Le Colisée est le nom que l'on a donné à l'amphithéâtre de la ville de Rome. Son nom vient du mot 'Colosse', qui désigne un être particulièrement grand et fort. (voir à ce sujet le Colosse de Rhodes, l'une des 7 merveilles du monde. C'est un mot assez bien trouvé dans la mesure où il est vraiment grand et impressionnant, c'est d'ailleurs le plus grand de tous les amphithéâtres de l'empire romain.
Le Colisée
Tous les amphithéâtres romains se ressemblent, ils sont tous de forme ovoïde (c'est à dire en forme d'oeuf). Un mur à arcades en fait le tour, bien vertical et assez haut, et l'intérieur est composé d'une arène ovale de laquelle part des gradins étagés. Si initialement il n'y avait que deux étages au Colisée, l'empereur Domitien fit très vite construire un troisième étage, avec des gradins en bois, pour augmenter sa capacité d'accueil. Il fit également construire l'hypogée, c'est à dire les sous-sols de l'arène qui correspondent un peu aux coulisses de nos salles de spectacles modernes.
Architecture générale
L'architecture du Colisée montre un plan ovoïde, c'est à dire en forme d'oeuf. C'est une ellipse à plusieurs centres, mais d'un aspect général il est assez proche d'une plan ovale. La plus grande longueur fait 187,75m et sa largeur 155,60m, pour une hauteur constante de 50,75m. Il se compose d'un bloc en amphithéâtre encerclant une arène entourée d'une façade qui en fait le tour. Il y a quatre étages. L'espace entre l'amphithéâtre et la façade est fait de deux couloirs circulaires mitoyens par étage.
La façade et les couloirs intérieurs sont percés de 80 arcades de grandes tailles, arcades voûtées en plein cintre séparées les unes des autres par des demi-colonnes décorées. Cette succession d'arcades n'existent que sur les trois premiers niveaux, le quatrième, postérieur, est un mur plein, une pièce d'architecture que l'on appelle "attique" et qui est percé de petites fenêtres rectangulaires au rythme d'une arcade sur deux. Au sommet il y a une installation de pierre permettant de maintenir verticalement un mat : Répétée 240 fois, cette installation formait une couronne de mâts verticaux entre lesquels on pouvait tendre une toile : Le velarium.
Les gradins étaient répartis le long de la courbe de l'amphitéâtre. Les sièges les plus proches de l'arène étaient à 3m de hauteur, le mur qui lest sépare s'appelle un podium. De la première rangée à la dernière, on croise 7 anneaux concentriques, de plus en plus grands au fil de la montée dans les étages. Ces anneaux sont la structure du bâtiment, ils reposent sur des arcs déchargés par des murs de pierres qui leurs sont perpendiculaires. Plus on monte dans les étages, plus la courbe d'altitude augmente son coefficient : Ca signifie que plus on est haut, plus on est "au-dessus" de la personne devant, alors qu'en bas, on est plutôt "derrière" cette personne.
La façade
La façade du Colisée est magnifique, elle se compose de 4 niveaux dont les trois premiers sont ouverts par des arcades. Celles du bas mesure plus de 7m de haut par 4,2 de large, alors que celles des second et troisième étages font 6,45m de haut, toujours pour 4,2m de large. La constante de la largeur permet de ne pas avoir de décalage d'un étage à l'autre. Au rez-de-chaussée les arcades sont numérotées de 1 à 76, car 4 d'entre elles sont spéciales, il s'agit des entrées principales. Ces entrées principales étaient équipées d'une statue et avaient des décors de meilleures qualités que les autres.
Les arcades sont en plein cintre, c'est à dire que le sommet suis une courbe régulière, il forme un demi-cercle. Chaque arcade est séparée de la suivante par une demi-colonne, c'est à dire un mur dont un des bouts est hémisphérique (L'extérieur bien sûr). En haut des colonnes il y a systématiquement des décorations typiques de l'antiquité, mais elles varient en fonction des niveaux :
- Rez-de-chaussée : Dorique
- Premier étage : Ionique
- Second étage : Corinthien
Le style dorique est le plus simple, le plus épuré. Les colonnes sont à 20 canelures verticales et les chapiteaux ne sont pas décorés. Le style ionique est à 24 canelures, et les chapiteaux sont décorés de volutes. Le style corinthien, lui, correspond au baroque, c'est un style surchargé de feuilles d'arbres stylisés. L'utilisation de ces trois styles montrent probablement la volonté du constructeur de mettre en avant les évolutions artistiques connues durant l'antiquité.
Les quatre niveaux sont séparés les uns des autres par un plancher de pierre débouchant à l'extérieur par une corniche saillante sans décoration.
Le quatrième niveau est particulier. Extérieurement il ne dispose pas d'arcades, il ne s'agit que d'un mur droit percé de petites fenêtres rectangulaires à intervalles réguliers, en fait toutes les deux arcades des niveaux inférieurs. En architecture on nomme ça un attique. L'attique servait à exposer de grands boucliers décoratifs, un peu comme un mur d'exposition. Tout en haut du Colisée il y a une corniche assez large qui en fait le tour. Elle était percée de 240 trous (Il en reste quelques uns de nos jours). Au dessous de chacun il y a un encorbellement de petite taille, à approximativement 1,5m de la corniche. Il servait de poit d'appui aux mâts dépassant du sommet. Ces mâts passaient par les trous et étaient donc inamovibles. On y tendait les cordes pour ouvrir ou fermer une toile d'ombrage, le velarium.
La façade est la partie du Colisée la plus jolie, bien qu'en grande partie détruite sa partie conservée est impressionnante, malgré les outrages qu'elle a reçu.
Les gradins (Cavea)
La Cavea est le nom que l'on donne au trou formé au centre de l'amphithéâtre, c'est donc l'intérieur du Colisée. De nos jours la cavea est fortement dégradée, et seule une toute petite partie des gradins a été reconstruite, pour permettre de mieux appréhender ce que c'était autrefois.
Les gradins étaient répartis en rangées le long de lignes concentriques. La plus basse était à 3m de hauteur par rapport à l'arène, la plus haute à plus de 40m. Comme la vision était meilleure en bas, l'attribution des places étaient faites par secteur correspondant à un anneau concentrique, sachant qu'il y en avait 7. L'empereur était bien sûr tout en bas alors que la plèbe était au sommet. Les gradins étaient étagés selon une pente logarithmique, comme c'est le cas dans les salles de spectacles modernes. A la base, la pente ne fait que 30° alors qu'au sommet, elle fait 40°. Les gradins n'étaient pas équipés de sièges, ce n'était que des bancs en pierre. Il était fréquent que les spectateurs apportent leurs chaises pour avoir le meilleur confort possible, sachant que les journées, à l'amphithéâtre, était longues.
Pour améliorer le confort le Colisée était équipé de 70 fontaines à eau et des marchands de nourriture passaient pendant les spectacles. Vu que le monument pouvait accueillir jusqu'à 70 000 personnes il fallait pouvoir gérer les flux de façon efficace. C'était le rôle des vomitorium, qui sont des couloirs permettant de faire sortir les spectateurs. Leurs nombres a été calculés par rapport aux expériences des autres amphithéâtres de l'Empire romain, ce qui fait qu'il ne fallait pas plus de 5 minutes pour vider complètement le Colisée en cas de besoin. Le flux de spectateurs étaient particulièrement étudiés. Puisque chaque classe sociale avait sa tribune, il ne fallait pas qu'ils puissent se croiser dans les couloirs, chacun avait donc ses propres entrées, escaliers et couloirs qui le menait à sa place. Les classes sociales ne pouvaient donc jamais se mélanger, au Colisée.
Il existe un couloir spécial, il est derrière le podium duquel il ressort parfois sous forme de niche. On ignore encore à quoi il pouvait servir, mais certains chercheurs pensent que ça pourrait être une galerie de service pour positionner les archers en charge de la sécurité des spectateurs, vis à vis des animaux sauvages. Ce couloir n'était pas destiné au public puisqu'il n'était accessible qu'à partir du niveau du personnel.
Par ailleurs la cavea a été construite en 4 parties correspondant à 4 quarts de l'ovale. Ce qui est surprenant c'est qu'il y a une homogénéité de construction entre chaque quarts, légèrement différents des autres. On pense que tous ces quarts ont été construits ensembles mais sur les ordres de 4 architectures différents. C'est une façon assez originale de construire un tel bâtiment et ça explique ces légères différences.
L'arène
L'arène est de forme ovale, elle mesure 83m de long sur 48 de large. Le sol était un plancher, parfois remplacé par de la brique sur certains endroits. Pour les jeux qui s'y déroulaient on le recouvrait de 20 à 25cm de sable que les représentations anciennes montrent plutôt tassées, les personnes ne s'y enfonçant pas. Parfois, pour certaines grandes occasions, on mélangeait au sable des particules brillantes, ce qui permettait de lui donner un aspect particulier.
L'arène était 3m plus basse que les premiers gradins, c'était pour la sécurité des spectateurs. Mais parfois ce n'était pas suffisant, puisque les animaux sauvages peuvent, lorsqu'ils sont acculés, faire des bonds prodigieux. Pour éviter ça on ajoutait un filet autour des premiers rangs, et il y avait toujours des archers en place pour tuer l'animal qui parviendrait à monter dans les gradins. Le danger venait toujours des animaux, les gladiateurs, eux, étaient des professionnels qui ne cherchaient pas à attenter à la vie des spectateurs. Le mur de 3m qui surélève les gradins est appelé un podium, en architecture.
Les différents décors étaient amenés de différentes façons dans l'arène, l'une d'elle utilisait des ascenseurs. Et oui, il y avait plusieurs ascenseurs au Colisée, il s'agissait de machines mécaniques qui soulevaient des cages dans lesquels étaient placés ce que l'on voulait monter dans l'arène. Si ils étaient utilisés pour le décor, on s'en servait aussi pour monter les animaux sauvages.
L'Hypogée
L'hypogée est le nom que l'on donne aux caves d'un bâtiment antique, c'est la partie souterraine. Celle du Colisée a été faite dans un deuxième temps, après l'inauguration, sous l'empereur Domitien. Elle suit les contours de l'arène et se compose d'un grand axe qui la traverse. De chaque côté il y a une succession de couloirs menant à des salles. Le couloir extérieur est bordé par une succession de niches qui ont été construite dans la brique des fondations.
L'hypogée du Colisée est un vrai gruyère, il y a des passages un peu partout. L'inconvénient c'est qu'il a été remanié à plusieurs reprises dans son histoire, par exemple l'incendie qui a ravagé le bâtiment en 217 après JC. Il est donc impossible de savoir avec exactitude la fonction de chaque salle, chaque couloir, d'autant plus qu'elles ont dû changer avec l'histoire. L'état actuel de l'hypogée permet de voir les couloirs, les passages, sous l'arène, cette dernière n'ayant été reconstruite que partiellement. Mais l'hypogée ne se contente pas d'être sus l'arène, elle était aussi sous les couloirs du Colisée lui-même, mais d'une petite partie seulement. En fait, la partie sous les gradins, au bout de l'arène, sur un arc de cercle assez court. Ces deux parties contenaient d'autres salles, plutôt petites côtés Ouest, plutôt spatieuses côtés Est.
La fonction des souterrains correspond à nos coulisses modernes. On y stockait le matériel pour l'entretien du Colisée, mais surtout les éléments du spectacle qui s'y produisait, les acteurs s'y installaient en attendant leurs passages, les gladiateurs s'y préparaient, et on y entreposait les costumes, les accessoires nécessaires aux spectacles. Il y avait aussi des cages pour les animaux sauvages ainsi que d'autres pour les condamnées à mort.
Les matériaux
Le Colisée utilise plusieurs matériaux. Le principal est le travertin, une pierre calcaire, le marbre, pour des décorations, le tuf, une roche volcanique, la brique, et la chaux pour les liaisons. On s'est servi aussi de métal, essentiellement de bronze, pour lier les pierres entre elles.
En savoir plus sur les matériaux ayant servi à la construction du Colisée.
Le velarium
Le velarium est la toile qui était tendue au sommet du Colisée pour abriter les spectateurs du Soleil. Mais comment tendre une toile à 50m de hauteur, sur la longueur décrite par un ovale de 500m de long ?
C'est encore le génie romain qui résoudra le problème. Si on observe le Colisée de nos jours on constate qu'il y a un encorbellement à 2m du sommet à peu près, sous la forme d'une pierre saillante répétée tout autour de la façade. Il y en a 240 exactement, et elles sont échos à un trou dans la corniche, tout au sommet. A l'époque romaine on y avait planté 240 mâts servcant de support à un enchevêtrement calculé de cordes faisant le tour de l'amphithéâtre, laissant un trou central. Des sections de toiles pouvaient glisser sur ces cordes, ouvrant ou fermant cette sorte de "toit amovible".
Les cordages tait manoeuvrée par des marins aidés d'esclaves. Cette profession était la plus à même d'effectuer cette tache, étant similaire aux cordages des bateaux. Ils faisaient partie de la flotte impériale, ils étaient basés à la caserne Castra Misenatium. Pour attacher les cordes on utilisait des gros blocs d'amarrage à l'extérieur du Colisée, ils existent toujours, partiellement. A noter que les spécialistes ne sont pas tous d'accord puisque certains pensent que ces blocs servaient avant tout à réguler le flux de visiteurs les jours d'affluence.
Maquette sans velarium
Maquette avec velarium
Photos et reconstitution du Velarium : Jean-Pierre Dalbéra