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Le Ramakien


Le Ramakien est le nom que l'on donne à l'épopée nationale de la Thaïlande, il s'agit d'un récit reprenant les principales phases de la construction de la nation. Il est évidemment fortement imagé, et ce d'autant plus qu'il s'agit d'une transcription sur le territoire Thaï du Ramayana, le récit traditionel de l'histoire hindou.


Peintures racontant le Ramakien

Peintures racontant le Ramakien


Origine et thèmes

En effet, le Ramakien et le Ramayana partage la trame de l'histoire et la présence d'un certain nombre de personnages centraux, tous dans les mêmes fonctions et avec les mêmes rôles, que ce soit dans une des histoires ou dans l'autre. Seuls changent la topographie, les environnements naturels et tout ce qui a trait aux modes de vie locales : Armes, vêtements, architecture, moyens de transport, etc. L'existence même du Ramakien vient des échanges commerciaux entre l'Inde et les royaumes de l'Asie du Sud-Est où vivaient des populations intéressées par les ressources de leurs voisins. Les croyances du Ramayana, fortement ancrées dans les esprits des Hindous, voyagèrent à la fin du premier millénaire jusque sur le territoire actuellement occupé par la Thaïlande et les pays limitrophes. Il faut dire que le Ramayana est bien plus ancien puisqu'on en trouve des traces dès le IVe siècle avant JC. Il s'agissait d'un recueil de légendes hindous mêlés aux histoires locales qui furent compilés à peu près à cette lointaine époque.

C'est donc vers la fin du premier millénaire que les marchands khmers venant, entre autres, d'Angkor, importèrent cette histoire. Elle fut rapidement adoptée par la population locale qui y inclua des évènements locaux et transforma les personnages en entités connues. Les plus anciennes traces du Ramakien date du XIIIe siècle, on y trouve de fortes influences hindous qui tendèrent à disparaître peu à peu plus tard.

La version purement Thaï du Ramakien fut retranscrit pour la première fois au XVIIIe siècle. A cette époque le royaume d'Ayutthaya régnait sur la péninsule indochinoise suite à la disparition de celui de Sukhothai. Conservé et multiplié par copie, le Ramakien s'est diffusé par l'écrit dans le royaume pendant quelques années mais lorsque ce royaume chuta, emporté par l'invasion birmane en 1767, la plupart de ces textes furent définitivement perdus. Le royaume d'Ayutthaya reparu sous une autre forme, celle de la dynastie Chakri qui fit construire une nouvelle capitale ex-nihilo proche du golfe de Thaïlande, plus au Sud : Bangkok. Le premier roi de cette nouvelle dynastie fit compiler une nouvelle version du Ramakien qu'il expurgea des restes hindous. Il est probable que le roi ait écrit lui-même une partie des nouveaux textes, complétant le travail de compilation. Râma Ier fit ce travail entre 1799 et 1807. Il en résultat un texte riche à la fin tragique. Son successeur, Râma II, apporta de nombreuses modifications au Ramakien pour l'adapter aux représentations théâtrales typiques de l'époque. Il transforma aussi sa fin qui devint heureuse. Le texte ne fut plus modifié en profondeur depuis cette date.


Sacralité du texte

Aux yeux des Thaïlandais le Ramakien jour un rôle de texte sacré. Il ne s'agit pas, comme on pourrait le croire, un récit certes important mais distant, dont les légendes qu'il propose sont trop éloignés de la réalité physique de notre monde. Au contraire il y a dans la population une reconnaissance de la véracité de ces écrits que la vérité objective de la création de notre monde ne parvient pas à effriter. Le Ramakien est considéré comme sacré au même titre que d'autres éléments de la vie d'un Thaïlandais comme la personne physique du Roi ou le fameux Bouddha d'émeraude.


Représentations

Si les rares textes anciens racontant le Ramakien sont précieusement conservés à l'abri, le visiteur dispose d'une version imagée d'une qualité incroyable aux premiers abords. Il s'agit des peintures contenues dans la galerie entourant le temple du Bouddha d'émeraude, une succession de peintures de 173m de long sur 3 de haut d'une finesse inouïe. Les traits sont d'une grande précision et les couleurs chatoyantes. Chaque personnage, minuscule, s'insère dans un décor grandiose dont on imagine à peine le temps qu'il a fallut pour être peint. Un véritable chef d'oeuvre visible lors de la visite du temple, à Bangkok. Rien que cette représentation du Ramakien devrait être un but de visite du temple du Bouddha d'émeraude, c'est dire sa qualité.

D'un autre côté le Ramakien est une fierté nationale qui se traduit par son apprentissage par les enfants thaïlandais. Il est en effet enseigné habituellement dans les écoles.


Anecdotes

A noter que le Ramakien fut retranscrit en sanskrit sous forme de poème par Satyavrat Shastri. Ecrit en 1989, on l'appelle le Ramakirtimahakavyam et est découpé en 25 chants pour 1200 strophes. L'écrit tient sur un rouleau de 14m de long. Cette prouesse de traduction et de calligraphie a valu à son auteur 11 prix nationaux et internationaux.





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