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Eugène Schneider


Eugène Schneider

Eugène Schneider

Biographie

Eugène Schneider est l'un des 72 savants dont le nom est inscrit sur le premier étage de la tour Eiffel. Il est le 4e, sur la face tournée vers l'Est.

Joseph-Eugène Schneider, industriel, est né à. Bideshoff (Meuse) le 20 mars 1805. Il est mort à Paris le 27 novembre 1875. On peut le considérer comme le véritable fondateur des magnifiques établissements du Creuzot, car c'est lui qui leur a donné le développement énorme qu'ils ont pris depuis 1815, époque à laquelle il en reçut la direction à la place de son frère qui venait de mourir. En 1800, il en transforma complètement l'outillage et assura leur renommée, en soumissionnant la fourniture des locomotives des chemins de fer de Londres, les plus belles machines du monde entier. Rappelons que les établissements métallurgiques et miniers du Creuzot datent de 1781. A cette époque, il se forma une première société industrielle patronnée par Louis XVI. Le territoire primitif fut un bourg aride, composé de quelques cabanes; mais l'usage du charbon minéral prit bientôt de l'extension et le canal du Centre ayant été décrété, ces deux circonstances décidèrent de l'avenir du pays. Comme fonderie de canons, le Creusot obtint de nombreuses commandes de la première République et du premier Empire. Cette prospérité commençante devait recevoir une nouvelle impulsion des frères Chagot en 1818. Elle prit un caractère décisif à l'arrivée de la famille Schneider. De quelques centaines d'habitants, la population s'est élevée à 30 000 âmes, et ce qui valait alors quelques centaines de mille francs vaut des millions à l'heure présente.

Eugène Schneider était entré dans la vie sans fortune et même sans appui. Il parvint à obtenir un petit emploi dans la maison de banque du baron Sellière. Là il put faire preuve utilement de la vivacité de son intelligence; sa rare aptitude aux affaires lui valurent d'être nommé, à vingt-cinq ans, directeur des forges de Bazeilles. Lorsqu'il passa au Creuzot comme successeur de son frère, il le remplaça aussi comme membre du conseil général et député du département de Saône-et-Loire. Réélu en 1846, 1852, 1857, 1868, 1869, ministre en 1851, président du Corps législatif en 1867 et en 1870, dans sa longue carrière politique il s'est montré homme pratique, parlant avec clarté et simplicité des intérêts matériels du pays. C'est surtout comme industriel qu'Eugène Schneider a développé des capacités hors ligne d'administrateur et d'organisateur.

Son oeuvre est le Creuzot, œuvre gigantesque qu'il a consacrée aux merveilles de l'industrie et aux améliorations devant être apportées à nos armements militaires sur terre et sur mer. C est une des gloires industrielles et une des forces actives de la France et du monde entier.

Nous ne devons pas oublier qu'Eugène Schneider présida, le 4 septembre 1870, la dernière séance du Corps législatif et qu'il descendit dignement de son fauteuil, après avoir prononcé ces mémorables paroles : "Messieurs, dit-il au milieu de l'agitation. M. Gambetta, qui ne peut être suspect à aucun de vous, et que je tiens, quant à moi, comme un des hommes les plus patriotes de notre pays, vous a adressé des exhortations au nom des intérêts sacrés de la patrie. Croyez-moi, en ce moment, la Chambre est appelée à délibérer sur la situation la plus grave. Elle ne peut le faire que dans un esprit conforme aux nécessités de la situation, et, s'il en était autrement, M. Gambetta ne serait pas venu vous demander de lui prêter l'appui de votre attitude." La foule s'étant précipitée de toutes parts dans la salle, Eugène Schneider leva la séance, descendit du fauteuil présidentiel, quitta le palais du Corps législatif, rentra dans la vie privée et vécut dans la retraite pour s'occuper exclusivement du développement du Creuzot, qui n'a cessé de prospérer et de grandir.

Parti de rien et rapidement arrivé à tout, Eugène Schneider fut l'incarnation la plus complète et la plus digne de cette puissance toute moderne, et dont la domination toujours croissante a commencé modestement il y a cinquante ans avec le règne de la vapeur : la grande industrie.

Jusqu'en 1830, les concentrations de forces sociales et de puissance matérielle n'avaient qu'un domaine restreint. Elles ne possédaient qu'un instrument et une matière, la richesse, l'argent; en dehors des pouvoirs de l'Etat et des royautés morales de l'intelligence et du savoir, il n'existait qu'une puissance matérielle et tangible : la finance, la banque. Il y avait les rois de Vor : les Rothschild. Survint la vapeur. Les forces industrielles éparses et disséminées furent forcées de se concentrer en s'étendant. La grande industrie sortit de cette concentration. En quelques années d'autres royautés se constituèrent et s'établirent. Il y eut les rois du fer.

Cette puissance toute jeune, toute neuve, faite non plus des caprices de la fortune et des hasards de la spéculation, mais des calculs hardis de la science et des labeurs énergiques de l'intelligence, fut beaucoup plus que la puissance financière démocratique et personnelle. Elle ne devait rien au passé, rien au hasard, rien à l'héritage. Le présent livre, au reste, est l'attestation vivante de cette peinture fidèle que nous en traçons, et la Tour Eiffel en est comme la consécration triomphale, palpable et définitive. Il lui fallait un monument dans la plus belle ville du monde. Elle la possède désormais. Mais, à cette époque, elle était à l'état latent. Accessible au premier venu, elle appartenait à qui la pouvait prendre : au plus intelligent, au plus habile, au plus fort. Ce fut vite fait. En moins de quelques années, des hommes jeunes et nouveaux sortirent de l'obscurité : Clapeyron, Flachat, Ernest Gouin, Lamé, Le Chatelier, Polonceau, Schneider, Marc Seguin, Talabot, les Pereire, etc. Tels sont les puissants ingénieurs, créateurs du monde industriel moderne. Au milieu d'eux Eugène Schneider brille d'un vif éclat.

Il a laissé un fils, M. Henri Schneider, qui lui a succédé dans la direction du Creuzot et qui représente le département de Saône-et-Loire à la Chambre des députés.

Le portrait d'Eugène Schneider reproduit ici a été exécuté d'après le dessin donné par le journal l'Illustration, en 1875, au moment de la mort de ce grand industriel, un des ardents pionniers du progrès au XIXe siècle



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