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Histoire de la tour de Londres


La tour de Londres est l'une des pièces historiques les plus importantes de la capitale britannique. Fondée par Guillaume le Conquérant en 1066, la forteresse fut une pièce maîtresse dans le contrôle de la ville et par là-même dans celui de toute l'Angleterre. Elle fut reconstruite ultérieurement en pierre (elle l'était initialement en bois), puis subit deux campagnes d'amélioration avant de ne plus être modifiée (ou presque), ce qui explique que l'histoire nous l'ai légué telle qu'elle.

Tour de Londres

Tour de Londres

La suite de ce document détaille son histoire.


L'origine de la tour de Londres (1066-1087)

La tour de Londres fut construite par Guillaume le Conquérant, duc de Normandie (1027-1087). C'est à l'âge de 8 ans qu'il prit ce titre, à la mort de son père. Il profita de la crise de succession en Angleterre pour traverser la manche et gagner la célèbre bataille d'Hastings (14 octobre 1066), ce qui lui ouvre les portes de l'Angleterre. Il conquiert tour à tour l'ensemble des villes du Sud avant de faire capituler Londres, principale ville et siège du pouvoir saxon. Il se lança alors dans la construction d'un grand nombre de châteaux-forts dans toute l'Angleterre, et prit soin de celui de Londres, sensé être suffisament impressionnant pour provoquer la peur chez les habitants.

Il choisit de le construire à l'angle Sud-Est des anciennes fortifications romaines, des murailles désormais inadaptées à la défense de la ville. Sa position au Nord de la Tamise, en bordure, lui permettait d'avoir une meilleure défense tout en contrôlant le trafic fluvial. De ce château, l'histoire retient qu'il s'agissait d'un donjon, le premier construit en Angleterre, entièrement en bois comme ils se faisaient à l'époque. Son aspect aurait été impressionnant, effectivement. Il aurait été entouré d'un fossé et d'une palissade en bois afin de le protéger, palissade qui courait sur les côté Nord et Est, le Sud étant protégé par le fleuve et l'Ouest par l'ancien mur romain.

A l'époque ce donjon était le plus important de Londres, mais ce n'était pas le seul. Deux autres châteaux furent construits : le château de Montfichet et celui de Baynard. Pendant toute la période allant de la victoire d'Hasting à la mort de Guillaume de Conquérant, toute l'Angleterre se couvre de forteresses. Les médiévistes indiquent que cette période fut la plus prolifique en constructions défensives de toute l'Europe féodale, un peu partout des donjons apparaissent, des châteaux furent construits. Le roi confia la plupart de ces forteresses a un proche, Geoffroy de Mandeville, un membre d'une famille de la ville de Manneville (actuellement une commune de Seine-Maritime). Cette charge étant héréditaire, ses héritiers bénéficieront de cet important contrôle sur les places-fortes d'Angleterre, ce qui les rendra extrêmement puissant.

Maquette au XIe siècle

Maquette au XIe siècle

Guillaume le Conquérant se fit proclamer roi d'Angleterre le 14 octobre 1066 et couronner le 25 décembre de cette même année. A sa mort en 1087 il lèguera à son fils ainé son royaume et à son second le duché de Normandie, le troisième succédant au premier quelques années plus tard.

Mais c'est encore sous le règne de Guillaume le Conquérant que fut entreprise la première des rénovations du donjon : Sa reconstruction en pierre. C'est en effet à la fin du XIe siècle que les châteaux initiaux furent reconstruits en pierre (pour la plupart), les techniques de construction ayant suffisament progressé pour pouvoir être utilisées. A la mort du roi le donjon, commencé en 1078, n'était toujours pas terminé.


Les premières transformations (1087-1191)

A la mort de Guillaume le Conquérant c'est son fils Guillaume II dit "le Roux" qui pris sa succession (1087-1100). Son règne sera marqué par la lutte qui l'opposera à son frère le duc de Normandie. Il parviendra à réunir le duché sous son contrôle mais il mourra trop tôt pour jouir de son nouveau pouvoir. En ce qui concerne la tour de Londres son règne est marqué par la fin de la construction du donjon en pierre qui prit alors le nom de tour blanche, en référence à la clarté des pierres utilisées.

Du coup le château en pierre était d'une force défensive largement supérieure à ce qu'elle était précédemment : Beaucoup plus solide, elle bénéficiait aussi des protections en bois sur les terrains alentours, côtés Nord et Est. Ces protections furent rasées et remplacées par des murs en pierre qui prolongeaient le mur romain, toujours en place.

Le successeur de Guillaume II fut son jeune frère Henry Ier (1100-1135) Il étendit son pouvoir mais n'eut pas spécialement d'actions spéciales autour de la tour de Londres. L'organisation des pouvoirs fut rectifiée au fil des années. Ainsi le connétable était la personne en charge de l'entretien de la place forte, charge à lui de la maintenir en état de combat. Cette charge allait de paire avec celle du contrôle de la ville elle-même, en particulier celle du paiement des taxes, ce qui explique pourquoi celui qui detenait le pouvoir sur la forteresse disposait d'un pouvoir énorme. Ce pouvoir fut partiellement conquit par le poste de lord-maire de Londres créé en 1191, ce qui engendrera des heurts entre le titulaire de ce poste et le connétable de Londres.

Le connétable de Guillaume le Conquérant était Geoffroy de Mandeville. A sa mort en 1100 cette charge incomba donc à son fils, puisque la charge était héréditaire, Guillaume 1er. Celui-ci perdit une partie de son pouvoir en laissant échapper le premier prisonnier de la tour de Londres, mais à sa mort en 1116 son fils pu récupéré le titre de connétable de Londres.

En 1135 le roi Henry Ier meurt. Commence alors une guerre de succession entre Mathilde l'Emperesse sa fille, héritière désignée, et Etienne de Blois, un cousin de sa mère qui s'auto-proclama roi d'Angleterre. C'est son nom qui est retenu dans l'histoire canonique de l'Angleterre (roi de 1135 à 1141), mais son règne fut sans éclats ni initiatives particulières. Il fut capturé à la vataille de Lincoln en 1141 ce qui permit à Henry II, fils de Mathilde, de monter sur le trône promis à sa mère. Il fut remplacé par le célèbre Richard Ier, dit Richard Coeur-de-Lion (roi de 1189-1199)

Pendant toute cette période la tour de Londres ne subit aucune modification, il s'agissait toujours d'un donjon, la tour blanche, protégée par un mur en pierre et la Tamise. La tour blanche était large et haute, elle contenait les appartements du roi ainsi que les salles à but purement militaire. Cet immobilisme va changer avec la montée sur le trône de ce roi.


Baptême du feu

C'est sous le règne de Richard Coeur-de-Lion que va commencer la première vague de modifications de la tour de Londres. Elle fut initiée par William Longchamp, un proche du roi qui avait pour tache de gérer l'Angleterre lors de l'absence du roi, ce qui arriva lors de la 3e croisade (1189-1192). Tache immense bien sûr, et que l'on peut nommer une régence.

C'est lui qui dépensa une partie du trésor royal pour financer la modernisation des nombreuses forteresses d'Angleterre, à commencer par la tour de Londres, pièce maîtresse dans le pays. Il fit creuser des douves autour du mur d'enceinte et améliora le système de défense dans sa globalité. Etant également connétable de la tour (la famille de Mandeville s'était éteinte entre-temps), il fut assiégé par Jean d'Angleterre le frère de Richard Coeur-de-Lion, désireux de prendre le pouvoir en l'absence du roi. C'était le premier siège de la tour de Londres, et ce fut un échec non pas à cause des éventuelles défaillances du système défensif mais pour des raisons politiques, William Longchamp préférant se rendre au bout de trois jours seulement.

La prise de la tour de Londres est corrolaire à celle de la ville de Londres, la principale ville et siège du pouvoir. Elle l'est aussi de l'Angleterre tout entière. Jean sans Terre, comme on l'appelle de nos jours, monte donc sur le trône. Il y restera jusqu'en 1216 après une série de révoltes des barons qui n'acceptaient pas son pouvoir. Durant cette période de guerre la tour de Londres sous sous le pouvoir de Robert Fitzwalter, chef des révoltés. En 1216 le fils de Jean prit le pouvoir (Henry III, 1216-1272), suivi d'Edouard 1er (1272-1307). C'est durant cette période que la tour de Londres fut la plus modifiée.


Les modifications du XIIIe siècle

Première transformation, sous Henry III

Au début du XIIIe siècle un contentieux existait entre le roi Henry III et ses barons. Le roi fit donc faire d'importants travaux à la tour de Londres pour augmenter les défenses et améliorer le cadre de vie. Ils durèrent plusieurs décennies, jusqu'au règne d'Edouard 1er.

Ils consistèrent en la construction d'un rempart plus solide. Il s'étendait sur les 3 côtés non protégés par la Tamise, à l'Ouest, au Nord et à l'Est. Plusieurs tours défensives furent construites tout le long de ce rempart, et un chemin de ronde en faisait le tour. Du coup, la forteresse passait au-delà de la vieille limite romaine, il s'étendait sur les terrains plus à l'Est. Henry III fit également construire des fossés tout autour de cette enceinte.

La tour de Londres n'était pas, à cette époque, qu'une forteresse militaire, c'était aussi le lieu de résidence du roi. Mais ce dernier possédait de nombreux endroits où vivre, il n'était donc pas physiquement présent en permanence à la tour. Il y organisa à deux reprise une séance parlementaire réunissant les barons, au moment où ceux-ci s'agitaient. Leurs pouvoirs étaient importants et sans leurs soutiens, le roi ne pouvait pas grand chose. Or Henry III fut contraint en 1258, sur leurs demandes, d'abandonner le contrôle de la tour de Londres, ce qu'il admit. Toutefois en 1261 il y retourna et profita de sa position de force pour reprendre en main son pays avec l'aide de forces extérieures. Durant cet épisode la tour de Londres subit son troisième siège, qu'elle remporta.


Second transformation, sous Edouard Ier

Sous Edouard Ier (1272-1307) la tour de Londres reçu à nouveau des modifications, les dernières de son histoire (du moins pour les plus importantes) Il commença par combler les douves creusées par son prédécesseur et fit construire un second rempart à l'avant du rempart existant. Plus lourd, plus massif, il formait une double-fortification sensée être imprenable. L'entrée fut également améliorée, avec la construction de ponts-levis, d'une barbacane, et de tours de contrôle du passage bien plus massive que précédemment. De nouveaux fossés furent également creusés, deux moulins à eau construits et un puits creusé. C'est également de cette époque que date la tour Beauchamp, destinée à remplacer l'ancien corps de garde détruit peu après sa construction, sous Henry III.

Ces modifications se retrouvent de nos jours dans le bâtiment tel qu'on le connait. On y voit la double fortification et la douve, la barbacane, la porte des traîtres, etc. C'est la preuve que la tour de Londres n'a que peu évolué, architecturalement parlant, depuis le début du XIVe siècle. Parmi les bâtiments qui ont été détruits depuis cette époque, citons quand même les principaux éléments du palais royal.


Le palais royal

Lorsqu'Edouard Ier fit modifier la tour de Londres il s'attela à créer un vrai palais, c'est à dire un lieu de vie pour la famille royale qui va bien au-delà de l'ancienne forteresse, si on parle de confort. Il créa donc un bâtiment principal, qui était une grande salle richement décorée qui communiquait avec la tour Lanthorn d'un côté et la tour Wakefield de l'autre, via une petite salle. La tour Saint-Thomas, qui date également de cette époque, était une partie de ce palais.

L'ensemble de ces bâtiments à usage de la famille royale avait des murs intérieurs peints. Ils étaient tous dotés d'une cheminée et de nombreux meubles. De nos jours, lorsqu'on visite ces tours, on peut voir des reconstitutions de l'ntérieur de cette époque : Lits à baldaquin, coffres, tables, etc. Les volets sont peints avec un symbole royal, des lions d'Angleterre.

Voici ci-dessous une maquette de la tour de Londres datant de la fin du XVIe siècle, ainsi qu'un plan d'un guide datant de la fin du XIXe donnant le plan en 1597.


Maquette au XVIe siècle

Maquette au XVIe siècle

Plan du XVIe siècle

Plan du XVIe siècle

En regardant ces plans de près on est surpris par la profusion de bâtiments qu'il y avait autour de la tour blanche. Côté Sud et Est des bâtiments sont accolés au donjon. Le mur de l'ancienne enceinte existait, avec la porte Coldharbour pour contrôler l'entrée dans la cour intérieure qui était fermée côté Est par une galerie, la galerie de la Reine, ainsi que par divers bâtiments royaux. Les bâtiments accolés au donjon côté Sud étaient la galerie de la garde-robe, et ceux côté Est étaient les bâtiments de la garde-robe proprement dit. Ces bâtiments contenaient les objets appartenant au roi, comme les tenues, mais aussi le trésor, les objets usuels, etc. Cette garde-robe était le point de départ d'organisation plus importante qui sera en charge de la gestion du domaine royal, lorsque le pays s'organisera en nation.

La tour de Londres restera de nombreuses années ainsi, avec une cour intérieure restreinte qui sera détruite en même temps que la porte Coldharbour.


L'époque médiévale tardive

L'évènement principal du règne d'Édouard II (1307–1327) en ce qui concerne la tour de Londres est la création de la "Privy Wardrobe". Il s'agit d'une institution en charge de l'organisation militaire de l'Angleterre. Son siège était à la tour de Londres.

Sous Edouard III (1327-1377) le château était devenu plutôt inconfortable. Le roi fit donc faire quelques travaux pour améliorer la vie sur place, mais il ne s'agissait pas de grands travaux d'infrastructures, juste des menus améliorations.


Un refuge

La tour de Londres subit son 4e siège en 1381, sous son successeur Richard II. Il s'agissait d'une révolte paysanne d'importance, un épisode de l'histoire de l'Angleterre, un épisode qui voit la révolte de la classe paysanne prendre les armes et marcher sur Londres. Or, à cette époque, l'armée anglaise est essentiellement en France (Nous sommes en pleine guerre de 100 ans) ou dans le Nord du pays, la capitale est donc très mal protégée. Richard II se protège à la tour de Londres, mais les paysans parviennent à y pénétrer et tuent le lord chancelier et le lord trésorier. De nombreux membres de l'autorité royale sont tués dans Londres, et le roi lui-même est obligé de prendre un certain nombre de décisions en faveur de l'abandon du servage. Cette négociation se déroule, bien entendue, dans la salle principale de la tour blanche.

Une seconde révolte eut lieu six ans plus tard. Elle obligea Richard II à passer Noël dans la sécurité de la tour de Londres plutôt que dans le confort de son château de Windsor. Par la suite son rôle de refuge fut utilisé à de nombreuses reprises. En fait, dès qu'un roi, voire une personnalité importante était menacée, c'est à la tour de Londres qu'il se réfugiait. Réputé imprenable, cette forteresse disposait toujours d'un système défensif efficace, bien que vieillissant. Les deux rôles de prison et de refuge étaient ceux qui identifiaient la tour de Londres, entre les XVe et XVIIe siècle.


La guerre des deux-roses

Entre 1455 et 1485 eut lieu, en Angleterre, la guerre des deux-roses. Il s'agit d'une guerre civile entre deux branches de la famille royale issues du roi Edouard III qui prétendaient toutes les deux au trône. D'un côté, il y avait le duc de Lancaster, de l'autre le duc d'York. La guerre prit fin avec la défaite militaire de la maison d'York. Le duc de Lancaster, un Tudor prit alors le pouvoir en Angleterre et fonda la dynastie des Tudor. Cet épisode a une conséquence sur la tour de Londres, puisqu'elle était sous le contrôle des forces de Lancaster et dut subir un 5e siège par les troupes d'York en 1460. La tour se rendit suite à la capture d'Henry VI, un roi éphémère qui sera tué dans la tour Wakefield quelques temps plus tard.


En 1483 le roi Edouard IV décède, mais son fils ainé, Edouard V, est trop jeune pour régner. C'est le frère d'Edouard IV qui se fit proclamer roi sous le nom de Richard III. Les deux enfants disparurent mystérieusement durant l'été 1483, et tout porte à croire qu'ils furent assassinés sous les ordres de Richard III. Cet épisode sinistre semble un fait réel car lors de travaux faits en 1674 sur le corps de garde ont permis de trouver leurs os, caché derrière de la maçonnerie. Cette disparition eut lieu dans la tour sanglante.


XVIe et XVIIe siècle, le déclin

C'est au début du XVe siècle que la tour de Londres commença a ne plus être utilisé en tant que résidence royale. Sa fonction de place-forte se fit alors plus importante, elle devint essentiellement un corps de garnison et une réserve d'armes, mais perdit rapidement sa capacité d'accueil du roi. Les bâtiments se dégradèrent et en 1532, Thomas Cromwell dut lancer de grands travaux de réparations. Il se focalisa sur la partie défensive de la tour, rénovant les structures militaires et délaissant tout ce qui était en relation avec le confort. Les rois et les reines ne venaient quasiment plus à la tour de Londres, ils le faisaient uniquement lorsqu'ils étaient obligés, par exemple symboliquement.

Au XVIIe siècle la tour de Londres est devenue essentiellement un centre d'emprisonnement. Une prison spécifique fut construite dans la zone Nord-Est de la tour en 1687, c'était la première de la forteresse car jusqu'à présent, les prisonniers étaient détenus dans des cellules au rez-de-chaussée des différentes tours, il n'y avait donc pas de lieux spécifiques pour eux.

A partir du XIVe siècle la tour de Londres va commencer à accueillir de plus en plus de prisonniers, toujours des personnages de hauts rangs. Plusieurs y ont été tués, mais il faut bien voir qu'il ne s'agissait pas d'une fonction essentielle de la tour. On y exécutait épisodiquement des prisonniers, mais c'était quand même rare. Parmi les victimes, citons par exemple :

  • William Hastings, baron d'Hasting (1483)
  • Thomas More (1535)
  • Anne Boleyn, reine consort (1536)
  • Margaret Pole, comtesse de Salisbury (1541)
  • Jane Boleyn, vicomtesse de Rochford (1542)
  • Catherine Howard, reine consort (1542)
  • Jane Gray, Reine (1554)
  • Robert Devereux, comte d'Essex (1601)

Selon la légende, vous pouvez voir Anne Boleyn, exécutée pour trahison envers le roi Henry VIII, marcher autour de la Tour avec sa tête sous le bras.

Le rôle de la tour de Londres concernant la torture a largement été surévalué. En réalité, très peu de cas de torture ont été recensés, la mauvaise réputation de ce lieu vient du clergé qui, tardivement, a dénigré la tour de Londres en tant que lieu de torture pour mieux mettre en avant les valeurs chrétiennes.


L'influence du développement de l'artillerie

Un autre élément est à prendre en compte lorsqu'on parle de la tour de Londres durant les XVIe et XVIIe siècle, c'est le développement de l'artillerie. L'artillerie est un outil militaire qui apparait à ce moment là, ou du moins qui se développe de façon conséquente. Les progrés en la matière sont assez fabuleux et l'armée possédant les canons les plus efficaces parvient sans trop de peine à gagner des places-fortes réputées autrefois imprenables. Pour faire face à ces dangers les monarques des grands pays durent adapter leurs forteresses. Or, les progrès techniques de l'artillerie allèrent plus vites que les modifications des forteresses, bien plus lourdes et coûteuses à faire.

La tour de Londres n'échappa pas à la règle et c'était aussi le but des modifications de Cromwell, en 1532, que de rendre cette citadelle résistante aux tirs d'artillerie. Mais les transformations devaient être bien supérieures à ce qu'elles auraient dû être, et la tour avait toujours des points de faiblesse vis à vis de cette nouvelle arme.


Apparition des Yeomen Warders

Les Yeoman Warder sont les gardiens de la tour de Londres. Egalement appelés de leurs surnoms "Beefeaters" (Mangeurs de viande), ils sont attestés dès 1509. On imagine que leur surnom vient du fait qu'étant les gardiens de la plus importante tour d'Angleterre, ils se devaient d'être en forme, et donc bien nourris. D'où la possibilité pour eux de manger plus de viande que le reste de la population. Mais ça pourrait aussi être dû au fait que c'était les gardiens des corbeaux de la tour, et dans ce cas là, les mangeurs de viande, c'était les corbeaux, pas les gardiens !

Les Yeomen existent toujours de nos jours, ce sont même eux qui accueillent les visiteurs à la tour. On les voit se déplacer de salles en salles, accompagnant un groupe de touristes. Ils s'occupent aussi des fameux corbeaux de la tour de Londres, ainsi que de la cérémonie des clefs qui a lieu tous les soirs.

Yeomen Warders

Yeomen Warders


La gestion de l'arsenal

La présence d'une armée permanente en Angleterre date de 1661, auparavant, elle n'existait qu'en temps de guerre. En temps de paix les soldats étaient rendus à leurs familles, mais les armes, la poudre (quand elle commença à être utilisée) et les provisions de guerre devaient être conservés dans un endroit sécurisé, en temps de paix. Et quoi de mieux que la tour de Londres pour ça ?

Dans la tour de Londres il existe les vestiges d'une tour nommée tour de la garde-robe. Initialement c'était là qu'était conservés les habits du rois, ses effets personnels, y compris ses armes. Par extension tout ce qui appartenait au roi et devait être conservé s'est désigné par le terme de "garde-robe", et on constitua une institution, la "Privy wardrobe", qui était en charge de la gestion des biens du roi. Cette institution formait, avec la "chambre", les deux parties du gouvernement médiéval anglais.

Bien sûr la "privy wardrobe" évolua avec le temps. Initialement en charge de la gestion des biens personnels du roi, il est devenu son administrateur général. Cette institution avait son siège à la tour de la garde-robe, au moins depuis 1454. Au XVIe siècle elle déménagea son siège à l'intérieur de la cour de la tour blanche, qui, à l'époque, était restreinte à la partie Sud de cette tour. Il y avait en effet quelques bâtiments qui formaient une sorte de rempart intérieur formant une cour encore plus petite.

En 1640 le roi engagea des miliciens pour la surveillance de la tour, les "Trainbands". Ils eurent pour tâche la défense de l'arsenal car le roi, Charles Ier, s'était opposé au parlement et la population le menaçait. Charles Ier fit modifier la tour de Londres en créant des plates-formes d'artillerie sur les hauteurs, sur les toits, et en y installant divers canons. En 1642 le roi tenta de faire arrêter 5 membres du parlement, mais face à la gronde de la population il dut fuir. Les Trainsbands rejoignirent le peuple, et le roi décida de libérer la tour de Londres qui passa alors sous la direction du parlement.


Les modifications du XVIIe et XVIIIesiècle

A partir de la moitié du XVIIe siècle les locaux d'habitation de la tour de Londres étaient fortement dégradés. Traditionnellement les rois, avant de se faire couronner, passaient leurs dernières nuits à la tour de Londres, mais le dernier à avoir respecté cette tradition ne put y dormir. C'était Charles II.

Sous les Stuart des dépenses furent faites pour restaurer la tour de Londres. On y construisit un nouvel arsenal, puis de nouveaux bâtiments pour la garnison, mais malgré ça la forteresse restait un lieu pénible à vivre, c'était plus une place-forte que le palais qu'il avait été autrefois. Au XVIIIe on tenta à nouveau d'améliorer les défenses de la tour, mais les travaux s'étirèrent en longueur et ne furent pas d'une efficacité foudroyantes. Le nombre de canons avaient chuté, et il y avait peu de chance pour que la tour soutienne un siège très longtemps. En 1774 on fit construire une courtine entre les quais et le rempart extérieur. Puis arriva le problème des douves.

Depuis leurs creusements les douves étaient inondées, elles servaient de remparts naturels supplémentaires. En 1841 la garnison subit une importante épidémie dont la cause était la consommation d'eau gâté par la puanteur des douves. Il faut dire que depuis des siècles la vase s'était accumulée et rendait les abords de la tour peu propice à la flannerie. Il fut donc décidé, entre 1843 et 1845, de les assécher, de retirer la boue et de la remplacer par de la terre. Ces travaux furent confiés à Arthur Wellesley qui les poursuivi à l'intérieur en construisant en 1845 la caserne Waterloo ("Waterloo Barracks") et des quartiers pour les officiers, de nos jours il s'agit du quartier général des fusilliers.

Au XVIIIe siècle on commença à démolir les bâtiments qui se trouvaient au Sud de la tour de Londres, dans la cour intérieure. Ces anciens logements royaux étaient devenus trop vieux et inconfortables pour être conservés, et leurs conservations ne fut pas jugées utiles. On les démoli donc, mais on conserva la tour Wakefield et la tour Lanthorn, seuls bâtiments qui nous soit parvenus en l'état.

Puis arriva l'épisode du chartisme. Il s'agit d'un mouvement de contestation populaire du milieu du XIXe siècle né d'une réforme électorale qui prévoyait le suffrage censitaire, c'est à dire que le droit de vote ne fut accordé qu'à ceux qui payait le cens, un impôt. Du coup les classes populaires furent exclues du vote, ce qui provoqua ce mouvement de colère. Devant le risque d'insurrection des travaux à la tour de Londres furent ordonnés pour améliorer l'efficacité des canons. Ce sont les dernières modifications militaires faites sur la tour de Londres à ce jour.

En 1669 eut lieu un évènement important, qui a des répercussions jusqu'à nos jours : Le transfert des joyaux de la couronne à la tour de Londres. Ces bijoux, chefs-d'oeuvre d'orfèvrerie, étaient à partir de cette date dans une des tours du château avant qu'ils ne soient transferés dans les salles des joyaux, dans la caserne Waterloo.

En savoir plus sur les joyaux de la couronne.

Plan de visite de 1890

Plan de visite de 1890


Le rôle de la tour durant les guerres mondiales

Place-forte de Londres, la tour avait tout pour jouer un rôle important durant les deux guerres mondiales, mais l'absence de troupes allemandes sur le sol britannique n'a pas rendu la forteresse indispensable à la victoire. En fait elle n'a pas servi du tout, militairement parlant.

Durant la première guerre mondiale la tour a servi de tribunal pour le jugement de 8 personnes accusés d'espionnage. Le procès eut lieu à huis-clos et ils furent condamnés à mort. Ils ont été fusillés. Seul fait marquant purement militaire, une bombe est tombée dans les douves, mais elle ne fit pas de dégâts particuliers.

Durant la seconde guerre mondiale la tour a servi de prison, comme souvent dans son histoire. De dernier prisonnier d'Etat de la tour fut Rudolf Hess qui séjourna ici pendant 4 jours en 1941. Quand au dernier exécuté, il s'agit de l'espion allemand Josef Jakobs fusillé le 14 août 1941. Le 23 septembre 1940, Londres subit la pire destruction de son histoire, on l'a appelé le Blitz. Durant la nuit les avions allemands bombardèrent la capitale sans discontinuer. Bien sûr la tour subit de nombreux dégâts, mais rien qui ne fut irréparable puisqu'une fois la guerre terminée on reconstruisit les tours impactées et elle reprit son aspect d'avant la guerre.

Durant le XXe siècle la tour de Londres aura vu son rôle militaire diminué, alors que l'intérêt du public pour son patrimoine ancien augmentait, lui. C'est donc tout naturellement que les dernières organisations militaires quittèrent ces lieux pour rejoindre des quartiers généraux plus adaptés aux contraintes de l'armée moderne tandis que la tour se livre peu à peu aux touristes. Elle fut donc transformée pour permettre un meilleur accueil aux visiteurs jusqu'à arriver à ce qu'elle est de nos jours.



Voir aussi :

Description de la tour de Londres

Visiter la tour de Londres





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