Mais qui a bien pu construire le Taj Mahal ? Un si grand édifice n'a pas pu être construit avec une équipe réduite, et l'organisation du chantier a forcément été d'une grande efficacité pour parvenir à ce point de réussite. Cette page a pour but de répondre à la question "Qui a construit le Taj Mahal ?"
Qui a construit le Taj Mahal ?
Si on parle de l'initiateur du projet, c'était Shah Jahan, le 5e empereur de la dynastie Moghole qui régna sur l'Inde du XVe au XIXe siècle. Il a lancé ce projet grandiose pour offrir une tombe digne de l'amour qu'il portait à sa 3e épouse, morte en couche lors de la naissance de son 14e enfant.
Mais Shah Jahan n'était que le donneur d'ordre, il commandita la tombe, avec son jardins, sa terrasse, son mausolée, mais il ne participa pas à l'élaboration du projet.
Les documents relatifs à la construction du Taj Mahal
Finalement nous n'avons que peu de documents sur la construction du Taj Mahal, il est donc assez difficile de retracer l'histoire de ce projet. D'autant plus que selon la tradition musulmane, au XVIIe siècle, un bâtiment était attribué à son initiateur, financier et bénéficiaire et pas à son concepteur, architecte, et encore moins aux ouvriers. L'histoire nous a donc appris que le Taj Mahal a été construit par Shah Jahan.
Mais nous disponsons quand même de plusieurs listes d'origine perses dans lesquels se trouvent le nom et l'origine de certains artisans ayant pris en charge un travail donné sur le monument. Grace à ces documents nous constatons que le nombre d'artisans devait être très faible, ce qui est incompatible avec l'énormité du travail à accomplir. Il existe une théorie communément admise de nos jours qui considère que les noms inscrits correspondent aux chefs d'équipe, à la personne responsable d'un travail donné mais que ce travail a été fait par une équipe plus importante. D'ailleurs le coût des travaux prouvent, par leurs prix élevés, que ça correspondait aux salaires de plusieurs personnes et pas d'une seule.
Ces documents sont aussi intéressants car ils montrent la variété d'origine des artisans. Ainsi on sait que les sculpteurs étaient plutôt de Boukhara, les calligraphes de la Syrie et de la Perse, les ouvriers faisant les incrustations de l'Inde du sud, les coupeurs en pierre de Baluchistan, etc. D'autres régions étaient largement représentées : le Rajasthan, le Malwa, le Gujarat et le Punjab, par exemple.
Quand aux métiers, ils sont cités au nombre d'une bonne quarantaine et correspondent à ce à quoi on s'attend sur un tel chantier : Il s'agit de dessinateurs, de maçons, de tailleurs de pierre, de sculpteurs, de marqueteurs, de construction de dôme, de calligraphes, de charpentiers et de concepteurs de jardins, par exemple.
Les principaux artisans
Le chroniqueur de la cour moghol Lahouri indique dans ses récits que Shah Jahan demanda à ce que les bâtiments soient réalisés par des artisans choisis après de longues réflexions, une fois leurs compétences avérées. Deux architectes sont communément cités, d'après les écrits du fils de Lahauri, Lutfullah Muhandis :
- Ustad Ahmad Abdullah Lahauri
- Mir Abd-ul Karim
Ustad Ahmad Abdullah Lahauri a réalisé les fondations du fort rouge de delhi, tandis que Mir Abd-ul Karim était l'architecte favori du père de Shah Jahan Jahangir et qu'il fut notifié comme superviseur, avec Makramat Khan, de la construction du Taj Mahal. Il semble de Lahauri ait été l'architecte en chef alors que Mir Abdul Karim Khan et Mukkarimat, de Shiraz, ai plutôt été les gestionnaires du chantier : Finances, achats, versements des salaires, etc. L'un s'occupait donc du projet, les autres de son exécution.
Le dôme nécessite des compétences très particulières, aussi bien pour sa conception que pour sa réalisation. Rappelons que les dômes de l'architecture moghole sont doubles : Une surface extérieure, que l'on voit, et une surface intérieur, qui correspond au plafond de la salle principale. C'est Ismail Afandi, de l'empire Ottoman, qui fut en charge de la conception de la coupole principale.
Ustad Isa et Isa Muhammad Effendi, de Perse, était des concepteurs architecturaux, des architectes. On cite également le nom de 'Puru' de Benarus, en Perse, en tant qu'architecte superviseur. Les dorures étaient sous la responsabilité de Qazim Khan, de Lahore. Le chef sculpteur était de Delhi, on le nomme Chiranjilal. Il avait aussi la responsabilité des mosaïques. Le calligraphe semble avoir été Amanat Khan de Shiraz, en Iran. Le dessinateur était Ustad 'Isa Afan di, de Shiraz. Ran Mal était le dessinateur des jardins, il venait du Cachemire. Pira était maître charpentier de Delhi, quand aux constructeurs du dôme, ils ont ont travaillé sous la responsabilité d'Ismail Khan Rumi. Enfin les maçons étaient sous la supervision de Muhammad Hanif.
Qadir Zaman Khan a été mentionné comme dar-har-ek-phan-ustad-e-kamil, c'est à dire un expert des techniques de construction qui consistaient à creuser et remplir les fondations, la maçonnerie, la pose de pierres, le levage des blocs de grands poids par des cordes et des poulies, la manipulation des niveaux, l'entretien du drainage et des dizaines d'autres techniques en plus. Mir-Imarat, lui, était en charge de l'ensemble de la construction du Taj Mahal, il a réalisé l'achat et l'emmagasinage des matériaux, le recrutement d'artisans et d'ouvriers et de décaissement des salaires. Il a également coordonné l'ensemble du travail.
Les livres de comptes
Les livres de comptes établis lors de la construction du Taj Mahal sont une bonne source d'information sur les travailleurs du monument. On y lit par exemple que Ata Muhammad, tailleur de pierre, était payé 500 roupies par mois. Shakir Muhammad, de Boukhara, en recevait 400 alors que Muhammad Sajjad, un maçon de Multan et Chiranjilal un façadier de Lahore étaient payés respectivement 590 et 800 Roupies par mois. Comment était-ce possible sachant que le salaire normal de tels ouvriers étaient de 15 roupies par mois seulement ? Autre question, qui est lié : Pourquoi aller chercher des ouvriers si loin sachant que la civilisation indienne est connue pour la qualité de sa sculpture, de ses constructions ?
La réponse est simple : Ces personnes qui sont cités dans les livres de comptes ne sont pas des ouvriers mais des entrepreneurs, des chefs d'équipe qui avaient la responsabilité de certains travaux et qui les faisaient faire par des ouvriers qualifiés, probablement issus des populations locales. Ces sommes faramineuses étaient donc redistribuées entre plusieurs personnes, et le nombre de travailleurs sur le chantier était bien plus important que ce qui est indiqué dans ces livres de comptes.
Les ouvriers
Les personnes ayant effectivement réalisées le travail de construction du Taj Mahal sont inconnus. Nous savons de nos jours qu'il y a eu 20 000 personnes sur ce chantier gigantesque, au fil des années. La plupart recrutés en Inde du Nord, à proximité d'Agra. A titre de comparaison, l'empereur Bâbur employait 1491 tailleurs de pierre qualifiés sur la construction de ses bâtiments à Fatehpur Sikri, à Bayana, à Dholpur et à Gwalior et 680 sur les bâtiments d'Agra, ce qui, par rapport au Taj Mahal, étaient des œuvres très mineures.
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