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Auguste Perdonnet


Auguste Perdonnet

Auguste Perdonnet

Biographie

Auguste Perdonnet est l'un des 72 savants dont le nom est inscrit sur le premier étage de la tour Eiffel. Il est le 4e, sur la face tournée vers l'Ouest.


Albert-Auguste Perdonnet, ingénieur, est né en 1801, à Paris. Il est mort à Cannes, en 1867. Il fit ses études en partie au Collège Sainte-Barbe, en France, puis en partie chez le célèbre Pestalozzi, à Yverdun, en Suisse. Il entra en 1821 à l'École polytechnique, qu'il quitta avant la fin des études réglementaires, en 1822, pour se faire simple ingénieur civil. D'une imagination fougueuse et d'un esprit très libéral, il rêvait les grands travaux et la vie très active. Il s'enrôla dans la même voie que les Flachat, Lamé. Pereire, Polonceau, Talbot, etc., et se consacra à la construction et à l'exploitation de nos premiers chemins de fer, dont il s'occupa non seulement comme praticien, mais aussi comme théoricien. Il fut un des croyants de la première heure et n'hésita pas à donner toutes ses facultés, tout son loisir, toutes ses ressources à ces vastes entreprises. Professeur éloquent, audacieux dans ses développements et dans ses prévisions, Perdonnet fut traité d'insensé, lorsqu'il ouvrit à l'Ecole centrale des Arts et Manufactures un cours de chemins de fer, en annonçant l'immense révolution que leur établissement provoquerait dans notre industrie, dans notre commerce, dans nos habitudes, et cela avant un temps peu éloigné.

Perdonnet était directeur du matériel de la ligne gauche de Versailles, lorsque se produisit le terrible accident du 8 mai 1842, dans lequel l'amiral Dumont d'Urville trouva la mort avec beaucoup d'autres victimes. Quand il arriva sur le lieu du sinistre, son impression fut tellement forte que ses cheveux blanchirent en quelques instants. Il atteignait à peine quarante et un an. Il avait suivi les cours de Vauquelin, l'illustre chimiste, et il aimait à expliquer, avec la théorie de son maître sur cette matière, la décoloration subite de sa chevelure abondante, transformation causée par une vive émotion. Vauquelin, mort en 1829, avait assisté à des accidents semblables pendant la Révolution, et, dans un mémoire célèbre présenté à l'Académie des Sciences, le 3 mars 1800, il supposait que dans ces moments de crise où la nature est bouleversée, et où conséquemment les fonctions physiologiques sont suspendues ou changées de caractère, il se développe dans l'économie animale un agent qui, passant jusque dans les cheveux, en décompose la matière colorante. Mais quel agent pourrait produire cet effet ? Les acides seuls en paraissent capables. Ce qu'il y a de certain, cest que des cheveux noirs plongés pendant quelque temps dans un acide, et notamment dans l'acide chlorhydrique oxygéné, blanchissent très sensiblement. La production rapide d'un acide dans l'économie animaie ne paraît pas impossible, en considérant qu'un mouvement de colère chez les hommes, aussi bien que chez les animaux, suffit pour changer la nature de certaines de leurs humeurs et les rendre toxiques, et en voyant que le fluide électrique détermine même souvent dans les matières animales et végétales la formation ou au moins le développement d'un acide ou d'un alcali, suivant les circonstances. C'est de la bouche même de Perdonnet, en 1803, que nous avons recueilli cette théorie chimique très rationnelle et conforme aux lois physiologiques. A cette époque, le célèbre ingénieur avait encore une belle et longue chevelure, mais d'une blancheur éblouissante et qui lui donnait véritablement grand air.

Perdonnet a laissé un nombre considérable d'ouvrages sur la métallurgie et tout ce qui touche aux travaux multiples de l'ingénieur. Son ouvrage classique est un livre magistral intitulé : Traité élémentaire des chemins de fer. Président de l'Association polytechnique, il a fait des conférences populaires qui attiraient la foulet sur toutes les questions de sciences et de progrès à l'ordre du jour. D'une haute stature, parlant d'abondance et en termes éloquents, il laissait une trace profonde dans la mémoire de ses auditeurs qui l'applaudissaient avec enthousiasme.

Nous nous souvenons d'un fait mémorable qui le dépeint tout entier. On lui avait demandé de présider la distribution des prix à la fin de l'année scolaire 1861, au Collège Sainte-Barbe. Quand il arriva, quelques instants avant la cérémonie, le directeur de cette célèbre institu-tion, Alexandre Labrouste, homme lettré, classique, très fin et spirituel, et qui préparait toujours avec le plus grand soin les excellents discours qu'il nous faisait annuellement, le regarda avec inquiétude, ne lui voyant aucun papier en mains, et lui demanda s'il avait pensé à rallocution imposée au président. — "Je n'ai rien préparé du tout, répondit Perdonnet, et je ne sais même pas ce que je vais dire à nos enfants. Cela dépend même de ce que vous direz vous-même, puisque vous parlez le premier. Mais soyez sans crainte. Je m'en tirerai et je vous fournirai même des citations latines." Alexandre Labrouste fut atterré. C'était la première fois qu'un discours classique serait prononcé sans avoir été longuement mûri et travaillé. Et ce ne fut pas sans effroi qu'il donna le signal du départ pour le lieu de la solennité, où se trouvaient réunies plus de deux mille personnes. Et une heure après, lorsqu'il eut terminé la lecture si claire et si nette de son discours, dont nous ne perdions jamais un trait, ce n'est pas sans trouble qu'il dit : "La parole est au président, le camarade Perdonnet." Auguste Perdonnet se leva, dominant de sa haute stature toute l'assemblée, en frac noir, mais cravaté du cordon de commandeur de la Légion d'honneur, la poitrine couverte de décorations, la tête blanche, le regard perçant. Il exerça tout de suite une impression de grandeur sur l'auditoire. Il promena ses yeux sur l'assistance et commença avec majesté.

Jamais nous n'avions assisté à un spectacle semblable, et nos professeurs le trouvaient d'un détestable exemple. Jamais cependant, nous entendîmes un discours aussi beau, aussi éloquent, aussi pénétrant. C'était le cœur qui parlait, et l'on sait que c'est un inspirateur sans pareil. Nous eûmes des citations latines, même grecques — ce qui lui valut l'indulgence de notre cher directeur, qui ne lui pardonna qu'à moitié l'immense succès obtenu contre toutes les règles qu'on nous enseignait. — "Cela n'empêche pas, dit Alexandre Labrouste, vous m'avez fait joliment peur. Mais il faudra m'écrire votre discours pour que nous puissions le faire imprimer dans notre compte rendu. — Jamais de la vie, répondit Perdonnet, car je ne m'en souviens plus. Mais, si vous voulez, je vous composerai un autre discours. — Je m'en doutais, répliqua Labrouste ; aussi on a eu le soin de sténographier vos paroles."

D'un cœur chaud et généreux, Perdonnet ne cessa jamais d'accueillir les jeunes savants, avec la plus grande bienveillance, et de patronner les idées nouvelles, les innovations utiles. Il fut un apôtre scientifique dans toute la force du terme. Il a rendu des services signalés au progrès et à l'Ecole centrale des Arts et Manufactures, cette féconde pépinière des ingénieurs modernes et dont il a gardé la direction pendant plusieurs années jusqu'à sa mort. La ville de Paris a donné le nom de Perdonnet à une des rues qui avoisinent la gare des chemins de fer de l'Est, sur la rive droite de la Seine. Le portrait ci-dessu a été fait d'après nature, en 1864, par M. H. Rousseau. L'original appartient à M. L. Guiguet, dessinateur de haut mérite, qui a été pendant de longues années un des professeurs de l'Association polytechnique, présidée par Auguste Perdonnet, et qui a rendu tant de services à l'enseignement public.



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