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Les entreprises Eiffel


C'est en 1863 que Gustave Eiffel créa sa première entreprise. C'est elle qui, en grandissant, fit de lui un homme riche et reconnu. Elle est à l'origine de la célèbre tour Eiffel, mais aussi de la structure interne de la statue de la Liberté et des nombreux ponts routiers et ferroviaires. Malheureusement rattrapé par le scandale du canal de Panama il dû arrêter son activité pour la reprendre sous une autre forme. Lorsqu'il décède en 1923 son entreprise continua. Elle connu bon nombre de péripéties avant de disparaître définitivement, en 1975. Voici sur cette page l'histoire des différentes entreprises issues de Gustave eiffel.

A noter que ces sociétés n'ont rien à voir avec la Société d'Exploitation de la Tour Eiffel, une structure commerciale en charge du fonctionnement quotidien de la tour Eiffel, de la sécurité des visiteurs, de la vente des billets, etc.


1863-1889 : "G. Eiffel et Cie"

Gustave Eiffel est avant tout un entrepreneur hors-pair, dont la précocité n'a d'égal que son talent. A la fin de ses études il commence une carrière de salarié, comme c'est souvent le cas chez les futurs entrepreneurs. Il est embauché chez Charles Nepveu, un constructeur de machines à vapeur et de matériel pour les chemins de fer. Il y fera ses premières armes mais n'y resta qu'un an puisque, dès 1857 est prend la responsabilité du bureau d'études de Pauwels et Compagnie. C'est dans cette entreprise qu'il fera ses premiers ouvrages d'art. Puis, en 1862, il quitte la Pauwels et Compagnie et s'installe ingénieur-conseil à son compte, puis, l'année suivante, créé sa propre société avec laquelle il créé un viaduc de la ligne de chemin de fer entre Commentry et Gannat. La "G. Eiffel et Cie" est née, c'est de cette entreprise que seront édifié un nombre énorme d'ouvrages d'art, dont la très célèbre la tour Eiffel ou la structure interne de la statue de la Liberté.

Malheureusement pour lui Gustave Eiffel est rattrapé par le scandale de Panama. Il était impliqué en tant que constructeur des écluses du canal, et ce choix qui l'a poussé à accepter ce chantier le dirigera tout droit vers la fin de ses activités industrielles.

Le 31 décembre 1889 la société en commandite "G. Eiffel et Cie" dépose le bilan définitivement.

On l'imagine bien, Gustave Eiffel était entouré d'un grand nombre de collaborateurs durant ce fantastique projet qui a consisté à construire cette tour. Dans son livre "La tour de 300 mètres", paru en 1900, il dresse la liste du personnel de la "Maison Eiffel" qui a participé à l'élaboration de la tour. Cette liste est reprise ici, par service. Son intérêt est multiple, mais il est surtout intéressant de lire des noms du siècle précedent notre siècle, une époque où les rares noms étrangers se remarquaient dans une liste à connotation franchement française. Il y a un autre intérêt, c'est celui de trouver son propre nom de famille dans cette liste. Si c'est votre cas peut-être avez vous un ancêtre qui travailla naguère sur la tour Eiffel. A vous de vous de faire quelques recherches, si le coeur vous en dit.

En attendant, voici la liste. Elle se divise en 4 parties, en fonction des lieux où le personnel a essentiellement travaillé.


Bureaux de Levallois-Perret

MM. J.B. Gobert, Nouguier

Bureau d'études

M. Kœchlin (M.)

MM. Bezout, Bourdon, Dantzig, Deniau, Dumoulin, Gaillardon, Gré, Guyon, Henriet, Kœchlin (H.), Le Bouvier, Levaire, Michaut (O.), Michel, Morel (R.), Morel (E.), Mijuin, Pennamen, Rouxel, de Seilhac, Schœngrun, Tavel.

Bureau de dessins d'exécution

M. Pluot

MM. Beaubrun, Bordet, Caucé, Chabalier, Court, Derien, Durand, Genaille, Godeberge, Legent, Mareschal, Morel (E.), Peltier, Salleyrettes, Schlesser, Stiennon, Vildé.

Bureau d'architecte

M. Sauvestre

MM. Delannoy, Mandar, Menouillard, Rouillard, Sénèque.

Secrétariat, comptabilité et caisse

M. Collin

MM. Anquetin, Bohn, Bouet, Bourget, Buynand, Fessard (P.), Fessard (G.), Fourneau, Munier, Quérité (Ch.), Thiriot.


Bureaux de Paris

MM. Salles, Puig

Bureau des études

M. Ansaloni

MM. Bente, Bouet, Finet, Julin, Lallier, Roger, Roussel

Secrétariat, comptabilité et caisse

MM. de l'Argentiers et Petit

MM. Baziret, Butticaz (L.), Butticaz (E.), Chirouze, Devaux, Le Brun, Mattei, Renault, Talot, de Wever.


Ateliers

MM. Letourneau, Gagnot et Pentecote

MM. Anciaux, André, Bettingcr, Bichet, Bignon, Boscus, Boule, Bunouf, Cavoit, Cerveau, Chemidlin, Choblet, Clément, Combe, Compoint, Coupé, Cuny (père), Cuny (fils), Deckcert (père), Deckert (fils), Denizot, Derrien, Deveaux, Develay (père), Develay (aîné), Develay (jeune), Fleuret, Froideveaux, Georges, Gigant, Gille, Goupil, Gourgeon, Guillemin, Ginther, Guiot, Hazewer, Henneckens, Herouard, Hippy, Hitzel, Hocque (G.), Hue, Imbert, Jarry, Jenger, Laborie, Lamblet (fils), Lardé, Lasgoutte, Lataillade, Leblond, Lecoeur, Léonard, Leroux (aîné), Leroux (jeune), Leroy (père), Leroy (fils), Lesage, Letang, Locateli, Manini, Marceau (père), Marceau (fils), Marceau (L.), Marceau (T.), Maréchal, Martel, Martin, Mauroy, Meyer, Meyer(P-), Morel, Morvaille, Moutcau, Noël, Panozzo, Pardon, Patry, Pavy, Pernet, Pinel, Ponsard, Pringuez, Quin, Ragot, Ratazzî, Robert, Roblot (fils), Roché, Stacoffe, Thiry, Thomas, Thomelin, Tonneaux, Tremblay, Truchot, Veronèsi.

Magasins

MM. Blondeaux, Janssens, Leroy, Quérité (O.), Sotty.

Service de réceptions aux usines

M. HOLFELD. MM. Adam, Budin, Dupieux, Leclerc, Lefebvre.

Garçons de bureau

MM. Damiens, Laine (D.), Laine (V.), Michaud, Munioz.


Chantiers

Fondations et maçonneries

MM. Martin, St Martin

Montage de la partie métallique

M. Compagnon

MM. Balans, Gaujarenques, Girard (L.), Guellec, Léger, Petitcuenot, Quéleux.

MM. Alalinarde, Baudrand (L.), Caillat, Calvi, Dieuzaide, Duflos, Girard, Guilloux, Gouet, Juillet, Julia, Lanfranchi, Laugé, Mandet, Menu, Milhorat, Soret.

MM. Alletru, André, Bartoloméo, Baudrand (A.), Bauducel, Bastien, Bèchon, Beffarat, Berthet, Besson, Boissy, Bories, Boué, Brignon, Bruyelle, Calmels (S.), Calmels (H.), Calzia (A), Calzia (J.), Cambours, Carie, Caussadette, Chambrin, Charpentier, Chossang, Coutanceau, Dalby, Daste, Daydé, Démon, Diziain, Dumontel, Echaubard, Fantout, Février, Fougeroux, Georgin, Gourdelier, Gourio, Granjard, Guy, Hureaux, Jambu, Ladouce, Lalonde, Lamarque, Larivain, Latournerie, Lebayle, Legoubey, Lépine, Levrat, Lioret (A.), Lioret (G.), Maguin, Malochet, Marcel (A.), Marcel (E.), Mossin, Mince), Miramand, Mirasson, Moireau, Moscati, Moyne, Nègre, Nicolle (E.), Nicolle (L.), Pages, Paillardan, Pallas, Parant, Paris, Peynard, Pomiers, Roche,. Rochefort, Rondeel, Roumier, Rous, Ruffier, Sauvat, Scagliotti, Sempé, Téron (A,), Téron (B.), Téron (P.), Thiébaut, Tisserand, Touzi, Valette, Vidal (J.), Vidal (L.).


1889- 1893 : "La Compagnie des Etablissements Eiffel"

Bien sûr, l'ensemble des brevets qui ont été déposés, tout comme la qualification du personnel et les locaux et autres outils de travail avait une valeur, Gustave Eiffel recréa aussitôt une autre entreprise, "La Compagnie des Etablissements Eiffel", dont le siège social était 35 rue Pasquier, à Paris (Statuts déposés chez Me Dufour, notaire à Paris, le 28 février 1890) et qui bénéficia de tout, y compris des ateliers de Levallois-Perret, des agences commerciales dans les colonies, et surtout des commandes en cours. Eiffel en était le président du Conseil d'Administration. L'entreprise poursuivit donc son activité normalement, surtout pour l'exploitation des brevets de ponts démontables et économiques.

Mais Eiffel était usé par le scandale de Panama, et l'exploitation de la tour qui ne portait pas encore son nom était assez prenant. Qui plus est, il s'était attelé à de nombreuses expérimentations scientifiques que sa tour lui permettait, et se spécialisait peu à peu dans l'aérodynamisme, définissant des principes qui sont toujours utilisés de nos jours en aéronautique. Toujours est-il qu'en 1893 un Assemblée Générale extraordinaire décidait d'une réduction de capital et Gustave Eiffel se retirait du Caonseil d'Administration. Le poste fut récupéré par Maurice Koechlin, son fidèle ingénieur qui dirigeait les bureaux d'étude. Ce même jour l'entreprise changeait de nom pour prendre celui de "Société de construction de Levallois-Perret".


1893-1937 : "Société de construction de Levallois-Perret"

Cette nouvelle entreprise travailla tout d'abord dans le même secteur d'activité que sa prédécesseure, les grands ouvrages d'art pour les routes et les chemins de fer. On lui doit par exemple quelques ponts sur la Seine, en particulier pour le métro parisien. Mais au fil du temps ce secteur économique fléchit, et l'entreprise est obligée de s'orienter vers un nouveau débouché déjà exploité, mais trop faiblement : L'empire colonial. L'entreprise avait repris l'agence de Saïgon, elle se servit de cette expérience pour en créé une à Madagascar, puis à Dakar, aux Antilles, à la Réunion, etc. C'est dans ces zones économiques que prospéra la société de construction de Levallois-Perret, aussi bien dans le secteur des grands travaux publics que des exploitations agricoles, voire des industries locales. Citon Pierre Guillaume à ce sujet :

La grande innovation de ce second XIXe siècle est, qu'à côté des biens de consommation, les biens d'équipement, matériel ferroviaire, surtout, prennent une importance majeure.

Ces équipements devaient être fournis relativement rapidement, et être très fiable, en particulierdans les conditions d'utilisation des colonies, souvent en climat humide et chaud. L'entreprise avait donc améliorée son système de pont démontable et c'est lui qui fit sa prospérité. Ces ponts, boulonnés au lieu d'être rivetés, étaient fabriqués en grandes quantités dans les ateliers de Levallois-Perret, stockés et envoyés en fonction des commandes un peu partout sur la planète. L'entreprise disposait d'un stock, ce qui permettait d'assurer du travail à tous les ouvriers, même sur des périodes durant lesquelles le carnet de commande était creux. L'intérêt premier de ces ponts étaient qu'ils étaient si simples à monter que même des ouvriers non qualifiés pouvaient rapidement les monter, la main d'oeuvre était donc peu chère.

Durant la première guerre mondiale les commandes se réduisirent fortement sur la métropole, mais en outre-mer elles restèrent relativement importantes, ce qui permit de passer cette période difficile. A l'issue de la guerre des commandes en métropole arrivèrent pour réequiper le Nord-Est de la France, durement touché, mais ça n'a pas duré très longtemps. Commença alors une nouvelle période difficile, où la métropole comme l'Outre-mer était équipé en ponts ferroviaires et routiers et n'avait donc plus besoin d'en fabriquer.

C'est durant cette période que Gustave Eiffel décède, en 1923. Son nom sera toutefois utilisé 14 ans plus tard, lorsque la société de construction de Levallois-Perret fut renommée "Anciens établissements Eiffel"


1937-1960 : "Anciens Etablissements Eiffel"

Ce changement de nom n'augure pas un changement de stratégie de développement, il ne s'agit que de la suite de l'activité précédente. L'activité se concentra essentiellement sur les nouvelles terres françaises comme l'Algérie, où tout restait à fabriquer, alors que l'Outre-mer et la métropole était terminé en ce qui concernait la construction d'infrastructures de communication. Les anciens établissements Eiffel fabriquèrent donc encore des ponts metalliques pour l'Algérie, mais en parallèle un nouveau matériaux de construction fait son apparition : Le béton armé.

L'entreprise Eiffel était spécialisé depuis toujours dans le métal, et bien qu'elle possède une activité de maçonnerie générale, elle ne voyait pas les débouchés que pouvaient prendre cette activité. Le premier pont en béton armé fut fabriqué dès 1897 par Hennebique et depuis la proportion de ponts ainsi conçus augmenta régulièrement. Dans les années 50 elle prenait une part suffisament importante pour inquiéter les dirigeants d'Eiffel, qui commençaient à voir venir des commandes uniquement de grands sites industriels et plus de travaux publics.

c'est dans ce contexte qu'arrive la seconde guerre mondiale, une période d'inactivité forcée à la fois par manque de commandes et par l'impossibilité de trouver la matière première, les rares ressources étant dédiées à l'effort de guerre puis à l'occupant. A l'issue de la guerre l'activité des ateliers pu reprendre, et avec un effet rebond : Non seulement il fallut reconstruire les infrastuctures du pays, mais il fallait rattraper le temps perdu pendant la guerre, de nombreux chantiers étant restés en attente ou étant différés. Enfin le redressement économique de la France a provoqué l'ouverture d'une grande quantité de chantiers divers, mais c'est en béton que sont fabriqués les ouvrages d'art. Si le béton armé nécessite des compétences en métaux, les Anciens Etablissements Eiffel se voient supprimer le rôle de maître d'oeuvre. Suite à cet état de fait l'entreprise se restructure en 1957.

Les ateliers sont transférés dans des locaux modernes au Blanc-Mesnil, le siège social passe au 23 rue Dumont d'Urville, à Paris. Elle se spécialise dans la fabrication de pylones, de hangars, d'ateliers et de ponts roulants. Ses chantiers sont, par exemple, la patinoire de Boulogne-Billancourt, l'usine d'embouteillage de Contrexeville ou le pavillon de la France à l'exposition universelle de Bruxelles, en 1958. Tous ces bâtiments ont certes une toiture métallique, le métal y entre dans une grande part, mais il s'agit quand même de bâtiments traditionnels. Du coup, avec les 2 activités en parallèle, les dirigeants préférèrent créer une filiale spécialisée dans la maçonnerie générale, la "Société Eiffel d'entreprise générale", pendant que la maison mère s'aquitte de l'activité "Construction métallique". Cette activité a été fusionné avec les établissements Baudet-Donon-Roussel, une nouvelle entité est alors née.


1960-1965 : "Etablissements Eiffel"

Les "Etablissements Eiffel" est le nom donné en 1960 à la fusion des activités principales d'Eiffel et des Etablissements Baudet-Donon-Roussel. Cette nouvelle entreprise avait la charge de tous les travaux métalliques dont ils recevaient commande en France, et en particulier en outre-mer où l'activité avait un peu repris. Hélas, un nouveau danger guettait l'entreprise : L'indépendance des pays colonisés.

C'est à partir des années 60 que les pays colonisés par la France commencent à accéder à l'indépendance. Les nouveaux gouvernements se tournent alors vers les entreprises du monde entier pour passer commande de leurs sites, les Etablissements Eiffel se retrouvent dans une concurrence mondiale alors que jusqu'alors elles ne l'étaient que nationalement. Le fait d'être implanté depuis longtemps joue en leur faveur, mais ce n'est pas suffisant pour obtenir les contrats.

Du coup en 1965 le groupe fait l’objet d’une nouvelle réorganisation : la Société Eiffel d’entreprise générale fusionne avec la Société parisienne d’études et de construction, une autre entreprise du groupe Eiffel, et avec la Société africaine de construction, une entreprise dont le siège social était à Pointe-Noire, au Congo, et dont une partie des administrateurs étaient à la direction, puis avec les Etablissements Eiffel. Il en ressort une entreprise plus grande, mieux armée pour lutter internationalement, la "Société Eiffel".


1965-1975 : "Société Eiffel"

La société Eiffel n'a pas vraiment duré. Face à une concurrence dure et devant un monde changeant, l'héritière de l'entreprise créé par l'ingénieur Eiffel cessa définitivement son activité en 1975 suite à une mise en liquidation judiciaire.

Ceci marque la fin des entreprises Eiffel, dont l'aventure avait commencé en 1863. Elle aura tenue plus d'un siècle.



Voir aussi :

Histoire de la tour Eiffel


La tour Eiffel



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