de kakis, arc-bouté entre les montants de sa charrette à bras, pousse sa mélopée devant chaque seuil. Un san lou tche zigzague entre les nids de poule. Debout sur les pédales c'est peut-être un ancien grade rouge reconverti dans le politiquement correct de l'entreprise privé qui véhicule son chargement humain. Derrière les murs aveugles des maisons la seule porte, bien que souvent ouverte, ne laisse rien deviner de l'intérieur car un mur-écran fait autant barrage aux regards qu'aux mauvais esprits, qui, parait-il, ne savent se dépalcer qu'en ligne droite. N'hésitez pas à entrer, une demande par geste et un sourire suffisent la plupart du temps et puisque vous êtes plus malin qu'un esprit vous contournerez le mur-écran. Vous découvrirez alors un dédale de cours - ou du moins ce qu'il en reste - encombrés par une invraissemblable pagaille : vélos, tas de charbon, tôles, braséros, jarres, outils, paniers, etc. Parfois un arbre ou un petit massif de fleurs ont survécu, on ne sait trop comment.

Vous vous êtes gorgé de foules et de rues. Progressivement de spectateur d'un immense théâtre de 15 millions de figurants vous vous êtes sentis devenir acteurs. Il est donc temps d'appréhender le morceau de bravoure de la vie pékinoise : les temples et les palais, les pagodes et les mosquées, les tombeaux Ming, les palais d'été, la Grande Muraille, la Cité interdite, la place Tian-an-Men. De toute façon la foule ne vous quittera jamais. En tout lieu, à toute heure, vous aurez l'impression que la moitié des 800 000 000 de Chinois vous accompagnent. Sur chaque site se trouvent de nombreux écoliers en uniforme. visiblement le passé impérial de la Chine est revenu à l'honneur dans les programme scolaire.

Pékin de nos jours

Pékin de nos jours

"Autant d'enfants, autant d'empereur", dit-on ici. Depuis la mise en place de l'enfant unique ils sont adorés, adulés, choyés. Revers de la médaille, le cocooning excessif des Chinois a créé une génération d'assistée, des adultes ayant grandi dans l'idée d'être les plus importants du monde. Le taux d'obésité à explosé, preuve d'une alimentation-plaisir que les générations précédentes ne connaissaient pas. C'est un vrai changement culturel et social dans un pays où, jusqu'à l'époque moderne, la cellule familiale était basée sur le respect sans limite du vieillard.

Sans doute irez-vous flâner souvent place Tian-an-Men où chaque jour une queue interminable patiente devant le mausolée de Mao. Malgré le triomphe de l'économie de marché, les millions de mort du grand bond en avant, les famines et les massacres de la révolution culturelle, le Grand Timonier reste le héros de tous les Chinois. Sur cette place, on trouve un peu de tout : Cerfs-volants, marchands ambulants, massifs de fleurs, foule agitée, etc. Mais être sur la place la plus grande du monde renvoi immédiatement aux chars de l'armée mettant fin à la contestation étudiante que l'on a appelée le Printemps Chinois. Au Nord se trouve la Cité interdite. Vous franhirez ses portes probablement plusieurs fois. Murs rouges, tuiles "jaune impérial", grâce infinie des pavillons et des jardins, brûle-parfum géant de bronze... Qu'importe la foule épaisse aux cent nationalités, dans cette immensité étrange et majestueuse vous serez seul avec vos rêves à traquer dans le dédale des couloirs les fantômes des eunuques, des concubines recluses et du dernier Empereur. Les chinois plaçaient là le centre du Monde. Pourquoi pas, après tout ? On ressent dans ces lieux une telle force mystérieuse que ça pourrait être le cas. Peut-être irez vous canoter sur le lac du parc Baihai et admirer les mariés qui viennent ici par dizaine en cyclo-pousse se faire photographier devant le bassin des lotus, robes bariolées à frous-frouset visage de poupée peinte pour elle, jaquette rouge vif ou bleue roi pour lui. Vous irez méditer dans la paix irréelle du Temple de Confucius ou vous eniver des odeurs de l'encens et du rythme sourd des gongs au temple des Lamas, tandis que glissent sous les portiques les robes brunes ou safran des moines.

Vous aimerez déambulerNiu Jie - le rue du Boeuf - coeur du quartier où se rassemble la majorité des 200 000 musulmans de Pékin. "Salam aleikoum" entend-on... et les sourires apparaissent sur les visages et l'on vous invite à manger des brochettes de mouton et des gateaux au sésame tandis que retentit l'appel de la prière dans la mosquée. A moins que vous ne vous méliez à la foule, incroyablement dense, qui se presse à la messe de 11h à la cathédrale. Bon, il ne faut pas exagérer, pour faire carrière dans l'administration chinoise il vaut mieux être membre du parti communiste que catholique, musulman ou boudhiste. Mais au moins les religion ont retrouvé droit de cité. Apparence de liberté de pensée ? Peut-être, mais l'histoire maintenant longue de la transformation de l'économie chinoise nous prouve que ce n'est pas un feu de paille, les religions sont à nouveau bien admise dans la société.

Pékin-village, Pékin-jardins, Pékin des temples, Pékin des parcs, Pékin des marchés, des Hutongs, des oiseaux chanteurs et des retraités danseurs de tango. Oui, décidément on les oublie vite les immeubles de banlieues, les HLM tristes et les avenues trop larges. Avenue de la Paix éternelle, avenue de la Pureté céleste, jardins des Plaisirs Harmonieux, Porte de la Fierté divine, temples du Ciel, de la Terre et de la Lu,e, ce Pékin-là poétique et millénaire survivra de la folie urbaine n'en doutons pas.



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Visiter la cité interdite

Histoire de la cité interdite





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