Le mausolée en marbre blanc du Taj Mahal est probablement le bâtiment le plus connu d'Inde. Sa structure, sa symétrie, ses proportions en font un des éléments du patrimoine mondial parmi les plus beaux, tout pays confondu. Et le fait de s'en approcher rend l'expérience tout aussi intéressante que sa simple vision de loin, ou sur une photo : Les décorations scripturales ou florales, qui représentent la majorité des éléments du décors du monument, rivalisent de beauté avec le bâtiment lui-même.
La suite de cette page donne une description précise du mausolée. Les autres bâtiments ou jardins du Taj Mahal, qui est un site de grande taille comporant plusieurs parties, sont expliquées sur la page contenant la description du Taj Mahal.
Le mausolée, un écrin de marbre blanc
Le mausolée de marbre blanc est ce à quoi pense toute personne connaissant le Taj Mahal, c'est à dire une bonne partie de la planète. En fait il n'est pas complètement en marbre, contrairement à ce que la légende veut. Il est en briques de grès rouges, comme bon nombre de bâtiments de la région et comme le sont les autres monuments du complexe. Le grés, c'est une roche issue de l'agrégation de sable. Ca peut être une roche très dure, mais ici elle est d'une dureté standard, donc elle peut se corroder. C'est tout autant pour le protéger que pour l'embellir que le constructeur l'a fait recouvrir de plaques de marbre blanc. Cette couleur blanche, ce n'est donc qu'un plaquage, le Taj Mahal n'est pas construit en bloc de marbre.
Le mausolée du Taj Mahal
Si le blanc a été choisi pour sa beauté, il l'a aussi été pour sa capacité à capter la couleur du ciel et de son environnement. Ainsi, en fonction de l'heure de la journée, vous le verrez rouge, orangé, tendant vers le bleu, le violet, ou avec des reflets verts. Le mausolée prend toutes ces couleurs de façon indistincte, et il est commun de dire qu'il change de couleur à tout bout de champs. Ce n'est pas vrai, mais visiter le monument de bonne heure, le matin, vous donnera une sensation différente que si vous le faite le soir. En pleine journée d'été, par un franc soleil, il faudra même des lunettes de soleil tellement le blanc est agressif.
Une symétrie à l'épreuve des mathématiciens
Le mausolée a été conçu sur la base d'un plan symétrique. La symétrie, chez les moghols, était très importante, elle signifait l'ordre, la rigueur, la précision, la perfection. C'est pourquoi l'imagerie du Paradis est associée à la symétrie parfaite des choses, comme le Coran le cite. Et les Moghols, ne l'oublions pas, étaient avant tout des musulmans, même si les 5 premiers empereurs, ceux qui ont fait la grandeur de cette dynastie, étaient peu pratiquant et pronaient l'ouverture religieuse. (Ce ne fut pas le cas du 6e, Aurangzeb, qui é tait très pieu.
Si, dans l'esprit des Moghols, la symétrie est synonyme de perfection, tout dans l'entourage de l'Empereur devait être symétrique, et encore plus le mausolée de la femme de l'Empereur quand, pour son malheur, celle-ci s'éteignit, en 1631. Elle s'appelait Mumtaz Mahal et son mari, Shah Jahan, décida de lui construire la plus belle tombe qui puisse exister. Evidemment, cette tombe devait être dans la tradition architecturale des Moghols, et la symétrie devait y entrer pour une grande part.
Force est de constater que le pari fut réussi. L'ensemble du monument est parfaitement symétrique à quelques exceptions près, de nature pratique : Les escaliers. Deux d'entre eux montent à l'étage, un côté Nord et un au Sud. Ils ne sont pas symétriques l'un par rapport à l'autre mais se font face. Le 3e escalier mène à la crypte où comme le veut la tradition musulmane, les corps doivent être mis en terre. Il fallait donc bien pouvoir descendre au niveau du sol, ce qui est fait par cet escalier que le visiteur ne peut pas emprunter. Pour avoir une parfaite symétrie il aurait fallut creuser 4 escaliers, un par côté, mais ce n'est pas ce qui a été fait, il n'y en a qu'un. Pour pouvoir voir les tombes, deux cénotaphes ont été installés dans la pièce centrale (Un cénotaphe, c'est une fausse tombe, une tombe dans laquelle il n'y a pas le corps du défunt). Le plus grand est en plein centre, juste sous la voûte. C'est celui de Mumtaz Mahal. L'autre, tout aussi travaillé mais légèrement plus petit, c'est celui de Shah Jahan. Comme il est à côté de celui de sa femme, il brise la symétrie. C'est d'ailleurs la même chose dans la crypte, la position des tombes est identique à celle des cénotaphes.
Plan du mausolée du Taj Mahal
Le reste du mausolée est rigoureusement symétrique. Quatre côtés de même taille, offrant chacun un large iwan (porche très large et haut typique de l'art islamique), parés de deux iwans plus petits. Chaque côté rejoint le suivant par un angle tronqué contenant un autre iwan, petit. L'étage est composé de ces mêmes petits iwans parfaitement superposés. Sur le toit le dôme est central, de forme ronde. Il y a quatre dômes plus petits, au quatre angles. Rien dans la structure extérieure du mausolée ne vient briser la parfaite symétrie du monument, si ce n'est les deux escaliers menant à l'étage et habilement masqué par la façade.
A l'intérieur on retrouve la même symétrie. Les quatre iwans principaux mènent à 4 salles intermédiaires richement décorées, reliés à la fois à la salle centrale et aux quatre chambres secondaires, octogonales. Elles contiennent, mis à part les 4 "couloirs" y menant, une sorte de petit bassin central. Tous les iwans secondaires mènent à une chambre secondaire. Tout le plan est fait de façon à orienter le visiter vers la salle principale, une merveille de perfection dans les proportions. Le plafond, très élevé, est très bien décoré lui aussi.
Le centre de la salle principale, celles de cénotaphes, possède en son centre une balustrade délimitant l'espace interdit. En regardant précisément, vous pourrez constater que cette balustrade est en marbre sculpté, incrusté de pierres semi-précieuses. La fabrication de cette balustrage a dû prendre un temps fou et probablement demandé le travail de nombreux artistes expérimentés. Elle est à elle seule une raison de visiter le monument tellement la qualité du travail est extraordinaire. Les motifs représentés sont de type floraux, essentiellement des raisins, des fruits divers et des fleurs, ils sont tellement parfaits que correctement colorés, ils pourraient passer pour réels. Il faut noter que toute la balustrade a été polie, ce qui représente un autre travail gigantesque.
Les proportions
Construire un monument parfaitement symétrique n'est pas si complexe que ça, si l'on exempte à la fois la taille imposante de celui-ci, la qualité de son exécution et les richesses dont il a été paré. Par contre, faire un bâtiment bien proportionné est beaucoup plus difficile, surtout qu'à l'époque de sa construction (1631-1653) il n'existait que peu de moyens de simulation. La forme même du Taj Mahal est assez originale, dans la mesure où il était peu fréquent d'avoir à construire un bâtiment aussi grand. Sa taille permit des fantaisies, comme mettre 12 iwans secondaires aux 4 principaux, mais c'est sa proportion entre la largeur des côtés et sa hauteur qui est la plus originale. Habituellement, les membres de la noblesse moghole se faisait construire des mausolées moins hauts, dont la proportion les rendait plus proche du sol, moins aérien. Les dômes, qui étaient fréquents, ne parvenaient pas à les rendre aussi haut. Au Taj Mahal au contraire c'est tout le monument qui pousse vers le ciel, le dôme ne venant qu'apporter une "flèche" supplémentaire, un peu comme les cathédrales gothiques de l'époque du Moyen-âge, en occident.
Pour renforcer cette impression le dôme a été posé sur un tambour, une pièce d'architecture cylindrique de la largeur de la base du dôme. Il le surélève, tout comme l'est le dôme du Capitole, le siège du Sénat américain (par exemple). Mais ici, c'est de 7m. Le dôme du Taj Mahal est accompagné par 4 autres dômes plus petits posés sur des sortes de tours octogonales très ajourées puisque chacun des 8 côtés est largement ouvert par un découpage du mur en forme d'ogive. Ces dômes annexes ont une différence de taille avec le principal : Il ne sont pas bulbeux. Ces dômes annexes sont peut-être les seuls reproches que l'on pourrait faire au monument complet : Ils sont trop proches du principal, ce qui l'alourdit un peu. C'est dû au fait qu'ils sont piles au-dessus des chambres secondaires, le plan étant fait ainsi.
A l'intérieur aussi les proportions sont idéales. La preuve en est sur les dimensions de la salle centrale, mesurant 35m de diamètre pour 35m de hauteur sous plafond, ou l'espacement parfaitement identique entre chaque chambre secondaire ou salle intermédiaire. Même la balustrade centrale est d'une proportion idéale : 8m par pan, elle occupe la partie centrale de la grande pièce.
Le style du Taj Mahal
Le style du Taj Mahal est particulier, c'est en fait un mélange. Il est à la croisée des architectures perses, islamiques et indiennes, et il y a des raisons précises à ça.
Il a été construit entre 1631 et 1653 par Shah Jahan. Ce dernier était empereur moghol, une dynastie ayant régnée sur l'Inde du XVIe au XIXe siècle, mais son fondateur, Bâbur, était issu d'une famille turco-mongole. Il est musulman par son père mais avait du sang mongole par sa mère, une descendante de Genghis Khan lui-même. Lorsque l'islam s'est répandu à partir du VIIIe siècle elle a apporté avec elle un style architectural propre aux civilisations arabes dont a hérité Bâbur. Ses descendants ayant colonisé par la force le Nord de l'Inde, avant de coloniser toute l'Inde, ont dû s'adapter aux peuples conquis, majoritairement des hindous, des sikhs et des rajputs, mais aussi des bengalis, des afghans, etc. La plupart était hindous et purent conserver leurs traditions, leurs religions, sans que ça posent trop de problèmes aux différents empereurs, peu enclin à imposer l'islam sur leur terre (à l'exception notable d'Aurangzeb, fils de Shah Jahan, mais il arrivera plus tard).
Il était donc normal que, baignant dans la double culture islamo-hindou, leurs architectures aient évolués ainsi. D'ailleurs l'architecture n'a pas été le seul domaine où un tel mélange s'est retrouvé : L'art de la miniature, fortement connoté islamique, évolue rapidement dans un style hindou sous la protection des empereurs moghols. La danse, la musique également, mais les témoignages sont plus rares. Quand à la culture perse, elle est très ancienne et réside sur l'actuel zone Iran-Afghanistan-Pakistan, plus bon nombre de pays de l'ex-URSS (Tadijikistan, Ouzbekistan, etc.) Tous ces peuples étaient d'origine perse et partageaient un style de vie. D'ailleurs en Ouzbékistan l'architecture est très proche de ce qu'on peut voir au Pakistan, en ce qui concerne les monuments. La proximité de l'Empire moghol et des Perses ont favorisé les échanges, même si il faut bien dire que l'histoire a plus légué de conflit entre les deux puissances que de frutueux échanges commerciaux. C'est don ctout naturellement qu'une partie de l'art perse s'est retrouvé dans l'art moghol, et vice-versa.
Mais il y a une autre raison de la présence d'art perse dans le Taj Mahal : C'est que Mumtaz Mahal, celle pour qui il a été construit, était perse. Il était donc normal que shah Jahan ait inclu des éléments décoratifs typiques de sa région.
Le style islamique
Il se trouve essentiellement dans la décoration. Selon la religion islamique l'abondance de végétations, d'animaux indique le bien être. C'est une symbolique du Paradis. Shah Jahan a donc fait sculpter quasiment que des motifs floraux sur le Taj Mahal, passant parfois avec des motifs animaliers. La symétrie parfaite est aussi un symbole du Paradis, comme c'est indiqué plus haut. Rien que le fait que le Taj Mahal soit symétrique est un signe de l'influence musulmane dans sa construction, encore que se soit partagé par l'art perse.
Le style hindou
On le trouve dans l'allure générale du monument, et plus particulièrement dans ses ouvertures, et dans la régularité des formes, mais on le trouve aussi dans les décorations qui, si elles sont souvent de style islamisant, sont aussi parfois de style hindou.
Le style perse
Le style perse est reconnaissable par les iwans. Les iwans, que l'on retrouvent sur beaucoup de monuments de l'Asie centrale, est un large porche en forme d'ogive, peu profond. Il est le pendant des proches de cathédrales gothiques, en Europe. Le taj Mahal possède 4 iwans principaux et 12 secondaires, plus petits, sur le rez-de-chaussé, et 12 de plus sur l'étage. Le dôme est aussi un élément d'architecture perse. Légèrement bulbeux, il est l'incarnation des châteaux des mille et une nuits, et on le retrouve dans la plupart des mausolées moghols depuis deux générations seulement, avant il n'y en avait pas.
Pour en savoir plus sur les influences artistiques du Taj Mahal, consultez la page sur l'histoire de l'art, dans la partie "Niveau secondaire ou supérieur".
Les décorations
Les façades du Taj Mahal sont décorées de façon très précises, avec des incrustations et une marqueterie lapidaire essentiellement en marbre. Les motifs sont répétés de face en face, tout autour de l'édifice. On n'y trouve jamais de représentation anthropomorphiques, c'est dû au rejet de telles représentations par l'islam. Du coup, les motifs sont essentiellement floraux, végétaux, abstraits ou calligraphiques. C'est un motif abstrait qui est le plus utilisé, le chevron. Il l'est essentiellement pour joindre les différents éléments entre eux. Lorsque la taille de la surface change, par exemple à l'intérieur d'un iwan, les motifs ne sont pas adaptés, ils sont justes reproportionnés. Ca signifie qu'ils sont identiques, juste un peu plus petits. Les incrustations sont le plus souvent en marbre noir, mais ça peut être aussi du jade.
A noter que les inscriptions les plus hautes sont sensiblement plus larges que celles du bas pour conserver l'échelle d'écriture. Certaines de ces décorations ne sont pas des incrustations, on y trouve parfois des bas-reliefs, du stuc et, plus rarement, de la peinture.
Une étude assez poussée de l'iconographie du Taj Mahal nous montre qu'il possède un ensemble de 46 espèces de plantes différentes, représentant 42 genres et 29 familles reconnaissables, mais certaines plantes ne le sont pas, et pour la bonne raison qu'elles n'existent pas. En effet, les artistes de l'époque voulaient rendre la décoration du Taj Mahal la plus belle possible, sans s'occuper de la véracité de leurs représentations. Donc pour eux, si une plante est belle, elle y figure, sinon ils la créent de toute pièce !
Incrustations dans le marbre
Incrustations dans le marbre
Incrustations dans le marbre
Incrustations dans le marbre
Incrustations en forme de chevron
Incrustations dans un pilier
Sculpture en 'pierra dura'
Détail des sculptures en marbre
Sculpture en 'pierra dura'
Détail des sculptures en marbre
En savoir plus sur la décoration du mausolée.
Quelques éléments qui le composent
La balustrade
La balustrade se trouve dans la chambre principale, à l'intérieur du Taj Mahal. Cette chambre est octogonale, aux côtés réguliers. Au centre se trouve les cénotaphes de Mumtaz Mahal et Shah Jahân. Pour les protéger, ils sont entourés d'une balustrade dont la qualité d'exécution est d'une rare exemplarité.
Elle est elle aussi octogonale, disposée de façon à suivre les côtés de la pièce. Chaque pan mesure 8m de long pour 1m20 de haut. Elle est en marbre, taillé. Chaque élément est un entrelac de motifs floraux, d'abord taillé à la main, puis poli jusqu'à obtenir un aspect brillant lisse. La finesse de la grille est sans doute ce qui marque le plus, et pourtant les incrustations de pierres semi-précieuses qui se trouvent dans la frise supérieure - elle aussi travaillée - sont d'une grande réussite et de toute beauté.
Un des pans de la balustrade est ouvert, permettant l'accès aux cénotaphes, mais il est interdit aux visiteurs de s'y rendre.
Balustrade à l'intérieur du Taj Mahal
Balustrade à l'intérieur du Taj Mahal
Décor supérieur de la balustrade à l'intérieur du Taj Mahal
La frise de la balustrade à l'intérieur du Taj Mahal
Les façades
Si le mausolée du Taj Mahal nous parait si joli,c'est évidemment pour ses façades, car ce sont elles auxquelles on pense dès qu'on pense au monument. Les façades du mausolée sont caractéristiques en plusieurs points. Tout d'abord, il faut savoir qu'elles sont parfaitement symétriques puisque le bâtiment lui-même est un modèle de symétrie. Chaque façade est identique à sa voisine, à l'exception notable de :
- L'inscription calligraphiée, qui diffère de face en face,
- L'escalier montant au toit, que l'on trouve que sur les faces Nord et Sud.
Toutefois, ces escaliers sont masqués par l'architecture ingénieuse du monument, donc lorsqu'on le regarde on ne les voit pas.
Chaque façade est composé d'un porche géant, particulièrement élevé et peu profond par rapport à sa hauteur. On appelle ça un iwan. Un iwan estun élément architectural perse, on en retrouve énormément dans les bâtiments - surtout religieux - de l'ancien empire perse, de nos jours en Iran, mais aussi en Ouzbékistan, au Turkmenistan, etc. Chaque iwan est en forme d'ogive, ce qui est d'ailleurs à rapprocher des ogives de l'art gothique occidental. Pourquoi une telle forme, pour les deux religions ? Sans avoir de connaissances d'architecture religieuses, on peut imaginer que cette forme de pointe dressée vers le ciel est une invitation à se rapprocher du très-haut, une invitation que l'on retrouve dans les deux religions.
Façade du Taj Mahal
Chaque iwan principal de la façade du Taj Mahal est entouré d'un cadre en marbre blanc sur lequel est incrusté des inscriptions calligraphiques de versets du Coran. La partie supérieure est décorée de fleurs dont la plupart existent réellement. Ici, elles sont stylisées, mais parfois elles sont reprduites avec une grande exactitude.
Le fond de l'iwan est percé de deux portes totalement identiques, l'une au-dessus de l'autre. Celle du rez-de-chaussée sert d'entrée normale au monument, l'autre est en fait la fenêtre de l'étage, mais comme elles sont similaires, on a l'impression de deux portes superposées. En y regardant de façon précise on constate quand même que la fenêtre est légèrement plus petite dans la porte, mais c'est tout. La fenêtre donne sur une sorte de balcon mais très étroit et sans balustrade, c'est donc juste un élément décoratif de plus servant à souligner le passage vertical entre le rez-de-chaussée et l'étage. La porte est elle-même décorée de nombreux motifs floraux.
L'iwan principal est flanqué de quatre iwans secondaires plus petits, deux par côtés. Ils sont tous proportionnels à l'iwan principal, mais leurs fonds ne sont percés que d'une fenêtre rectangulaire, classique. Ils sont eux aussi décorés de nombreux éléments floraux, identiques de l'un à l'autre.
Les inscriptions de la façade
Enfin, les quatre façades du mausolée sont reliées par quatre petites façades disposées à 45° et reprenant les deux iwans superposés. Cette façade secondaire, la face principale et les deux petites façades de part et d'autre de la principale sont séparées entre elles par une colonne octogonale décorée de motifs géométriques. Ces colonnes sont divisées en 4 morceaux séparés par des disques ressortant à l'aplomb de la colonne.
Le haut de la façade est surmonté d'une balustrade décorée de motifs géométriques réguliers, elle sert de protection pour les personnes montées sur le toit. Cette balustrade forme comme une couronne aux façades, couronne dominée par l'imposant dôme.
Parement des façades
Les façades tout comme les iwans sont en marbre blanc, mais ce ne sont pas des murs massifs. En fait, le mausolée est en grés rouge recouvert de plaques de marbre blanc. En les regardant bien on distingue sans trop de problème les petits carrés de marbre car chacun d'entre eux a sa propre nervure, une couleur unique, etc. Du coup on voit bien que les façades ne sont qu'une mosaïque de plaques de marbre de taille souvent identiques, mais par emplacement, c'est à dire que toutes les plaques entourant les inscriptions sont de taille identiques, mais que celle ornant le fond des iwans sont différentes.
Le fond des iwans, justement, est composé de niches dont les tracés sont faits en relief. On les distingue assez mal de loin que la différence de couleur de chaque plaque prend le pas sur le relief, mais de près l'effet est remarquable.
Décorations des façades
Les façades du mausolée sont richement décorées. Il y a trois types de décoration :
- Les incrustations de fleurs
- Les incrustations calligraphiques
- Les fleurs en relief
Façade du Taj Mahal
Les incrustations de fleurs sont parfaitement visibles au dessus des iwans, elles sont généralement rouges, jaunes, et vertes, mais peuvent avoir d'autres couleurs. Les motifs sont identiques d'un iwan à l'autre, que se soit le principal et les secondaires. Les incrustations ont été faites selon la technique de la pietra dura, en vogue à Florence au XVIIe siècle. Ce sont d'ailleurs des artistes italiens qui sont venus faire se travail, sur place. Pour en savoir plus sur cette technique et voir toute la décoration du Taj Mahal, voyez la page sur les décorations du Taj Mahal.
Les incrustations calligraphiques ont été faites de la même façon que les fleurs, en pietra dura. Il s'agit de versets du Coran appelant le sage à rejoindre le Paradis et menaçant les dépravés d'Enfer. Un thème classique donc. Ce qui marque ici c'est la qualité du travail, dont la précision marque les esprits encore de nos jours. Le marbre noir qui a été utilisé pour ces incrustations est de très bonne qualité.
Enfin il faut savoir que la pietra dura n'est pas la seule technique utilisée pour décorer le Taj Mahal. Le bas relief a également été utilisé, sur des plaques de marbre placées à l'intérieur des iwans - et aussi à l'intérieur du mausolée - tout le long des murs, sur un mètre de hauteur à peu près. Ces plaques représentent des plantes existantes ou, parfois, imaginaires. Des études ont été faites pour analyser ces plantes et leurs résultats ont été diffusés, il y a plus d'informations à ce sujet sur la page consacrée aux décorations du Taj Mahal.
La chambre principale
L'intérieur du mausolée du Taj Mahal est composé d'une chambre principale, centrale, de 4 chambres secondaires par étage, et de 4 salles intermédiaires. La chambre principale est de loin la plus intéressante car c'est la plus grande, la plus haute, la plus impressionnante et c'est celle pour laquelle les visiteurs ont le plus d'intérêt. Il faut dire qu'il n'y a que dans celle-là qu'il y a quelque chose à voir, les autres étant des pièces vides.
La disposition intérieure du Taj Mahal est tout autant symétrique que l'extérieur. La pièce centrale occupe le centre, comme son nom l'indique, et aux 4 angles se trouvent les chambres secondaires, octogonales aussi. Les salles intermédiaires sont juste des antichambres permettant l'accès à la salle principale.
La salle principale
Elle est plutôt grande et haute, de la forme d'un octogone régulier. Chacun des 8 côtés est percés d'une porte menant soit à une antichambre, soit à une chambre secondaire. La salle est haute, il y a un étage de la même forme. A la place de portes, il y a des fenêtres, mais de la même forme que les portes. Un balcon en fait le tour, menant aux chambres secondaires de l'étage. La voûte est élevée, elle monte jusqu'à 35m de hauteur en son point le plus haut duquel descend un lustre central très imposant.
Ce qui est intéressant dans cette salle, c'est la balustrade séparant le public des deux cénotaphes. Cette balustrade est en marbre, elle a été patiemment gravée, évidée, puis polie pour former des motifs floraux de toute beauté. A la regarder de près on distingue des détails impressionnants qui donnent à cet objet la qualité d'un chef d'oeuvre. Elle est décorée en outre d'une rampe haute et basse très largement décorés de fleurs incrustées selon la technique de la pietra dura. Voyez aussi la page consacrée aux décors du Taj Mahal pour plus d'informations à ce sujet.
La balustrade fait place par moment a des grilles dont le passage mène aux cénotaphes, que l'on voit à travers. Le plus grand est celui de Mumtaz Mahal, l'épouse pour qui l'édifice a été construit. Il est en plein centre de la pièce. L'autre cénotaphe est légèrement plus petit, c'est celui de son mari, le constructeur du Taj Mahal. Il appartient à l'empereur Shah Jahan. Ils sont tous les deux tout aussi richement décorés que le reste du bâtiment. Rappelons qu'un cénotaphe est une fausse tombe, c'est une tombe dans laquelle il n'y a aucun corps. Les corps sont en terre dans la crypte, au-dessous, conformément à l'islam qui veut que les corps soient enterrés en pleine terre.
Les autres pièces
Les autres pièces du mausolée du Taj Mahal sont plus petites et surtout parfaitement dénuées de tout mobilier. Elles ont un intérêt par les décors en bas relief placés en bas des murs et qui courent partout, sur tous les murs du bâtiment. Ces décors sont impressionnants par leurs qualités mais aussi par leurs nombres.
Intérieur Taj Mahal
Les cénotaphes
Intérieur Taj Mahal
Balustrade
Le dôme
Le dôme du Taj Mahal est caractéristique de l'art perse. Définitivement associé aux contes des mille et une nuits, cette forme si particulière des dômes perses alimente l'imaginaire de générations de lecteurs. Celui du Taj Mahal est particulièrement bien proportionné. Il est bulbeux, c'est à dire en forme de bulbe. Il est monté sur un tambour. Un tambour, en architecture, est une pièce cylindrique très large et peu profond sur laquelle prend appui les dômes. Il n'y en a pas systématiquement, mais le Taj Mahal en a un, comme bon nombre d'autres édifices de cette région et cette époque. Le tambour du Taj Mahal fait quand même 7m de haut, ce qui est pas mal.
A son sommet se trouve une pointe s'élevant vers le ciel formée de deux boules florales surmontées d'un croisant islamique lui même surmonté d'une autre fleur, un lotus. Cette élément est métallique et tranche sur le marbre du dôme. Il l'élève encore plus haut.
Le toit, auquel on accède par un escalier latéral côté Sud, est en forme de terrasse et permet la balade sur tout le bâtiment et en particulier aux quatre dômes annexes. Ceux-ci sont beaucoup plus petits que le dôme principal, ils viennent accentuer l'élévation du bâtiment et par là même le rendent plus aéré qu'il n'est réellement.
Le dôme du Taj Mahal
Le sommet du dôme
En savoir plus sur le dôme bulbeux du Taj Mahal.
La terrasse (Chameli Farsh)
Ce que l'on appelle Chameli Farsh est la terrasse qui se trouve au Nord du complexe du Taj Mahal. C'est sur elle que repose la partie la plus sacrée du monument : Le mausolée, la mosquée, et le pavillon des invités. Elle est surélevée de 7m par rapport au terrain normal, mais il y a une pente douce pour y arriver. Côté Sud, il y a les jardins, c'est le parcours normal du visiteur tandis que côté Nord coule la rivière Yamuna, qui borde le monument. Le point de vue vaut le coup d'oeil d'ailleurs. La partie Nord, face à la rivière, est appelée "Tahkhana". Il s'agit d'un mur en pierres de rivière incrusté de marbre et disposant d'arches. Si on s'approche un peu on constate que ces arches sont reliées par une étroite galerie qui rejoint les 4 pavillons d'angle, que l'on voit comme des tours extérieures.
Le sol est fait dans un matériau rouge d'une texture particulière. Il semble délicat, fragile. A l'ombre on peut avoir l'impression d'un tissu de velour rouge.
La terrasse contient à sa droite la mosquée et à sa gauche le pavillon des invités (jawab). Au centre il y a le mausolée principale en marbre blanc. Ce dernier est placé sur une autre terrasse en marbre mesurant 93m de côté, parfaitement carrée. Elle est au centre de la terrasse principale. Le mausolée est donc isolé du reste du Monde par deux terrasses successives, montrant la volonté du constructeur de mettre sur un piédestal la tombe de l'épouse du Shah. Cette seconde terrasse est entièrement recouverte de plaques de marbre blanc, tout comme le Taj Mahal. C'est un bon repère pour savoir quand ôter ses chaussures. En effet, la Shameli Farsh est sacrée, il y a un mausolée musulman et une mosquée, il faut donc sacrifier aux obligations religieuses et se déchausser. Il y a des casiers pour ça, bien sûr avant de monter sur la terrasse. Ca signifie que tout le monde, sur la 2e terrasse, est pieds-nus.
Voir aussi :