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Inauguration de la tour Eiffel


L'inauguration de la Tour Eiffel a eu lieu le 31 mars 1889, juste après la fin de la construction de la structure métallique. Les ouvriers travaillaient encore dessus, mais c'était pour la pose des machineries et l'installation des ascenseurs, plus certaines finitions, par-ci par-là. Mais le principal, l'ossature, était terminée. Au sommet se dressait la hampe prête à recevoir le drapeau tricolore, ce qui était le symbole de l'inauguration officielle.


La journée inaugurale

La journée commença par une grande réunion à l'intérieur du pilier Ouest. 200 cents ouvriers y avaient été réunis pour un déjeuner rapide autour de Gustave Eiffel et de quelques officiels. A 13h 30 ces derniers abandonnèrent les ouvriers et commençèrent à monter les marches jusqu'au sommet de la tour. Rappellons nous que les ascenseurs n'étaient pas encore installés, ils le seront quelques semaines plus tard. Aux côtés de Gustave Eiffel il y avait Georges Berger et son secrétaire, Mr Thurneyssen, Mr Chautemps et Mr Jacques,Mr Contamin et Mr Pierron, ingénieur de l'exposition. Ils arrivèrent sur la plate-forme du 3e étage une heure plus tard, à 14h 30. C'est quasiment immédiatement que Mr Eiffel accrocha le drapeau à la hampe et le hissa. Ce drapeau mesurait 7,5m de large pour 4,5 de haut. A ce moment il y eu une détonation, provoquée du sol, puis une autre, une troisième, toutes à intervalles régulières : Les canons faisaient un tir inaugural ! Il y eu ainsi 20 coups de canons pour fêter l'évènement.

Puis tout ce monde redescendit au pilier Ouest où une surprise les attendaient : la présence de Mr Tirard, ministre, Mr Alphand, commissaire de l'exposition universelle. Mr Eiffel prit la parole et fit un discours assez classique dans lequel il mit en avant la grandeur nationale, l'honneur d'avoir été celui qui a réussi le défi de construire une tour de 1000 pieds, et remercia vigoureusement tout ceux qui ont participé à sa construction. Il ne fit pas le détail des personnes, mais en cita quand même quelques-uns. Enfin il ajouta quelques phrases pour rappeler l'importance de la construction de la tour et la trace qu'elle devait laisser dans l'histoire de l'industrie française. Le discours suivant fut prononcé par le ministre, Mr Tirard. Ce dernier n'hésita pas à faire son méa culpa en avouant ne pas avoir cru au projet, initialement, mais en reconnaissant qu'avec une grande force de volonté l'humain peut soulever des montagnes, ce qui a été fait ici. Il félicita aussi les ouvriers et fit l'annonce que Gustave Eiffel a été proposé comme récipiendaire au grade d'Officier de la Légion d'Honneur. Cette annonce, d'après Eiffel, a été salué par des vivas des ouvriers. Ensuite vint le discours, bref, de deux ouvriers, Mr Rondel, ouvrier mécanicien et un camarade ouvrier charpentier, ils en profitèrent pour offrir à Mr Eiffel un bouquet. La teneur de leur discour consistait à rendre hommage à la volonté du constructeur et de le remercier pour son travail. Ils terminèrent par "Vive l'ingénieur Eiffel ! Vive la France ! Vive la République !".

Entre-temps Mr Chautemps, représentant le Conseil Municipal de Paris, remis aux ouvriers une prime de 1000 francs à répartir entre tous. Cette nouvelle fut bien sûr bien accueilli.

Il restait un dernier discours à faire, celui de Mr Alphand. Celui-ci fut bref et remercia Eiffel tout en mettant en avant les ouvriers. D'ailleurs, il conclut par les mots "Merci pour les ouvriers !", ce qui souleva de leurs parts des cris de joies et de nombreux applaudissements. Mr Alphand distribua les médailles commémoratives qui avait été frappé quelques jours plus tôt. Ces médailles étaient des récompenses offerts par la ville de Paris pour tout ceux qui avaient participé à la construction de l'édifice. La journée se termina par un déjeuner durant lequel la bonne humeur était de mise, puis chacun s'en alla vaquer à ses occupations.

Quand on compare aux cérémonies d'inauguration des monuments de nos jours, surtout pour un monument comparable à la tour Eiffel, il saute aux yeux que ce qui s'est passé ce jour-là fut bref et très simple. C'est vrai, on peut le dire, mais c'était dans la norme de l'époque. En effet, à la fin du XIXe siècle les moyens de communication étaient limités à la presse écrite, inutile donc de faire de grandes cérémonies pour conserver à vie des images imposantes, comme de nos jours. De plus l'honneur d'avoir participé à la grandeur de la France était un tel sentiment qu'il suffisait de mettre en avant cet argument pour donner le sentiment à tous qu'ils avaient réalisé une grande action, même si le travail fut simple à faire. Enfin à cette époque le joie était simple. On hisse le drapeau tricolore, on fait des discours et la tour est inaugurée, il était inutile d'y passer plusieurs jours. Ca, c'est un sentiment qui n'était pas typiquement français car si on compare avec les américains, à la même époque, ils ont inaugurés la Statue de la Liberté en une journée. Certes il y eu plus d'évènements d'organisés, mais les américains étaient aussi plus nombreux, et ils ont mis 20 ans à la construire, cette statue, là où les français l'ont faites en quelques années.

A noter que cette journée a été suivi par un journaliste de la presse écrite (par force, la presse radio et télévisée n'apparaîtront que des années plus tard, grace... à la tour Eiffel). Le journal était "Le champ de Mars", dans son numéro du 6 avril 1889.


Les discours

Discours de Mr Eiffel

Mes chers amis,

Je viens d'éprouver une grande satisfaction, celle d'avoir fait flotter notre drapeau national sur le plus haut édifice que l'homme ait jamais construit.

Nous voici au bout de notre tâche; mais, pour l'atteindre, que d'efforts ont été faits par nous tous, soit comme intelligence, soit comme travail! Que de constance il nous a fallu, à moi et à mes collaborateurs immédiats, pour préparer et coordonner le travail, à vous pour l'exécuter au milieu des intempéries, par le froid et le vent que vous avez si souvent bravés sur ce haut sommet ! Mais nous sentions qu'engagés dans cette voie, il n'y avait pas à reculer, et qu'ayant promis de réaliser une œuvre souvent tentée ou rêvée, mais jamais encore exécutée par aucun peuple, nous devions tenir notre parole, sous peine de compromettre une partie de l'honneur national.

Cette parole, la voilà tenue, grâce à un concours de dévouements auquel je dois rendre un public hommage, et je suis sûr que vous vous y associerez.

Je citerai tout particulièrement mes fidèles collaborateurs, MM. Nouguier, Kœchlin, Salles et Gobert, votre chef M. Compagnon, dont je nai plus à faire l'éloge, et son second M. Milon, dont l'énergie et la prudente habileté nous ont rendu tant de services dans les montages difficiles. Je vous parlerai aussi de notre personnel des ateliers de Levallois, de nos nombreux dessinateurs, dirigés par leur excellent chef M. Pluot, de vos camarades, à la tête desquels se trouvent MM". Letourneau, Pentecôte et Gagnot. C'est grâce à leur soin et à leur habileté que les pièces arrivaient assez bien préparées pour que leur montage pût toujours s'effectuer dans des conditions réellement faciles.

Je n'oublierai pas non plus M. Sauvestre, notre architecte, qui nous a apporté son excellent concours pour assurer la beauté de notre œuvre.

Je dis notre œuvre; en effet, c'est bien une œuvre qui nous est commune à tous et dont nous pouvons être fiers d'être les collaborateurs à des degrés divers. Vous y avez tous mis ce quelque chose qui ne se paye pas, ne s'achète pas, ne se vend pas ; je veux parler du dévouement à l'œuvre elle-même, sans lequel aucune grande chose n'est possible. C'est ce dont je vous remercie aujourd'hui et dont je conserverai toujours le souvenir. Vous le garderez aussi, j'en suis sûr, car vous avez la fierté de votre travail et vous voyez les témoignages de sympathies qui vous ont été donnés par la présence des éminentes personnalités qui nous entourent.

Vous vous rappellerez toujours les grands efforts que nous avons faits en commun pour montrer à tous que, soît par ses ingénieurs, soit par ses ouvriers, la France tient encore une grande place dans le monde et que nous sommes toujours capables de réussir là où les autres ont échoué, et cela au grand honneur de la France et de la République.

Discours de Mr le ministre Tirard

Monsieur Eiffel, et vous, ses collaborateurs, a dit M. Tirard, permettez-moi de vous adresser mes plus chaleureuses félicitations, non seulement au nom du Gouvernement, mais encore au nom de l'univers entier.

Je suis d'autant plus à l'aise pour vous parler ainsi que j étais un de ceux qui, à la première heure, n'étaient pas convaincus que la Tour pût s'achever. Je reconnais que je me suis trompé. Je fais amende honorable.

Il y a dans cette œuvre le témoignage de ce que peut faire l'énergie d'un homme.

Mais je veux aussi féliciter les braves ouvriers, les modestes collaborateurs de M. Eiffel ! Ce sont ces ouvriers qui sont la gloire, la force et l'espérance de la patrie.

J'espère que les sentiments que je viens d'exprimer seront ratifiés par les visiteurs du monde entier.

Discours du mécanicien Mr Rondel

Monsieur Eiffel,

Je viens au nom de mes camarades et amis, les ouvriers de la Tour de trois cents mètres, vous exprimer toutes nos sympathies et le respect que nous vous devons d'avoir su mener à bonne fin cette grande œuvre. Depuis deux ans, votre nom a retenti dans l'univers entier. L'heure a sonné où l'on pourra venir contempler votre idée grandiose et admirer ce chef-d'œuvre. Recevez ce présent en signe de reconnaissance. Merci pour tous mes amis, encore une fois merci. Puissions-nous redire aux enfants de nos petits-enfants que nous avons travaillé au monument le plus imposant du monde ! Merci au Conseil municipal de l'honneur qu'il nous a fait de prêter son concours à l'érection de notre drapeau !

Vive l'ingénieur Eiffel ! Vive la France ! Vive la République !

Discours de Mr Alphand, commissaire de l'exposition universelle

C'est un travailleur, dit-il, qui parle à des travailleurs. C'est un camarade, qui est avec vous depuis deux ans et qui sait ce que vous avez accompli, qui parle à des camarades.

Cette Tour fait honneur, non seulement à M. Eiffel, mais encore à vous tous.

Ce sera plus tard un titre de gloire pour chacun de vous d'avoir travaillé à la Tour, et vous pourrez parler avec orgueil de votre collaboration.

M. Eiffel est un général; mais un général, pour remporter une victoire, a besoin de bonnes troupes. Si M. Eiffel a vaincu toutes les difficultés, c'est grâce à vous.

Honneur donc, non seulement à M. Eiffel, mais à vous tous !


Voir aussi :

Chronologie simplifiée.

La tour Eiffel en quelques chiffres.




La tour Eiffel



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