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Les symboles de la statue de la Liberté


L'amitié Franco-Américaine

Le premier des symboles de la statue de la Liberté est un peu oublié de nos jours. Car le but de l'érection de cette statue était de sceller l'amitié entre la France et les Etats-Unis, à une époque où le premier pays redevenait tout juste républicain pour la 2e fois de son histoire et le deuxième entrevoyait déjà sa future puissance mondiale. De nos jours c'est un symbole qui tend à disparaître, surtout dans les moments où les deux pays ont des divergences politiques. D'ailleurs bon nombre d'américains ignorent l'origine de la statue et ne voient en elle qu'une démonstration des prouesses techniques dont est capable leur pays... Ce qui peut faire rire les Français, constructeur de la statue !

Pour être exact lorsque la construction de la statue a été décidée l'idée d'un don de la France aux Etats-Unis n'avait pas été évoquée. On n'en parlait pas, ce symbole d'un don d'un pays à un autre a été évoqué plus tard, pour amadouer les américains et les faire adhérer à ce projet grandiose... pour les français. Car les américains, eux, ne voyait pas l'intérêt de construire une statue à l'effigie de la Liberté sur leur sol, avec une participation financière des américains, alors qu'ils n'avaient rien demandé à qui que ce soit. Le symbole de l'amitié franco-américaine est donc une pure invention des Français pour faire adhérer les américains à sa construction. Mais l'idée première, la principale, c'est la Liberté.


La liberté

Si son nom indique bien que la statue est un symbole de Liberté, on sait moins la raison pour laquelle ce symbole a été choisi. En fait il s'agit d'un message d'un groupe de républicains Français à son gouvernement, le gouvernement autoritaire de Napoléon III. Ce dernier était un chef d'Etat sécuritaire, il avait mis en place beaucoup de restrictions dans la vie de ses concitoyens. Pour lutter contre cet état de fait Edouard de Laboulaye, républicain convaincu et ennemi de Napoléon III a émis l'idée de la construction d'une statue à la gloire de la Liberté, à mettre au pays des libertés : Les Etats-Unis. C'est là le sens premier de la statue de la Liberté, une volonté de magnifier la Liberté dans le Monde face aux oppresseurs, quels qu'ils soient.


L'espoir d'un monde meilleur

Pour avoir une idée de l'intérêt de cette statue lors de son paroxysme, il faut revenir quelques décennies en arrière. Au début du XXe siècle, pour les émigrants qui se pressaient sur les étouffants entreponts des navires, la vue de miss Liberty équivalait à un passeport pour une vie meilleure, rendant peu importante l'éprouvante expérience de la quarantaine sur Ellis Island. Pour eux, la sobre statue et sa torche représentaient la Terre promise. Ce passage près de la statue n'était pas qu'un symbole que peu de personnes ont vécu : Il a été réel pour énormément de futurs américains, la porte d'entrée des USA était bel et bien le port de New-York. L'imagerie populaire l'a démontré en le faisant revivre de nombreuses fois, à travers quelques livres, et quelques films, comme "L'émigrant" de Charles Chaplin et "le parrain 2", de Francis Ford Coppola.


La lutte contre l'oppression

De cette idée générale est né un symbolisme encore plus général : La statue représente la liberté au sens large, la liberté des peuples face à ses oppresseurs. Il y a aussi un effet patriotique, brandir une torche dans la position de la statue est un symbole de résistance. Un tel symbole a d'ailleurs été utilisé lors de la répression étudiante de la place Tian'anmen en 1989. A noter que pour les Américains, les oppresseurs sont les Anglais, il n'y a donc pas de sentiments de fierté en Angleterre face à cette statue, qui est plus dénigrée. Par contre, à peu près partout dans le monde où les Etats-Unis sont vus comme des libérateurs, cette statue représente la liberté, tout simplement.

Sur la statue elle-même la liberté est exprimée sous la forme des chaînes de l'esclavage, brisées, à ses pieds.


L'américanisme

C'est une nouveauté pour la statue de la Liberté, au sens où ce sentiment est récent par rapport à son histoire. Il semble que depuis quelques années, une ou deux décennies maximum, la statue soit devenue le symbole de l'impérialisme américain pour ses détracteurs et de la puissance mondiale des Etats-Unis pour les autres. Il faut dire que ce pays n'est jamais neutre pour le reste du monde, il ne laisse pas indifférent. Il a très mauvaise côte auprès de quelques pays, particulièrement au Moyen-Orient, mais reste un espoir de vie meilleur pour la population de quelques autres pays, comme en Amérique du Sud. Les Européens, eux, les voient plutôt comme un partenaire excessif. Le problème est que quel que soit les sentiments que l'on peut éprouver envers les américains, on éprouve les mêmes pour la statue de la Liberté qui est devenu le principal symbole du pays. Ce phénomène, plutôt récent, est d'autant plus étrange que la statue est de fabrication française.


Les symboles de la sculpture

D'un point de vue symbolique, la fameuse couronne de rayons représente les 7 mers (Pacifique Nord, Pacifique Sud, Atlantique Nord, Atlantique Sud, Océan Indien, Océan Arctique, Océan Antarctique) ou les 7 continents (Amérique du Nord, Amérique du Sud, Afrique, Asie, Europe, Océanie, Antarctique) du monde. On retrouve ce symbole sur le Grand sceau de France, le symbole officiel de la République française depuis la Seconde République. L'inscription sur la tablette de la statue est le 4 juillet 1776 ("JULY IV MDCCLXXVI"), le jour de la déclaration de l'indépendance des Etats-Unis, un symbole évident à la gloire des Américains. La statue a à ses pieds une chaine brisée de l'esclavage, symbole de la liberté.

Tablette de la statue

Tablette de la statue

Autre symbole, la position de la statue : A l'entrée du port de New-York, elle a été la porte d'entrée des Etats-Unis pendant des décennies. Et son orientation aussi : Elle fait face à l'Europe, et plus particulièrement à sa réplique parisienne, au pont de Grenelle. Enfin, et plus pour l'anecdote, il faut savoir qu'il y a une pierre creuse dans le socle, elle contient une copie de la déclaration d'indépendance des Etats-Unis, scellée le 5 août 1884, et un coffre contenant divers objets ayant appartenus aux participants à l'inauguration du piédestal, en 1886.


Evolution du symbolisme dans le temps

Comme on peut s'y attendre la signification de la statue de la Liberté n'a pas été la même en fonction des époques, des mentalités, de l'origine des personnes à qui l'on pose la question des symboles qu'elle propose, et surtout du contexte social. A l'origine la statue a été prévue pour symboliser la liberté des peuples. Il s'agissait d'un cadeau de la France aux Etats-Unis, le symbole concernait donc les peuples en général. Mais si pour la France personnifier la liberté sous les traits d'une femme est globalement acceptée, pour les Etats-Unis il en est tout autrement. En effet, la France considère la Liberté d'un point de vue général, ils l'écrivent alors avec un L majuscule. Pour les américains, la liberté, c'est avant tout la liberté d'entreprendre dans une nation naissante où tout reste possible à faire. C'est de là que vient la notion de liberté d'entreprise que l'on trouve encore de nos jours aux USA. Avec cette vision des choses faire une statue à la Liberté n'a pas grand sens, c'est l'une des raisons pour laquelle la statue n'a pas eu grand succès à ses débuts. (voir le dossier Financement)

Lors de son inauguration la statue devint pendant un temps éphémère le symbole des suffragettes, ces femmes exclues du système politique car n'ayant pas le droit de vote. Elles s'étaient invitées à l'inauguration, mettant en avant leurs revendications. La communauté noire aurait pu voir en elle l'espoir de la fin des lois ségrégationnistes aux Etats-Unis, mais malheureusement leurs situations étaient tellement grave qu'ils ne pouvaient pas espérer quoi que ce soit avec une telle statue, aussi ne l'ont-ils pas récupérés en tant que symbole de leur cause.

Dans les années 1890, soit peu après l'inauguration, la statue servit de symbole de la lutte syndicale. Cette époque était marquée par l'industrialisation massive du pays, qui basculait du domaine de l'artisanat au domaine industriel. C'était un changement qui ne se fit pas sans heurts car les américains, qui avaient été formé pour un métier donné, durent se remettre en question pour travailler selon les critères modernes, et il faut bien dire que travailler en usine lorsqu'on découvre les chaînes, ce n'était pas spécialement agréable à faire. Les années 1880-1890 furent donc des années difficiles pour les salariés, ils découvrirent les possibilités offertes par le syndicalisme à grande échelle. De nombreuses manifestations eurent lieu un peu partout dans les grandes villes, et plus particulièrement à Chicago, grand centre industriel s'il en est. En 1886, l'année de l'inauguration de la statue, eu lieu le plus grand nombre de grèves dans le pays, ça a représenté le summum de l'action syndicale. Arrivé en même temps que l'inauguration, il était difficile pour les ouvriers de ne pas se servir de la statue pour mettre en avant leurs droits, arguant qu'un pays possédant une statue à la gloire de la Liberté ne pouvait pas passer sous silence les droits des ouvriers. Cette association entre l'image de la statue et la lutte de la classe ouvrière n'aurait pas pu être prévue par Bartholdi.

Toujours dans les années 1890 la statue est apparue dans de nombreux magazines comme symbole du rejet de l'immigration. Si ça peut paraître étonnant pour une statue à la gloire de la Liberté, c'est en fait tout à fait normal. A cette époque industrielle les Etats-Unis avaient besoin de beaucoup de main d'œuvre. Les américains ne suffisant pas à remplir les postes dans les usines, les politiques se tournèrent vers l'immigration (européenne essentiellement, mais aussi asiatique). L'afflux massif de bateaux transportant les migrants effrayèrent les américains de souche qui, par réflexe naturel, rejetèrent les nouveaux venus, d'autant plus qu'il s'agissait d'ouvriers, donc des personnes de condition modeste. La statue fut présentée dans les journaux de l'époque dans de nombreuses gravures sous les traits d'une femme ayant du mal à juguler le flot d'envahisseur. Les opposants politiques à l'immigration mirent en place un contrôle à l'entrée du pays. Principal port du pays, New-York dû mettre en place un système de quarantaine rapidement. Ce projet était initialement prévu sur Bedloe's island, l'île sur laquelle se trouve la statue. Mais les caricaturistes se précipitèrent pour montrer, dans les journaux, la statue mise en pièce par les hordes de migrants. Ces images participèrent au débat sur la nécessité de mettre des contrôles aux frontières et c'est finalement sur Ellis island que ce centre de contrôle fut installé.

Dans les années 1920-1930 il y eu une seconde vague d'immigration aux Etats-Unis. Même cause, même conséquence : La statue de la Liberté fut prise en otage des politiciens de l'époque et fut à de nombreuses reprises caricaturés, reproduite à l'état de déchéance par des migrants ne cherchant que leurs propres intérêts.


Le symbole d'un cataclysme mondial

D'un point de vue artistique la statue est très souvent utilisée pour repérer le spectateur ou le lecteur dans le temps. L'exemple le plus connu est sans doute la séquence du film "La planète des singes", de Franklin J. Schaffner, sorti en 1968. L'histoire se passe dans le futur. Des spationautes envoyés en exploration sont réveillés de leurs sommeils artificiels car ils arrivent près d'un monde inconnu.

La planète des singes

La planète des singes

Sur cette planète les rôles des singes et des humains sont inversés. Après la fuite d'un spationaute, celui-ci découvre les ruines de la statue de la liberté sur une plage et en conclu qu'ils sont sur Terre, mais à une époque bien ultérieure à la leur. Dans cette séquence particulièrement émouvante la statue est utilisée comme symbole de la Terre, elle est donc considérée comme suffisamment reconnaissable pour emporter l'adhésion des spectateurs partout où le film a été diffusé. Le réalisateur Franklin J. Schaffner a donc donné un grand pouvoir à la statue.

D'autres réalisateurs ont suivi cet exemple. On retrouve par exemple la statue prise dans les glaces dans "Le jour d'après", de Roland-Emmerich (pour parler d'un film très connu). New-York 1997 a, en son temps, fait le même choix. Quant aux films moins connus, ils n'hésitent pas à utiliser la statue de la liberté, la plupart du temps pour montrer un monde ravagé. Comme quoi, la Planète des singes, c'était un film précurseur en la matière. Voici ci-dessous une liste de quelques affiches de films-catastrophes ayant utilisé Miss Liberty. Il y en a beaucoup d'autres, bien sûr.

2012 ice age

2012 ice age

Cloverfield

Cloverfield

La planète des singes

La planète des singes

Le jour d'après

Le jour d'après


War of worlds

War of worlds

New-York 1997

New-York 1997





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