Monument emblématique de l'Inde, le Taj Mahal l'est tout autant pour sa beauté générale, son charme, que pour la qualité d'exécution des décorations qui l'ornent. Le Taj Mahal est en grés rouge recouvert de marbre blanc, souvent sous forme de grandes plaques. Le bas de la plupart des murs, aussi bien à l'intérieur que sur les façades, sont recouverts de bas-relief reprenant des formes florales. Il s'agit parfois de plantes existantes, parfois non. Dans les décorations il y a aussi des incrustations de pierres précieuses ou semi-précieuses selon la technique dite pietra dura. Ces incrustations sont soient de types floraux, soient calligraphiques. Dans ce 2e cas, les textes écrits sont des versets du Coran. On trouve parfois aussi des peintures, mais c'est assez rare, comme représentation.
Il y a une quantité impressionnante de plantes représentées sur le Taj Mahal, c'est l'objet essentiel de la décoration du monument. La suite de ce document reprend les conclusions de quelques études d'universitaires qui ont consacré des thèses à ce sujet.
Les plantes décorant le Taj Mahal
L'iconographie des plantes gravées dans la pierre du Taj Mahal est un trésor d'ornementation architecturale, représentant des échantillons riches, délicats et exquis d'espèces différentes, sculptées principalement dans le marbre du mausolée principal ou dans le grés rouge de la mosquée. L'autre grande représentation des plantes réside dans la technique de la Pietra Dura, une technique florentine consistant à incruster des pierres dans un fond également en pierre. Ce n'est ni plus ni moins que de la marquetterie lapidaire, ce qui demande une grande technique. Ici, les pierres ayant servi aux incrustations sont des pierres précieuses et semi-précieuses. Mais le plus précieux dans cette iconographie n'est pas la richesse de l'oeuvre ni la dévotion artistique que les auteurs ont pu y trouver mais dans les informations qu'elles renferment. En effet, la simple représentation n'est qu'artistique, alors ques les auteurs des décorations, au XVIIe siècle, ont insisté sur leurs significations.
Décorations florales du cénotaphe de Mumtaz Mahal
Il existe une richesse exceptionnelle de formes et de nombre d'espèces végétales représentées sur Taj Mahal. C'est d'ailleurs une de ces caractéristiques comme l'indique Mr Wilson, dans une étude de 2011, qui a pu comparer les motifs végétaux du monument avec ceux situés dans le Nord-Ouest de l'Inde, du moins ceux qui ont une grande diversité dans les ornementations architecturales. Par ailleurs, Gupta (en 1996) a documenté la répartition taxonomique de 74 espèces de plantes utilisées dans l'iconographie de nombreux temples bouddhistes, hindous et jaïnistes de l'Inde, alors que 46 espèces seulement se trouvent ici, au Taj Mahal. Mais 46, c'est déjà plus de la moitié, et pour un seul monument, c'est beaucoup.
Malgré le large éventail de recherches au sujet de leur culture et de leur histoire, l'Inde continue d'apporter de nouvelles connaissances et de nouvelles possibilités de recherche. Ainsi, l'analyse qualitative et quantitative plus complète des plantes sur l'ensemble des bâtiments indiens anciens comme récents est devenue nécessaire, et c'est ça qui a grandement enrichi les connaissances botaniques de ce pays. En outre, ces études documentent, dans une large mesure, le degré d'appropriation culturelle des ressources végétales avec leur répartition taxonomique par les différents peuples indiens, et ce en fonction de leurs habitats.
Il est regrettable de voir l'état de conservation de certaines parties du Taj Mahal, où la détérioration est évidente, que se soit à cause du temps qui passe ou de celui de visiteurs peu scrupuleux. Il y a eu des vols, ce qui se voit de façon évidente, les pierres précieuses ont été arrachées de la "pietra dura". Ces vols ont été initiés par les colons anglais du XIXe siècle et se sont largement poursuivis par la suite.
Malgré la grande diversité floristique de l'Inde (Venu, 1998), le pays n'a pas assez de taxonomistes (Raj, 2010; Ali et Choudhary, 2011). A cause de ça sans doute , l'étude et l'analyse des nombreuses plantes de l'iconographie avec leur affectation respective taxonomique, à travers le pays, est une tâche qui reste encore peu développé. En ce sens, ce travail commence à combler les lacunes sur les plantes d'Asie, puisque de toutes les recherches limitées à ce sujet, la plupart d'entre elles ont mis l'accent sur l'iconographie européenne et américaine (Pavord, 2005). Cependant, l'iconographie asiatique est beaucoup plus ancienne et peut-être plus nombreuse, et c'est donc à juste titre qu'il faut s'intéresser au sujet de nos jours.
Les études précédentes
Il existe de très nombreuses études concernant l’iconographie du Taj Mahal, quasiment chaque année au moins un universitaire dans le Monde se déplace au Taj Mahal pour étudier les représentations qui y sont. La plus ancienne étude moderne date de 1961, mais depuis 1983, voici un exemple des différentes études qui y ont été consacrées, histoire de vous faire une idée. Et encore, cette liste est loin d’être exhaustive. La suite de cette page peut parfois y faire référence.
- Eisendrath (1961)
- Heyden (1983)
- Tyldesley et Bahn (1983)
- Taube (1986)
- Zeven et Brandenburg (1986)
- Fernández Pérez (1989, 1990)
- Johannessen et Parker (1989)
- Díaz-Piedrahita (1991, 2000)
- Villegas (1992)
- Gupta (1996)
- Misbah (2003)
- Pavord (2005)
- Janick et Paris (2006)
- Proulx (2006),
- Daunay et Janick (2007, 2008)
- Kennedy (2007)
- Michell (2007)
- Macaulay-Lewis (2010)
- Stolarczyk et Janick (2011)
- Wilson (2011)
- Díaz-Piedrahita et Fernández Alonso (2012)
- Teron et Borthakur (2012)
- Giraldo-Cañas (2013)
Les dernières études montrent qu’il existe 23 variétés de plantes sur le monument, ce qui est un peu plus que ce qui était dit lors des études précédentes. Mais malgré tout une étude encore plus récente donne un résultat beaucoup plus grand de 46 espèces différentes, ce qui est considérable, représentant 42 genres et 29 familles; de ces derniers, la famille des Liliacées présente six assignations taxonomiques (la taxonomie, c’est est la science qui a pour objet de décrire les organismes vivants et de les regrouper), suivis par Asteraceae et Buttercup, avec quatre espèces chacun. Ainsi, le nombre d’associations taxonomiques des plantes représentées dans l’iconographie du Taj Mahal est significativement plus élevée (46 espèces).
Liste des plantes
Gimnospermes
Pour reprendre la définition, les gimnospermes forment une division de plantes faisant partie d'un sous-embranchement paraphylétique des Spermaphytes qui inclut les plantes dont l'ovule est à nu et est porté par des pièces foliaires groupées sur un rameau fertile. On y trouve de sapin Nordmann, le cyprès, les pins, etc.
Cupressus sempervirens L.
- Famille
- Cupressaceae
- Origine
- Plante méditerranéenne
- Nom usuel
- Cyprès commun
- Technique
- Arbre gravé dans le grès rouge (dans la mosquée)
- Style
- Idéalisée
Cyprès commun
Cyprès commun
Le cyprès est une plante méditerranéenne qui a été importé en Inde, pour sa représentation physique. Il se trouve à de nombreuses reprises dans les niches de la mosquée, sur les murs latéraux, en alternance avec d'autres plantes. Ils sont toujours entourés d'une autre plante, une sorte de lierre nommée "Burma Creeper".
Cycas sp.
- Famille
- Cycadaceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Cycas sagou, sagoutier
- Technique
- Tiges en haut-relief en grès rouge
- Style
- Idéalisée
Cycas sagou, sagoutier
Les sagoutiers sont des petits palmiers facilement identifiables, à contrario de certaines espèces de fleurs qui se ressemblent beaucoup. Il n'y a pas d'exemple ici de sagoutiers mais cette plante est présente à plusieurs reprises sous forme de tiges tubéreuse, à la base de plusieurs panneaux floraux de la mosquée. Chaque tige de sagoutier a trois branches fleuries avec des feuilles d'Eudicotylédones indéterminée, chacune avec plusieurs fleurs.
Angiospermes
La division des Angiospermes ou Magnoliophytes regroupe les plantes à fleurs, et donc les végétaux qui portent des fruits. Angiosperme signifie "graine dans un récipient" en grec par opposition aux gymnospermes, ci-dessus.
Magnolia sp.
- Famille
- Magnoliaceae
- Origine
- Locale (?)
- Nom usuel
- Magnolia
- Technique
- inflorescence taillée dans le marbre
- Style
- Idéalisée
Magnolia
Le magnolia est une plante commune de nos région européenne, mais il existe aussi nativement en Inde. Toutefois sa présence au XVIIe siècle n'est pas parfaitement sûre, c'est la raison pour laquelle on ne peut affirmer qu'il s'agisse d'une plante locale au moment de sa gravure. Elle est représentée plusieurs fois gravées dans le marbre du mausolée.
Monocotylédone
Parmi les angiospermes ou plantes à fleurs, les Monocotylédones comprennent des végétaux dont la plantule typique ne présente qu'un seul cotylédon sur l'embryon, qui évolue en donnant une préfeuille
Coelogyne sp.
- Famille
- Orchidaceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Orchidée
- Technique
- Fleurs en pietra dura
- Style
- Idéalisée
Orchidée
Orchidée
L'orchidée est présente sous différentes formes sur le mausolée du Taj Mahal tout comme sur la mosquée. Ici, il s'agit de la forme angélique. Cette représentation est en pietra dura en alternance avec l'anémone de rivière. L'orchidée a des pétales montées sur un corps de tulipe alors que l'anémone a 5 pétales. L'anémone a, aussi, plusieurs racines.
Crinum latifolium L.
- Famille
- Amarillydaceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Lis de Ceylan, Lis rayé
- Technique
- Fleurs en pietra dura (sur le mausolée), et haut-relief en grès rouge (dans la mosquée)
- Style
- Naturaliste
Lis de Ceylan, Lis rayé
Lis de Ceylan, Lis rayé
Le lis de Ceylan est une plante locale plutôt haute et fine. Elle a une représentation stylisée quand elle est faite en pietra dura mais son style est plus proche de la réalité quand elle a été gravé sur le grés rouge de la mosquée. Sur la photo, il s'agit, bien sûr, de la pietra dura. Le lis de Ceylan est une espèce endémique de l'Inde, même au XVIIe siècle.
Fritillaria imperialis L.
- Famille
- Liliaceae
- Origine
- Turquie, Iran, Afghanistan et Cachemire
- Nom usuel
- Fritillaire impériale
- Technique
- Fleurs en pietra dura et haut-relief gravé sur le marbre
- Style
- Naturaliste
Fritillaire impériale
Fritillaire impériale
La fritillaire impériale est une très jolie fleur dont l'originalité est de pousser vers le bas, la partie haute développant des feuilles. Elle est originaire de régions situées à l'Ouest de l'Inde, du Cachemire à la Turquie, et elle a probablement été choisie pour sa beauté.
Gloriosa superba L.
- Famille
- Colchicaceae
- Origine
- Introduite en Asie occidental
- Nom usuel
- Lis glorieux, griffes de tigre.
- Technique
- Fleurs en pietra dura et haut-relief gravé sur le marbre
- Style
- Naturaliste
Lis glorieux, griffes de tigre.
Lis glorieux, griffes de tigre.
Le lis glorieux est une variété de fleurs connue pour ses pétales fines et tourmentées. Elles ne sont pas, contrairement aux autres fleurs, plutôt plates mais comme déchiquetées. De plus leurs espacements en font une fleurs très originales. Elle a été introduite en Inde, ce n'est pas une fleur endémique. Elle se trouve sur le Taj Mahal sous forme d'incrustations de pierre et sous forme de gravure en haut-relief, comme dans le mausolée principal.
Hyacinthus orientalis L.
- Famille
- Asparagaceae
- Origine
- Introduite au Moyen-Orient
- Nom usuel
- Hyacinthe
- Technique
- Haut-relief en grès rouge, sur la mosquée
- Style
- Naturaliste
Hyacinthe
La hyacinthe a une petite ressemblance avec l'orchidée, en plus petite. Ses pétales très recourbées en font une fleur originale. Elle est représentée sur le Taj Mahal pour sa beauté, mais il faut savoir qu'il s'agit d'une plante importée du Moyen-Orient, elle n'est pas originaire de l'Inde. On trouve plusieurs fleurs et leurs feuilles respectives au bas de divers panneaux floraux de la mosquée, sur les côtés de chaque tige tubéreuse de sagoutier.
Iris cf. germanica L.
- Famille
- Iridaceae
- Origine
- Introduite d'Europe
- Nom usuel
- Iris
- Technique
- Fleurs, feuilles et tiges en haut-relief gravés sur le marbre (mausolée) et grès rouge (mosquée)
- Style
- Naturaliste
Iris
Iris
L'iris est une plante dont la fleur ressemble un peu à l'orchidée. Elle est assez grande. Elle a été gravée à plusieurs reprises en haut-relief sur le marbre du mausolée et sur le grés rouge de la mosquée. Point un peu original, c'est une plante qui est représentée dans sa totalité, pas sous la forme d'une simple fleur. De plus comme les panneaux qui l'ont sont à l'intérieur du mausolée, elles ont été protégé des intempéries et sont, encore de nos jours, parfaitement conservées.
Lilium mackliniae
- Famille
- Liliaceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Siroi lily
- Technique
- Fleurs en pietra dura
- Style
- Naturaliste
Siroi lily
Siroi lily
Appelé Siroi Lily, cette petite fleur en cloche est représentée une multitude de fois dans plusieurs endroits du Taj Mahal. L'un des lieux où on la rencontre le plus souvent est dans la salle principale du mausolée, sur la balustrade entourant les cénotaphes. A intervalle régulier il y a des chrysanthèmes, mais ceux-ci sont entourés de Siroi Lily. Toutefois on les voit mal car le regard est systématiquement attiré sur les chrysanthèmes, plus centraux sur le décor. Ils sont en pietra dura, ici.
Lilium martagon L.
- Famille
- Liliaceae
- Origine
- Introduite en Asie mineure et Mongolie
- Nom usuel
- Turk’s cap lily
- Technique
- Fleurs en pietra dura (mausolée) et gravé dans le grés rouge (mosquée)
- Style
- Naturaliste
Turk’s cap lily
Turk’s cap lily
Cette fleur de la famille de liliaceae est représentée dans la mosquée, au-dessus des passages en ogive, à l'intérieur, ainsi qu'en pietra dura dans le mausolée. Là, elle est sur les poteaux tenant la balustrade de la salle principale, dans des sortes de cartouches qui font penser à des écritures de l'Egypte antique. Cette plante n'est pas endémique, elle a été importée d'Asie mineure ainsi que de Mongolie.
Lilium sp.
- Famille
- Liliaceae
- Origine
- Locale (?)
- Nom usuel
- Dzokou lily
- Technique
- Fleurs en haut relief dans le marbre (mausolée)
- Style
- Naturaliste
Dzokou lily
Dzokou lily
Il s'agit d'une autre fleur de la famille des Liliaceae, dont l'origine semble être locale. Elle est gravée comme beaucoup dans le marbre du mausolée sous la forme d'une plante complète. Cette représentation se veut réaliste.
Narcissus sp.
- Famille
- Amaryllidaceae
- Origine
- Locale (?)
- Nom usuel
- Narcisse
- Technique
- Fleurs en pietra dura (mausolée) et gravé dans le grés rouge (mosquée)
- Style
- Naturaliste
Narcisse
Narcisse
Le narcisse est une plante commune en Europe, mais il semble qu'il en soit de même pour le Nord de l'Inde au XVIIe siècle. Elle est représentée à plusieurs reprises au Taj Mahal, dans le mausolée (en pietra dura ou gravé) et dans le grés rouge de la mosquée.
Pancratium sp.
- Famille
- Amaryllidaceae
- Origine
- Plante méditerranéenne
- Nom usuel
- Lis de mer, ou Lis des sables
- Technique
- Fleurs en haut relief dans le marbre (mausolée)
- Style
- Naturaliste
Lis de mer, ou Lis des sables
Lis de mer, ou Lis des sables
Le lis des sables, aussi appelé Lis de mer, est une espèce vivant sur le sable, ou du moins dans une terre très aérée, d'où son nom, car il pululle près des côtes. Il s'agit d'un plante méditerranéenne dont la présence sur le Taj Mahal est très probablement dûe au fait que certains artistes venaient directement d'Europe, en particulier d'Italie (En plus encore, de Florence, haut-lieu de l'art de la pietra dura) Toutefois ici, cette plante est gravée dans le marbre.
Paris sp.
- Famille
- Melanthiaceae
- Origine
- Introduite en Eurasie
- Nom usuel
- Paris
- Technique
- Feuilles en pietra dura
- Style
- Idéalisée
Paris
Paris
Paris n'est pas qu'une ville, c'est le nom d'une plante très verte dont les feuilles ont été représentées en pietra dura et sont disposées sur la base d'une branche fleurie de Fuchsia (voir "venusta")
Tricyrtis sp.
- Famille
- Liliaceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Toad lily
- Technique
- Fleurs et feuilles en pietra dura (mausolée) et haut-relief en grès rouge (dans la mosquée).
- Style
- Naturaliste
Toad lily
Toad lily
Cette Liliaceae est représentée en plusieurs exemplaires sous forme d'incrustation de pierre dans le marbre, ce qu'on appelle la technique de pietra dura. La représentation est complète, de la racine aux fleurs, elle a aussi des feuilles. Il semble toutefois qu'il y ai moins de fleurs dans le marbre que ce que peut porter une tige réelle. Elle est aussi représentée en haut-relief dans le grés de la mosquée.
Tulipa sp.
- Famille
- Liliaceae
- Origine
- Introduite en Eurasie
- Nom usuel
- Tulipe
- Technique
- Fleurs en pietra dura mais aussi gravées dans le marbre (mausolée)
- Style
- Naturaliste
Tulipe
Tulipe
La tulipe est une espèce de fleurs commune que l'on associe au Nord de l'Europe. Il a été introduite en Inde d'Europe justement. Sa beauté est essentiellement dûe à ses couleurs vives et sa rotondité parfaite. Sur le Taj Mahal, on la trouve gravée dans le marbre du mausolée, comme montré sur la photo ci-dessus, et en pietra dura.
Zingiber
- Famille
- Zingiberaceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Gingembre
- Technique
- Inflorescence en haut relief en grés rouge (Mosquée)
- Style
- Naturaliste
Gingembre
Gingembre
Très original pour nous, le Taj Mahal a reçu des gravures de fleurs de gingembre, une plante à la fleur conique que l'on peut voir dans la mosquée. Cette représentation se veut réaliste. Il faut dire que le gingembre est une plante endémique à l'Inde, elle n'a pas été importée.
Dicotylédones
Les Dicotylédones vraies ou Eudicotylédones sont un clade important dans les classifications phylogénétiques des Angiospermes APG.
Acanthus
- Famille
- Acanthaceae
- Origine
- Plante méditerranéenne
- Nom usuel
- Acanthe
- Technique
- Feuilles en haut-relief en marbre
- Style
- Idéalisée
Acanthe
Acanthe
L'acanthe est une fleur longue et haute, c'est curieusement une plante méditerranéeenne, mais sa présence sur le Taj Mahal s'explique par le grand nombre d'artistes européens ayant travaillé sur le monument, il y avait de nombreux contacts entre l'Europe et l'Inde au XVIIe siècle. L'acanthe est représentée en haut-relief dans le marbre (à la base et au sommet de quelques petites colonnes du mausolée), mais aussi en pietra dura, de part et d'autre du sommet du décor des iwans secondaires.
Anemone rivularis
- Famille
- Ranunculaceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Anémone, anémone de rivière
- Technique
- Fleurs en pietra dura mais aussi gravées dans le marbre (mausolée)
- Style
- Naturaliste
Anémone, anémone de rivière
Anémone, anémone de rivière
L'anémone de rivière est représentée en pietra dura sur les décors de la salle principale du mausolée, en alternance avec l'orchidée. Elle se reconnait grace à ses racines multiples et ses 5 pétales, stylisées. On trouve cette plante aussi dans le mausolée sous la forme d'un haut relief.
Aquilegia sp.
- Famille
- Ranunculaceae
- Origine
- Introduite localement
- Nom usuel
- Ancolie
- Technique
- Fleurs en pietra dura (mausolée)
- Style
- Idéalisée
Ancolie
Ancolie
L'ancolie est particulièrement stylisée sur la pietra dura décorant le Taj Mahal. Elle se trouve mêlée à d'autres plantes, dont des orchydées (bleues et jaunes). Elles sont rouges, elles. L'ancolie est une fleur introduite en Inde, elle n'est pas originaire du pays, à cette époque. (XVIIe siècle)
Artemisia absinthium L.
- Famille
- Asteraceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Absinthe, armoise commune
- Technique
- Feuilles gravées dans le marbre (mausolée)
- Style
- Naturaliste
Absinthe, armoise commune
Absinthe, armoise commune
L'absinthe est représentée sur le Taj Mahal par le biais de ses feuilles seulement, qui ont été mêlées à une autre plante. La photo ci-contre représente donc une espèce impossible puisque c'est un mélange de plusieurs plantes. Elle est gravée dans le marbre du mausolée.
Butea monosperma
- Famille
- Fabaceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Butea monosperma
- Technique
- Fleurs en pietra dura (mausolée)
- Style
- Idéalisée
Butea monosperma
Butea monosperma
Cette "Flamme-de-la-forêt" porte bien son nom, elle semble flamboyer au Soleil. Il s'agit d'une plante locale représentée une foule de fois en tant que motif de répétition sur les frises décoratives du mausolée. C'est une fleur orangée qui a pour caractéristique d'avoir des pétales fines à leurs bases et très évasées par la suite.
Calendula sp.
- Famille
- Asteraceae
- Origine
- Introduite d'Europe
- Nom usuel
- Tagète
- Technique
- Fleurs en pietra dura (mausolée) et gravées dans le grés (mosquée)
- Style
- Idéalisée
Tagète
Tagète
Cette fleur relativement grande, venant d'Europe, est gravée à plusieurs reprises dans le marbre du mausolée, sur la partie basse des murs, mais on peut la voir aussi en pietra dura dans le mausolée.
Campanula lactiflora
- Famille
- Campanulaceae
- Origine
- Introduite de Turquie et du Caucase
- Nom usuel
- Campanule
- Technique
- Fleurs en pietra dura (mausolée)
- Style
- Naturaliste
Campanule
Campanule
La campanule est une très jolie fleur en forme de cloche, comme le muguet, mais en plus grand. D'ailleurs les anglohones l'appelle "Bellflower", la "fleur-cloche". Elle est représentée en pietra dura sur le mausolée, mais il n'y a pas d'exemple ici.
Centaurea sp.
- Famille
- Asteraceae
- Origine
- Introduite d'Eurasie
- Nom usuel
- Cornflower, knapweed
- Technique
- Fleurs en pietra dura (mausolée)
- Style
- Naturaliste sur une représentation, idéalisés sur toutes les autres
Cornflower, knapweed
Cornflower, knapweed
Introduite d'Europe et d'Asie mineure, cette fleur de la famille des Asteraceae est représentée en pietra dura sur les décors des iwans, ces grands porches de la façade du mausolée. Elles se trouvent exactement sur les frontons des petits iwans, ceux qu'on appelle "Iwans secondaires". Elles sont bien sûr stylisées, la technique de pietra dura ne permettant pas d'être très précis.
Chrysanthemum indicum L.
- Famille
- Asteraceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Chrysanthème
- Technique
- Fleurs en pietra dura (mausolée)
- Style
- Naturaliste
Chrysanthème
Chrysanthème
Le chrysanthème est très fréquent dans nos régions, mais il n'est aussi en Inde, même au XVIIe siècle. Il a été représenté à l'intérieur du mausolée, sur la balustrade entourant les cénotaphes de Shah Jahan et Mumtaz Mahal, pour qui a été construit le monument. La technique est celle de la pietra dura, la fleur étant entourée d'autres fleurs plus petites, des anémones de rivière.
Clematis sp.
- Famille
- Ranunculaceae
- Origine
- Introduite en Inde
- Nom usuel
- Clematis, traveller’s joy, virgin’s bower
- Technique
- Fleurs en pietra dura (mausolée)
- Style
- Idéalisé
Clematis, traveller’s joy, virgin’s bower
Clematis, traveller’s joy, virgin’s bower
La clematis est une fleur importée de Chine au XVIIe siècle, elle n'était pas propre au Nord de l'Inde. Mis à part sa beauté simple, c'est sa signification qui a justifié sa présence sur le Taj Mahal, elle a en effet 7 pétales, dont la signification est indiquée plus bas. Ici, elle est en pietra dura.
Combretum indicum (L.) DeFilipps
- Famille
- Combretaceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Burma creeper, rangoon creeper, red jasmine
- Technique
- Fleurs en pietra dura (mausolée)
- Style
- Naturaliste
Burma creeper, rangoon creeper, red jasmine
Burma creeper, rangoon creeper, red jasmine
Cette plante est une sorte de lierre dit "de Birmanie". Malgré son nom, il s'agit d'une plante locale au Nord de l'Inde. Dans la mosquée, elle est représentée entourant le cyprès, sur la partie gauche de la photo. Elle est dessinée en alternance, niche à niche, sur le haut des murs.
Delphinium sp.
- Famille
- Ranunculaceae
- Origine
- Introduite en Inde
- Nom usuel
- Delphinium
- Technique
- Fleurs en haut relief (mausolée)
- Style
- Naturaliste
Delphinium
Le delphinium est représenté en haut relief sur les murs en grés rouge de la mosquée. C'est une plante à la fleur conique, très originale, un peu comme le lupin. Il n'a a malheureusement pas de photo de cette fleur ici, sur le Taj Mahal.
Dianthus sp.
- Famille
- Caryophyllaceae
- Origine
- Introduite de l'Asie centrale
- Nom usuel
- Carnation, modern pink
- Technique
- Fleurs en pietra dura
- Style
- Idéalisé
Carnation, modern pink
Cette fleur semble plutôt banale, elle est de la famille des Caryophyllaceaes. Son originalité vient du fait qu'elle vient de l'Asie centrale, elle était inconnue dans le Nord de l'Inde au XVIIe siècle.
Ficus carica L.
- Famille
- Moraceae
- Origine
- Introduite de Turquie
- Nom usuel
- Anjeer, common fig
- Technique
- Feuilles en haut relief gravées dans le marbre
- Style
- Naturaliste et idéalisé, en fonction des emplacements
Anjeer, common fig
Le figuier est un arbre assez commun sur le pourtour de la Méditerranée. Ici, elle a été introduite en Inde de Turquie. Ses feuilles, très caractéristiques, ont été représentées en haut-relief dans le marbre du mausolée.
Ficus religiosa L.
- Famille
- Moraceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Bodhi tree
- Technique
- Feuilles en pietra dura
- Style
- Idéalisé
Bodhi tree
Bodhi tree
L'arbre Bodhi est une variété dont les feuilles ont servi de modèle pour le tour du motif central, au fronton des iwans (porche large qu'il y a sur les façades du mausolée). Elles ne sont donc pas représentées directement mais c'est leurs formes qui sont utilisées. Elles sont en pietra dura bien sûr, comme tout le décor des iwans.
Fuchsia cf. venusta Kunth
- Famille
- Onagraceae
- Origine
- Introduite d'Amérique tropical
- Nom usuel
- Fuchsia
- Technique
- Fleurs en pietra dura
- Style
- Naturaliste
Fuchsia
Le fushia est une fleur connue pour sa couleur rose vif, mais elle est aussi très fine. C'est probablement cette caractéristique qui fait qu'elle a été représentée en pietra dura sur le mausolée. Il faut savoir que c'est une plante tropicale mais surtout américaine. Les indiens avaient des contacts fréquents avec l'autre continent, au XVIIe siècle, ce qui explique la présence de cette fleur dans les décors du Taj Mahal.
Jasminum sp.
- Famille
- Oleaceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Jasmin
- Technique
- Fleurs en pietra dura
- Style
- Naturaliste
Jasmin
Fleur de la famille des Oleaceae, le jasmin est invariablement associé à l'extrême orient, mais c'est aussi une plante locale à l'Inde. Elle est représentée à plusieurs reprises sur le mausolée selon la technique de la pietra dura.
Lonicera henryi Hemsl.
- Famille
- Caprifoliaceae
- Origine
- Introduite de Chine
- Nom usuel
- Honeysuckle
- Technique
- Fleurs en pietra dura
- Style
- Naturaliste
Honeysuckle
Honeysuckle
Introduite de Chine durant le XVIIe siècle en Inde, cette fleur est reproduite de façon très précise sur les poteaux qui soutiennent la balustrade entourant les cénotaphes, au centre de la salle principale du mausolée. Elle est assez caractéristique pour être facilement reconnue.
Luffa cylindrica M. Roem.
- Famille
- Cucurbitaceae
- Origine
- Introduite en Inde
- Nom usuel
- Concombre
- Technique
- Fleurs et fruits gravés dans le grés rouge de la mosquée
- Style
- Naturaliste
Concombre
Ici, il s'agit de la fleur du concombre, une fleur assez grande, qui est représenté. Elle figure sur un haut relief du mausolée, gravée dans le marbre. Le concombre a été introduit en Inde, ce n'était pas une plante locale.
Nelumbo nucifera Gaertn.
- Famille
- Nelumbonaceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Indian lotus, lotus, sacred lotus
- Technique
- Fleurs en pietra dura et gravées dans le marbre (à la base des colonnes)
- Style
- Naturaliste
Indian lotus, lotus, sacred lotus
Indian lotus, lotus, sacred lotus
Le lotus indien est, évidemment, une plante locale. Elle se caractérise par plusieurs rangées de pétales incurvés disposées concentriquement. On la trouve à plusieurs endroits dans le TajMahal, mais c'est au sommet des décors des iwans qu'elle est le plus visible.
Papaver orientale L.
- Famille
- Papaveraceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Oriental poppy, poppy
- Technique
- Fleurs en pietra dura, fruits en relief gravés dans le marbre
- Style
- Naturaliste
Oriental poppy, poppy
Oriental poppy, poppy
Cette fleur est similaire au coquelicot, très fragile, comme lui. Elle est présente sous la forme de la pietra dura pour ses fleurs et sous la forme de gravure pour ses fruits.
Potentilla cf. cuneata Wall. ex Lehm.
- Famille
- Rosaceae
- Origine
- Originaire de l'Himalaya
- Nom usuel
- Cinquefoil, five finger cinquefoil
- Technique
- Fleurs en pietra dura
- Style
- Idéalisé
Cinquefoil, five finger cinquefoil
Nommé Cinquefoil, cette petite fleur rase à 5 pétales est originaire du Nord du pays, de l'Himalaya. Elle est représentée en pietra dura sur le mausolée.
Primula cf. sinopurpurea Balf. f. ex Hutch.
- Famille
- Primulaceae
- Origine
- Originaire de Chine
- Nom usuel
- Primrose
- Technique
- Plantes complète en pietra dura
- Style
- Naturaliste
Primrose
Primrose
Cette plante est représentée à plusieurs reprises, alternant avec une autre, sur le mausolée. Elle est plutôt originale. Il faut dire qu'elle vient de Chine.
Punica granatum L.
- Famille
- Lythraceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Pomegranate
- Technique
- Fleurs et fruits en pietra dura
- Style
- Naturaliste
Pomegranate
Pomegranate
La grenade est plus connu pour ses fruits que pour ses fleurs, les deux sont pourtant représentés sur le mausolée, selon la technique de la pietra dura.
Rosa sp.
- Famille
- Rosaceae
- Origine
- Originaire d'Europe
- Nom usuel
- Rose
- Technique
- Fleurs en pietra dura
- Style
- Idéalisé
Rose
La rose est une fleur européenne, elle a probablement été importé en Inde du Nord par les artistes venant travailler sur le Taj Mahal. Elle est représentée à de nombreuses reprises en pietra dura.
Thunbergia mysorensis (Wight) T. Anderson
- Famille
- Acanthaceae
- Origine
- Locale
- Nom usuel
- Brick and butter vine, clock vine, dolls shoes, mysore clock vine
- Technique
- Fleurs en pietra dura
- Style
- Idéalisé
Brick and butter vine, clock vine, dolls shoes, mysore clock vine
Brick and butter vine, clock vine, dolls shoes, mysore clock vine
Cette fleur est très originale, elle semble torturée, déchiquetée. On a du mal à la reconnaître sur le Taj Mahal car elle ressemble à des feuilles mais c'est bien des fleurs qui sont représentées entre les deux grandes fleurs rouges. Elles se trouvent sur les décors des frontons des iwans entre autres.
Vitis vinifera L.
- Famille
- Vitaceae
- Origine
- Plante méditerranéenne
- Nom usuel
- Grape, grape vine
- Technique
- Feuilles en haut relief gravées dans le marbre
- Style
- Naturaliste
Grape, grape vine
Alors que le fruit est très original, se sont des feuilles de vignes qui ont été utilisé comme décor. Elles sont sur des panneaux de marbre gravé de plantes.
Dicotylédones indeterminés
- Famille
- Non assignée
- Origine
- Inconnue
- Nom usuel
- Inconnu
- Technique
- Feuilles en haut relief gravées dans le grés rouge
- Style
- Naturaliste
Cette plante est inconnue, elle n'existe probablement pas car les artistes n'ont pas hésité à inventer leurs propres plantes, s'attelant plus à la représentation symbolique du végétal qu'à sa réalité physique. On peut la voir gravée dans le grés rouge de la mosquée.
Motifs végétaux sans signification taxonomique (non reconnus)
Le Taj Mahal possède aussi des sculptures de fleurs suivant des dessins géométriques, elles sont très rares dans le complexe mais elles existent bel est bien. Il y a aussi des figures géométriques représentant des silhouettes d'arbres.
Techniquement, ces figures sont en pietra dura ou gravées dans le marbre du mausolée, mais on en trouve aussi dans le grés rouge de la mosquée. Les silhouettes d'arbre sont plutôt en bas-relief, mais il y en a quand même en pietra dura.
Feuilles végétales sans signification taxinomique (non reconnues)
Sur plusieurs panneaux en marbre et grès rouge le visiteur peut voir différentes feuilles, qui ont accompagné les différentes fleurs. Cependant, plusieurs de ces feuilles ne correspondaient pas avec les fleurs. Par exemple les on trouve des feuilles d'Eudicotylédones dans les branches fleuries de monocotylédones. Pour cette raison, on ne peut pas considérer la plante comme correcte ni comme ayant une signification taxonomique correcte.
La technique iconographique est celle du haut relief sur le marbre, mais aussi sur le gré de la mosquée. La figure morphologique de base est figurative, tantôt naturaliste, tantôt idéalisée
Résultat de l'étude
Si on se base sur les études précédentes l'iconographie végétale du complexe du Taj Mahal est contenu dans sa totalité - si on fait confiance à Sondereguer (2004) en deux styles primaires, le figuratif (naturel ou idéalisé) et l'abstraction (figurative ou géométrique). Toutefois le style figuratif naturaliste est le plus fréquent car sur les 46 espèces recensées, 31 sont de ce style.
La représentation du lotus (Nelumbo nucifera, la fleur nationale de l'Inde) est récurrente également sur le Taj Mahal, elle est compatible avec le sens de la naissance, la pureté, la beauté, la spiritualité et l'éternité dans de nombreuses cultures et religions (Patnaik, 1993; Gupta, 1996; Misbach, 2003; O’Connell et Airey, 2007; Spellman, 2008). En Inde, il y a aussi une mythologie sexuelle autour de la fleur de lotus, car il symbolise les différents aspects de la sexualité féminine, qui dépend de l'âge. (Frownfelter, 2010). Ainsi, le lotus peut être un symbole du "ventre fécond", son pistil est le fœtus, ses bourgeons représentent la "cunnus vierge" et quand le lotus est en pleine floraison il représente la mise au monde d'un bébé (Frownfelter, 2010).
Cyprés, gravés dans la mosquée
L'examen des Cupressus sempervirens dans l'iconographie révèle qu'il est associée à un symbolisme inhérent à la mort, d'où son nom anglais "cyprès funèbre". De telles plantes sont fréquentes, non seulement comme un élément récurrent dans l'iconographie Moghole, mais aussi en tant qu'élément utilisé dans les jardins persans et ottomans. Cette espèce en Asie est aussi un symbole de la longévité et la force (O'Connell et Airey, 2007). Pendant ce temps, dans l'ancienne Perse, les tulipes (Tulipa spp) étaient des symboles de l'amour parfait, dont les fleurs se trouvent dans les jardins du Paradis (O'Connell et Airey, 2007). Au cours de la période Ottomane, la tulipe est devenu un symbole de la divinité et est devenu l'emblème des ottomans dirigeants (O'Connell et Airey, 2007). Toujours selon eux le Coran dit que les grenadiers (Punica granatum) font parti des dons de Dieu, et ces fruits sont associés à la fertilité, à l'unité, à l'amour, au mariage et même à la mort. De même, la carica Ficus est un symbole de fertilité et de l'immortelle enseignement moral tandis que le Ficus représente la création, la vie et la préparation pour le paradis.
La plupart des espèces utilisées dans l'iconographie du Taj Mahal correspond principalement à des éléments symboliques plutôt que religieux. Ainsi, les fleurs tétramères symbolisent les quatre directions de l'espace (nord, sud, est et ouest); le centre de la fleur représente le Dieu suprême, qui contrôle également les quatre directions de l'espace. En outre, les quatre pétales représentent les quatre étapes de la vie (enfance, adolescence, âge adulte et vieillesse). Les fleurs pentamères (à 5 pétales) symbolisent les cinq sens (la vue, l'odorat, le toucher, le goût et l'ouïe) et les cinq éléments de base (le feu, l'air, la terre, l'eau et le vent). Pendant ce temps, les fleurs héxamères représentent les six directions de l'espace (nord, sud, est, ouest, haut et bas) et les six attributs du Seigneur Suprême (jugement, la force, la gloire, la compassion, la richesse et les forces divines) (Gupta , 1996). Pour une interprétation complète des plantes dans la culture Moghole, il faut lire l'étude de Misbach (2003), très complète à ce sujet.
L'emploi d'espèces de plantes qui ne sont pas dans l'espace géographique de l'Inde, et qui sont en grande partie des éléments originaires de l'Asie centrale, se justifie par l'intérêt des Moghols pour la flore du monde islamique, ce qui avaient déjà été mis en évidence par Wescoat Jr. (1999), Kossak et Watts (2001), Misbach (2003) et Michell (2007) pour les autres bâtiments moghols en Inde. Dans l'iconographie du complexe du Taj Mahal on trouve aussi des espèces en provenance d'Europe et de la Méditerranée, ce qui démontreraient l'influence des Européens qui ont participé à sa construction, qui purent aller jusqu'à introduire sur le mausolée des espèces qui leurs étaient habituelles. (voir Havell, 1920) D'autres plantes exogènes se rencontrent, mises en évidence par Gupta (1996) dans son étude sur les temples bouddhistes, hindous et jaïns.
De même, il est nécessaire de mettre en évidence l'utilisation d'une espèce d'Amérique tropicale dans l'iconographie du Taj Mahal (cf. Fuchsia venusta), une situation totalement crédible parce que, depuis les temps anciens, plus ou moins avant l'an 1500 (Martinez, 1988 ; Gupta, 1996) et même avant (Gupta, 1996; Gupta 1996; Kossak et Watts Menzies, 2006), de nombreuses plantes américaines ont circulées vers l'Asie (Martinez, 1988), tels que les poivrons ou les piments (Martinez, 1988, 2001), acapulcos, citrouilles, cascalotes ou divis, aubépines, guachimoles ou tamarins manilles, les brichos ou Mezquitillos, les haricots, la goyave, prosopis, pommes de terre, poivrier ronde (Martinez, 1988), la patate douce, le tournesol, maraco, cajous (Gupta, 1996), le maïs (Martinez, 1988; Johannessen et Parker, 1989; Gupta, 1996; Menzies, 2006), les ananas ( Martinez, 1988; Gupta, 1996), le tabac à priser (Michell, 2007). Cette liste n'est pas exhaustive, car il y a eu également circulation de plantes ornementales introduites dans les Amériques en Asie. Selon Gupta (1996), la plupart des plantes introduites en Inde ont été prises par les Portugais au XVIe siècle.
Tulipes gravées sur le mausolée
Il y a un autre fait intéressant, c'est l'utilisation de la flore dans l'iconographie du Taj Mahal en tant que sujet de l'image, contrairement à l'iconographie occidentale et celle de la période Ottomane, où la flore et la nature en général s'insère dans une scène sans en être le sujet principal, elle n'est qu'un accompagnement d'un paysage ou de personnages, que ce soit un roi, un noble, un saint, une vierge, un ange ou un christ (voir et 1978; Leal del Castillo, 2001; O'Connell et Airey, 2007). Il est également important de noter l'absence de motifs faunistiques dans l'iconographie du Taj Mahal, qui peut être abondante dans d'autres types de bâtiments anciens en Inde, par exemple le temple de Karni Mata au Rajasthan - Il correspond au style moghol tardif - dans lequel les reliefs en marbre associent fréquemment les plantes et les animaux (Giraldo-Cañas, 2013). La même situation se pose dans plusieurs bâtiments moghols, non seulement en Inde mais aussi au Pakistan (Misbach, 2003).
Enfin il est curieux de constater la sous-représentation des espèces d'arbres (exemple : Butea de monospermes, Cupressus sempervirens, Ficus carica, Ficus religieux et grenade) ainsi que de fruits et autres infrutescences (par exemple Luffa cylindrica, Magnolia sp., Papaver orientale et la grenade) dans l'iconographie du complexe du Taj Mahal. Il faut noter une différence significative avec les espèces utilisées dans l'iconographie Moghole, puisque la plupart des espèces correspondent à des éléments d'aménagement paysager et d'embellissement, contrairement à l'ancienne style iconographique dans lequel la plupart des espèces utilisées sont à usage alimentaire ou magique (religieux), comme en Bolivie, en Colombie, en Equateur, au Guatemala, au Mexique et au Pérou.
Pierres ayant été utilisées pour les incrustations
Lorsque l'empereur Shah Jahan donna l'ordre de bâtir le Taj Mahal, ce dernier le voulu le plus beau possible. Pour les incrustations de pierre il n'a voulu que des pierres précieuses et semi-précieuses, et c'est bien ainsi que fut réalisé l'édifice. Le Taj Mahal a brillé de mille feux pendant deux siècles, avec la plupart de ces richesses toujours accrochées sur ses murs.
Les pierres venaient de différents horizons. Le jaspe est sans doute l'une des plus banale, elle ne servait qu'à amener une couleur rouge. Le jaspe, c'est une pierre sédimentaire à forte teneur en silice, pouvant parfois contenir de l'argile. Elle venait du Punjab, une région au Nord-Ouest de l'Inde, proche de Delhi. Le jade, lui, est unepierre semi-précieuse de couleur verte. Elle peut prendre différentes teintes et a pour caractéristique d'être très dure. Celui que l'on trouve au Taj Mahal a été importé de Chine.
La Chine est également la région d'origine du cristal, un élément issu de l'industrie verrière dont la particularité est d'être très pur, tout en contenant une grande quantité de plomb. Le bleu des incrustations vient de la région du Tibet, ce sont des turquoises, également des pierres semi-précieuses. Une turquoise est tout simplement une pierre de phosphate hydraté de cuivre et d'aluminium, ce qui lui donne cette teinte. De nos jours la plupart des filons de turquoises de la planète sont épuisés.
Toujours dans les bleus on trouve des lapis lazulis pour faire le bleu profond. Cette pierre contient du silicate, c'est lui qui lui donne cette couleur. Le lapi lazuli provient du Sri Lanka, tout comme les saphirs, première pierre précieuse de cette liste. Le saphir est d'un bleu profond très particulier. Enfin le Taj Mahal contenait de véritable diamants blancs, ils venaient de Panna, dans le Rajasthan.
Cette liste n'est bien sûr pas exhaustive, le Taj Mahal ne comprenant pas moins de 28 sortes de pierres rares, précieuses ou semi-précieuses pour faire le travail d'incrustation.
Techniques d'incrustations : La pietra dura
La pietra dura est une technique de marqueterie lapidaire destinée à la décoration. Ce n'est ni plus ni moins qu'un puzzle de grande précision dont les pièces sont en pierre taillée et le support est une plaque de marbre creusée.
L'artiste qui travaille commence par faire un croquis de ce qu'il doit représenter, puis il en fait un dessin complet, couleur à l'appui. Ce dessin est forcément en plusieurs pièces de couleur différente, à lui de choisir les bonnes pierres. Puis il travaille sur le support, qui est une plaque de marbre qu'il abrase jusqu'à obtenir un support de la bonne dimension parfaitement plat. La partie suivante consiste à tailler les pierres, un travail minutieux demandant précision et temps. Chaque pierre doit avoir une forme qui lui est propre, et avoir la taille nécessaire.
Enfin il faut s'occuper du support. En réunissant toutes les pierres selon le croquis l'artiste dessine - en gravant - les formes qu'il doit creuser sur sa plaque de marbre pour que les pierres entrent parfaitement dans les futurs trous. Reste à faire ces trous d'exactement la bonne taille. C'est souvent un autre travailleur qui fait ça, chacun étant destiné à un travail différent sur un tel chantier. Quand les trous sont faits on y dispose les pierres et on a plus qu'à polir l'ensemble pour pas qu'il y ai d'angles saillants, le travail est terminé.
C'est ce qu'on appelle la technique de la pietra dura, qui fut une spécialité de la ville de Florence durant le XVIIe siècle. L'empereur Shah Jahan, lorsqu'il souhaita qu'il y ai des incrustations de pierre dans le Taj Mahal, fit venir des ouvriers italiens pour s'occuper des incrustations.
Les inscriptions sur le Taj Mahal
Le mausolée du Taj Mahal est très largement décorée de motifs floraux, pour la plupart gravés dans le marbre ou en pietra dura, une technique de marqueterie de pierre. Mais on ne peut pas passer à côté des splendides inscriptions en arabe semble t-il, inscriptions qui courrent tout autour des iwans (ces porches larges traditionnels de l'architecture perse). Il y en a aussi sur le portail d'entrée des jardins, et sur les cénotaphes de Shah Jahan et son épouse pour qui a été construit le monument, Mumtaz Mahal.
Ces inscriptions ont bien sûr une signification précise à lire sur la page consacrée aux Inscriptions calligraphiques du Taj Mahal.
Voir aussi :