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La peinture de la tour Eiffel


Comme toute structure métallique d'importance la tour Eiffel a besoin d'une couche de peinture protectrice pour garantir le bon état de conservation de l'ensemble. Dès sa construction elle a été ainsi protégé, mais il faut bien savoir que ce travail est à refaire régulièrement, et qu'il prend quand même un certain temps.


Les campagnes de peinture

De nos jours elles ont lieu tous les 5 ans (autrefois, c'était tout les 7 ans), et elles durent approximativement de 15 à 18 mois. La tour utilise des peintres spécialisés en milieu dangereux, car plus que des aptitudes de peintre, il faut avoir des aptitudes d'alpinisme pour s'atteler à une telle tache. Il n'est pas rare de voir, quand on monte par l'escalier, les ouvriers à l'oeuvre, avec leurs baudriers et cordes de sécurité. D'ailleurs entre deux campagnes la compagnie qui gère la tour laisse des mannequins encordés qui montrent comment travaillent les peintres. Lors d'une campagne de peinture les peintres ne sont pas si nombreux que ça, généralement un peu plus d'une vingtaine. La difficulté du travail consiste à limiter les risques d'accident mais la pénibilité, elle, réside dans le fait de travailler en suspension. Il devient difficile de forcer pour faire sauter un amas de peinture sèche par exemple. Il faut aussi savoir que les peintres ont un rôle d'alerteur : Ils repèrent les risques potentiels dû, par exemple, à la corrosion ou les faiblesses d'un rivetage dans des endroits où l'on peu difficilement aller.

Le travail de peinture est quand même assez pénible. Il faut repérer les éventuels points de faiblesse de la tour, décaper la peinture, nettoyer les parties à traiter et appliquer la peinture, et ça poutrelle après poutrelle, rivet après rivet.


La sécurité

Pendant une campagne de peinture on ne rigole pas avec la sécurité. Il faut prendre en compte la sécurité des ouvriers mais aussi celle des visiteurs, car la tour ne ferme jamais, y compris pendant les travaux. Pour la sécurité des ouvriers, il faut savoir qu'une campagne de peinture commence toujours par la pose de lignes de vie, des cables à hauteur d'homme, disposés sur toutes les structures, dont le rôle est de permettre d'ancrer les baudriers des peintres à tout moment. Les peintres ont des cordes de sécurité accrochées a des points fixes, et ils portent en permanence un bleu de travail et un casque.

La sécurité des visiteurs est assurée, elle par diverses mesures. Il y a par exemple la mise en place de grands filets de protection, que l'on voit parfois sous le premier étage de la tour. Mais il y a surtout le fait que les outils des peintres sont systématiquement attachés et ne peuvent donc pas tomber. Soit ils sont attachés à la ceinture de travail, soit aux poignets des peintres, mais on ne trouve jamais d'outils "libres".


Couleur de la tour Eiffel

Tout d'abord une curiosité : Savez-vous que le couleur de la tour Eiffel n'est pas uniforme ? Elle a 3 couleurs distinctes, dans les mêmes teintes. La plus sombre est appliquée près du sol, la plus claire recouvre les parties les plus hautes. C'est fait ainsi pour limiter l'impact visuel de la tour dans le ciel parisien.

De nos jours la couleur est le bronze, mais elle n'est pas définitive. En effet, entre deux campagnes de peinture, les visiteurs ont la possibilité de donner leurs avis sur la couleur à prendre pour la prochaine campagne. Bien sûr, ils n'ont pas le choix entre le vert et le bleu, mais entre différents tons de marron-brun-bronze. Il y a une boîte à suggestion au premier étage de la tour qui réceptionne ces choix. Il faut savoir qu'initialement la tour était brune-rouge. Plus tard, elle a pris un ton jaune-ocre avant de trouver sa couleur définitive dans les bruns.


Les chiffres d’une campagne de peinture

Durée des travaux
15 à 18 mois
Périodicité
7 ans
Surface à peindre
250 000 m2
Poids de peinture
50 tonnes
Peinture érodée
15 tonnes
Nombre de peintres
25
Coût
3 millions d'euros (En 2001, 4 millions en 2009)

Historique des campagnes de peinture

La protection des pièces métalliques de la tour Eiffel a été mise en oeuvre dès la construction, et en double couche.

Peintre au milieu du siècle

Peintre au milieu du siècle

La première était passée en atelier, avant même que les poutrelles ne soient sur le chantier, et la seconde sur le chantier, dès qu'elles étaient en place, elles étaient aussitôt recouverte d'une première couche en minium de fer. L’entrepreneur de peinture était Mr Nourisson, et c'est lui qui fit passer une seconde couche lorsque la tour fut terminée, en mars 1889. Celle-ci était à l’huile de lin. Deux mois plus tard il appliqua à nouvelle couche vernissée, c'est elle qui donna à la tour sa couleur brun-rouge. C'est durant cette application que fut adopté le système de peinture en dégradé : La tour était plus rouge au sommet et plus brune à sa base, mais cette technique a immédiatement été abandonnée. Elle ne sera à nouveau utilisée qu'en 1968, et elle l'est toujours. Mr Nourisson garantissait sa peinture une année, et elle coûta la bagatelle de 60 000 francs-or.

En 1892, il fallut faire un premier entretien de peinture. On fit appel à Mr Rivière qui lessiva la peinture précédente et appliqua une couche à l’huile pigmentée à l’ocre jaune. C'est là que l'on a vu la tour en ocre-jaune. Le coût fut de 57 000 francs-or, y compris la garantie en entretien pendant cinq ans.

La couche suivante fut appliquée en 1899, c'est cette année là que fut décidé de repeindre la tour tous les 7 ans, ce qui fut fait pendant tout le XXe siècle. Les années furent donc : 1907 1917 (un retard de 3 ans se produisit à cause de la guerre), 1924, 1932 , 1939, 1947. En 1954, puis en 1961, elle fut peinte en brun-rouge avant de trouver sa couleur définitive en 1968. Les autres campagnes eurent lieu en 1975, 1982, 1988, 1995, 2001, 2009. En 2001 il y eu une nouveauté, avec l'application pour la première fois de son histoire d'une peinture sans plomb, pour protéger l'environnement. En 2009 la peinture fut encore plus étudié pour protéger l'environnement, elle était quasiment dépourvue de solvant pour respecter les normes qui entrèrent en vigueur en 2012.


Ce qu'en disait Gustave Eiffel

C'est peu après la 2e exposition universelle de Paris, celle de 1900, que Gustave Eiffel écrivit son livre "La tour de 300m" qui récapitulait toutes ses connaissances sur la tour qui porte de nos jours son nom. Ce livre est très précieux, il permet d'avoir le point de vue du constructeur à tout niveau. Concernant la peinture, voici ce qu'il écrivait, à l'époque :


On ne saurait trop se pénétrer du principe que la peinture est l'élément essentiel de la conservation d'un ouvrage métallique et que les soins qui y sont apportés sont la seule garantie de sa durée. Cette considération avait pour la Tour une importance toute spéciale, en raison du petit volume qu'avait chacun des éléments qui la composaient, de leur faible épaisseur et des intempéries exceptionnelles auxquelles ils étaient exposés. On s'en est préoccupé tout d'abord dans le mode de construction, en rendant chacune des parties facilement accessibles afin de pouvoir faire en tout temps des visites destinées â reconnaître un commencement de rouille et à y remédier. Les arbalétriers, notamment, qui sont les parties les plus importantes et que l'on était forcé de constituer par des caissons fermés, ont une dimension telle que les hommes puissent y pénétrer; ils sont à cet effet munis d'échelles intérieures et de trous d'homme placés à chaque étage à peu de hauteur au-dessus des entretoises. Dès que, dans la partie supérieure de la construction, il a été possible de supprimer les caissons fermés, ils ont été remplacés par des sections en forme de cornières ou de simple T, telles que toutes les parois fussent visibles. Il en a été de même pour toutes les pièces secondaires formées par des caissons à jour en treillis dont l'entretien est des plus faciles.

Comme ce qui est le plus important est de s'opposer à un commencement de rouille, tous les fers pendant la fabrication à l'atelier furent conservés sous des hangars couverts, et au besoin soigneusement décapés; ils ne restèrent exposés à la pluie qu'après leur assemblage et qu'après avoir été revêtus sur toutes leurs surfaces extérieures, même celles qui devaient être recouvertes par des assemblages, par une bonne couche de minium de fer. On apporta les soins les plus minutieux à la pose de cette première couche, qui est la plus essentielle.

Au fur et à mesure du montage, on peignait la tête des rivets mis en place et on réparait les points où, par suite des manœuvres de levage, la première couche était dégradée. Ensuite deux couches générales furent superposées à la première.

La composition de la peinture était la suivante :

  • Minium de fer rouge vif de Venise : 0,42 kg.
  • Huile de lin : 0,36
  • Huile de lin cuite : 0,22
  • Total : 1,00

NOTE : La couleur initiale est déjà donné ainsi : "Rouge vif de Venise".

L'huile de lin était de provenance du Nord, tirée à clair, exempte de tout mélange d'huiles minérales, d'acides, de résines ou de toute autre matière. Le minium devait être exempt de toutes matières étrangères. On s'assurait par des essais chimiques que toutes les matières étaient absolument pures.

Les deux couches furent posées par M. Nourrisson au prix de 2,99 fr par tonne de métal et par couche. — La pose de ces deux couches revint à la somme de 57.328,30 fr.

La quatrième et dernière couche fut également posée par M. Nourrisson avec des matières fournies par la Société des Gommes nouvelles et Vernis. — Elle donnait une peinture vernissée très épaisse, d'un aspect extérieur très satisfaisant et d'une grande efficacité de protection. — Elle a été appliquée du 15 mars au 1er mai 1899 sur toutes les surfaces intérieures et extérieures des fers et fontes; n'en ont été exceptés que la frise décorative, les arcades en bois de la première galerie, les restaurants, les kiosques et les cages des ascenseurs, qui ont fait l'objet de marchés spéciaux passés avec M. Rivierre.

Les tons étaient d'une nuance brun rouge suivant échantillons; la nuance était variable de la base au sommet par tons dégradés en prenant les tons les plus foncés pour la partie inférieure. Le prix convenu pour cette couche, avec une garantie de un an, était de 50.000 fr à forfait, ce qui correspondait à un prix moyen de 8,00 fr par tonne de métal environ. Il a été payé en outre, pour 1.290 tonnes supplémentaires, une somme de 10.592 fr; elle a donc coûté au total 60.592 fr.

Cette couche donna toute satisfaction, et ce n'est qu'en 1892 qu'on jugea utile de procéder à une réfection.

La Société de la Tour passa un marché avec M. Rivierre pour le décapage des parties qui pourraient être oxydées, la pose d'une couche au minium de plomb sur celles-ci, le lessivage et nettoyage général de toutes les autres parties, et enfin la pose d'une couche générale de peinture. Celle-ci devait être formée de céruse garantie pure, d'huile de lin cuite première qualité et d'ocre (marque Parquin).

Le prix total à forfait a été de 57.000 fr, y compris garantie et entretien pendant cinq années. — Il ne s'appliquait ni aux parties déjà indiquées précédemment (restaurants, arcades, etc.), non plus qu'aux poutres sous le 1er et le 2e étage, aux faces intérieures des arcs et à l'intérieur des tronçons du sol au 2e étage, lesquelles n'avaient besoin d'aucune réfection.

Le marché suivit son cours régulier et ce n'est qu'en 1899, en vue de la nouvelle Exposition, que l'on dut repeindre à nouveau la Tour pour lui donner un aspect plus agréable. On s'adressa à MM. Georges Hartog et Cie, fabricants de vernis et peinture émail, qui s'engagèrent à poser deux nouvelles couches de leur peinture spéciale avec cinq nuances dégradées partant du jaune orangé foncé pour passer au jaune clair au sommet, pour la somme à forfait de 80.000 fr, y compris garantie et entretien pendant sept années. Le mode de payement est le suivant : 40.000 fr le 1er mars 1900, 20.000 fr le 1er novembre 1903, 20.000 fr à la fin de la garantie, soit le 1er mai 1907.

Les peintures décoratives sont comme précédemment en dehors du forfait.



Voir aussi :

Description de la tour Eiffel


La tour Eiffel



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