FR EN ES



Socle de la statue de la Liberté


Le but du socle était, au XIXe siècle, de magnifier la statue de la Liberté. Mais ses concepteurs ne pouvaient pas s'empêcher de tenter d'un faire une œuvre d'art à part entière, c'est la raison pour laquelle il est relativement impressionnant de nos jours. Le style néoclassique est en accord avec la statue, elle-même de ce style.

Pour savoir comment visiter le monument, cliquez ici.

Pour découvrir le monument de nos jours, cliquez ici.


La sélection du site et des intervenants

L'histoire du socle est indissociable de celle de la statue elle-même. Le site d'implantation, qui fut choisi officieusement par Auguste Bartholdi en 1871, lors de sa première venue aux Etats-Unis pour tisser des liens avec les américains, ne fut sélectionné officiellement qu'en 1877, lorsque la statue semblait prendre une existence réelle pour les membres du Congrès. Ceux sont eux qui autorisèrent la mise de côté du terrain où se trouvait le fort Bedloe's pour y ériger la statue, prévoyant en même temps son futur entretien. Le Général W.T. Sherman a été désigné pour sélectionner officiellement le site et celui-ci, Conformément à la volonté de Bartholdi, choisit l'île de Bedloe. Puis le Général Charles P. Stone, un ingénieur de l'Armée, fut nommé ingénieur en chef par le Comité américain. Stone était une connaissance de Hunt, ils avaient déjà eu l'occasion de travailler ensemble. Qui plus est, il s'était mis au service du Khédive d'Egypte durant les années 1860, au moment où Bartholdi lui avait proposé sa statue monumentale, prémice de la statue de la Liberté. Bartholdi et Stone s'était rencontré à cette occasion et avait même travaillé ensemble sur l'étude de la future statue, finalement abandonnée pour manque de budget.

Celui-ci choisit une équipe, en bonne intelligence avec la société de coopération franco-américaine. Les noms sortirent d'eux-mêmes : L'architecte serait Morris Hunt, un architecte bien connu sur la côte Est des Etats-Unis. Il a été le premier américain à suivre les cours des Beaux-Arts de Paris, et de retour de Paris, il fonda une école basée sur les mêmes principes. Il faisait partie de l'Union League Club, l'association de coopération entre les deux pays, et avait travaillé sur de nombreux projets très importants. Les principaux consistaient à concevoir des maisons de grande taille pour les familles riches des états de Rhodes Island, du New-Jersey, du Massachussetts, d'où il tirait ses meilleurs clients. Mais il avait aussi travaillé pour le Trésor américain, des banques, etc.

Maquette du piédestal

Maquette du piédestal

Maquette d'un piédestal

Maquette d'un piédestal

L'un des premiers problèmes auquel a été confronté Morris Hunt fut de choisir le style et la taille du socle de la statue de la Liberté. Intéressé par l'Egypte ancienne tout comme Bartholdi, il s'orienta tout d'abord sur un socle de style antique. Son modèle fut le phare d'Alexandrie, une autre des 7 merveilles du Monde. Hunt conçu donc un socle cylindrique en maçonnerie, de grande taille, mais il dû se rendre à l'évidence : Il ne pouvait convenir en tant que support de la statue. Il fut plusieurs essais avant de comprendre son erreur. A s'inspirer du phare d'Alexandrie, il ne concevait que des œuvres autonomes, or on lui demandait une œuvre qui devait magnifier la statue, pas se magnifier soi-même. Hunt reprit donc un des plans qui lui convenait le mieux et il en réduit les proportions. Devenu plus modeste, son socle mettait en valeur la statue : Ce fut donc lui qui fut adopté.

En tant qu'ingénieur, Charles P. Stone, lui, fut confronté à un autre problème : Lorsqu'il commença à creuser les fondations il tomba sur de lourdes masses de maçonnerie en pierre et en béton qui étaient masquées sous la surface de l'île, et qui servaient de citernes ou d'abri contre les bombes. Ces abris étaient des petites salles souterraines voûtées, très massives. Or ces éléments architecturaux n'étaient pas forcément tous indiqués sur les plans dont disposaient l'ingénieur en chef, d'où la nécessité pour lui de faire preuve d'initiatives et d'adaptabilité pour les éliminer sans prendre de retard dans la construction des fondations.


La construction

La construction eut lieu entre le 9 octobre 1983 et le 22 août 1886. Le 9 octobre 1883 a marqué le début du creusement des fondations. Celles-ci étaient terminées début août 1884 car la première pierre, symbolique, a été posée officiellement le 5 août 1884, soit 10 mois après le début des travaux. Ça s'est passé un jour de pluie, en présence de nombreux officiels. Cette pierre a été scellée en laissant un espace, une sorte de coffre dans lequel on a mis différents objets appartenant aux membres réunis à ce moment, mais aussi une copie de la déclaration d'indépendance des Etats-Unis. Ça s'est passé durant une cérémonie présidée par William A. Brodie, un franc-maçon notoire, Grand Maître de la Grande Loge de l'Etat de New York et qui organisa à cette occasion une cérémonie maçonnique tout à fait classique. Cette cérémonie fut grandement décriée les années suivantes. De nos jours encore se trouvent sous le socle de la statue un portrait de Bartholdi, des timbres, etc.

Durant l'année 1884 la construction se déroula assez rapidement mais, à l'automne, l'argent vint à manquer, le financement n'était plus assuré. Il faut dire que ce financement fut difficile à boucler, et il fallut que le rédacteur en chef du journal "New-York Today", un certain Joseph Pulitzer, finisse par provoquer une vague de don auprès des classes moyennes pour assurer la totalité du financement, les personnes riches de la Côté Est ne souhaitant pas participer à la construction de cette statue. (Voir Financement de la Statue) Le travail dû donc être arrêté jusqu'en 1885, année où il put reprendre. Durant cette période de latence, seule 15 pieds de piédestal avait été construit (5 mètres)

Arrivé à 29 pieds, soit 9 mètres, les ouvriers scellèrent quatre énormes poutres reliées entre elles, formant comme une ceinture métallique à l'intérieur même du béton. Puis, à 55 pieds (26 mètres), quatre autres poutres furent fixées, mais verticalement cette fois-ci. Elles furent noyées dans le béton jusqu'au sommet du piédestal, où elles furent reliées entre elles et fixées aux poutres métalliques servant de base à la structure de Gustave Eiffel. On peut ainsi dire que le squelette de la statue de la Liberté est directement scellé dans les murs du socle, eux-mêmes joints aux lourdes fondations de l'île elle-même. L'ensemble est donc parfaitement solidaire.

Pendant toute la durée de la construction du socle, et plus encore lorsqu'il commença à s'élever dans les airs, les New-Yorkais vinrent en nombre s'approcher de Bedloe's island. Ils étaient curieux de voir ces gros travaux, un chantier énorme pour l'époque, et l'île était constamment entourée de bateaux remplis de curieux qui n'accostaient jamais, bien sûr. L'année 1885 fut celle de la construction du socle de la statue de la Liberté, pour New-York.


Pierre inaugurale du socle

Pierre inaugurale du socle


Techniques de construction

L'ingénieur Stone devait relever un défi de taille : Parvenir à construire le socle le plus rapidement possible alors que le chantier est sur une île, à 2 Kms de la terre ferme. Pour ça il dû fait construire un véritable petit village dans lequel les ouvriers pouvaient vivre plus ou moins en autonomie sans avoir besoin de les acheminer sur site tous les jours. Les matériaux, eux, durent faire l'objet d'un approvisionnement constant, obligeant l'ingénieur à coordonner de nombreux corps de métier. Pour pouvoir gérer tout ça Stone embaucha un chef de chantier énergique, David H. King, qui engagea un grand nombre de manœuvres italiens. Ils étaient logés directement sur l'île dans une sorte de petit village créé pour l'occasion, avec de nombreux baraquements en bois et les quelques éléments publics nécessaires à la vie sur place. Ce travail plutôt ingrat, effectué dans des conditions difficiles, a été leurs billets d'entrée aux Etats-Unis.

Le socle de la statue de la Liberté a été fait en béton , une technique d'autant plus audacieuse pour l'époque qu'elle était récente. Jusqu'ici les bâtiments étaient construits en briques ou en pierres de taille. L'utilisation du béton s'est imposée pour sa solidité, mais surtout pour sa rapidité de mise en œuvre. Ce point était particulièrement important dans la mesure où la levée de fond pour l'édification du socle de la statue a été tellement lente que la statue, elle, était prête depuis longtemps avant que le premier coup de pioche ne soit donné sur Bedloe's Island ! Il fallait donc rattraper le retard, d'où l'utilisation du béton.

Les fondations furent coulées dans une grande fosse de plus de 16 mètres de profondeur (53 pieds) en forme de pyramide tronquée dont la base mesurait près de 28m de côté et le sommet, au niveau du sol, 20m. Elles contiennent des poutres métalliques en forme de I qui sont incrustés dans les murs du socle et remontent jusqu'au sommet du piédestal. Ce sont sur ces poutres qu'est venu se greffer plus tard la structure en fer forgé de Gustave Eiffel. Ainsi, l'ensemble ne fait qu'un seul bloc, des fondations au sommet de la statue. On imagine la précision de la description technique pour pouvoir coordonner les deux structures... Surtout que les ingénieurs étaient à 6000Kms de distance. Sous l'écorce granitique de la façade du piédestal se trouve un épais cœurde béton et des poutres massives en acier sur laquelle le squelette de fer de la statue est fixé.

Le socle lui-même a été construit dans le prolongement des fondations, toujours en béton. Il est creux bien sûr, les murs font une épaisseur de 2m50 en moyenne car ils sont un peu plus épais au niveau du sol qu'au sommet. Toujours au niveau du sol, la structure mesure 20m de côté et se réduit pour arriver, au niveau des pieds de la statue, à un peu plus de 13m. La partie centrale, accessible, mesure 8.25m de large. Le total de l'architecture béton fait du socle de la statue de la Liberté le plus grand édifice construit aux Etats-Unis au XIXe siècle : 27 000 tonnes de béton et de pierres, pour un total de 12200 mètres cubes (13300 yards cubes, pour respecter les unités anglo-saxonnes). D'après les dires de l'époque, la structure est si robuste qu'on dit que pour renverser la statue il faudrait renverser l'île elle-même.

Une fois coulé le piédestal fut recouvert de pierres granitiques du Connecticut pour lui assurer sa longévité. Ainsi exposé au vent et à la force des embruns, cet ensemble de béton serait bien fragile sans une protection efficace. Il a été dit que ces pierres étaient d'origine française. Certains assurent qu'elles proviennent de la carrière de Plohernet, en Bretagne, réputée pour la solidité de son granit. D'autres voit la carrière d'extraction en Ardèche, d'autres enfin dans le Var, dans le Jura, dans l'Ain, etc. Il y a un fait réel qui prime sur les autres : Pourquoi les ingénieurs iraient chercher des pierres de taille en France quand ils en ont sous les yeux, aux Etats-Unis ? La réalité des faits, c'est que ces pierres proviennent de la carrière Beattie, sur l'île de Leetes (Connecticut). Le transport a été assuré par chariot, de la carrière à l'Océan, où un navire à voile se chargea du transport jusqu'à Bedloe's Island.

La construction prit fin le 22 avril 1886 avec la pose de la dernière pierre granitique du socle.

Pose de la première pierre

Pose de la première pierre

La statue est implantée au centre du fort Bedloe, un fort construit au milieu du XIXe siècle destiné à protéger la rade de New-York. Il fut déclassé et resté sans fonction utile jusqu'en 1871, année où Auguste Bartholdi, le sculpteur de la future statue de la Liberté, vint à New-York chercher un endroit pour son implantation. Ce fort offrait un parfait point de départ pour le piédestal de la statue, ce dernier s'imbriquant dans le fort lui-même. Les fondations faites, les maçons commencèrent à élever les pierres de Bretagne les unes sur les autres par couches successives. Le socle allant en se rétrécissant, à sa base, les maçons firent des coffres de bois qu'ils installèrent les uns au-dessus des autres, un peu comme une pyramide. L'ensemble était équipé d'escaliers en bois pour les maçons, et de grues pour le matériel. Quand on parle de grues, à l'époque, il s'agissait surtout d'un ensemble ingénieux de poutres fixées en V et munis à leurs bouts d'une poulie. Positionnées en dévers par rapport à l'aplomb des murs, les forces nécessaires à la traction des charges s'annulaient deux à deux, chaque ensemble de poutres étant en relation avec une autre, de l'autre côté du piédestal en cours de montage. Le chantier utilisait jusqu'à une centaine d'hommes, bien que souvent ils aient été moins nombreux, en pratique.

Construction du piédestal

Construction du piédestal

Construction du piédestal

Construction du piédestal


Matériaux

La partie technique ne se limite pas à des calculs savants sur les forces et les contraintes, il y a un facteur essentiel à prendre en considération : Les matériaux à utiliser. Si ça parait un peu étonnant, le choix de la pierre à utiliser pour construire le socle de la statue de la Liberté était primordial : Des pierres trop tendres et la statue risquait de ne pas rester trop longtemps sur place ! Morris Hunt rechercha alors des pierres de carrière ayant la capacité à résister aux conditions extrêmes de l'emplacement choisi pour la statue : Air marin fortement iodé, embruns récurrents, fortes contraintes mécaniques, mais aléatoires (Dû aux tempêtes). Le choix se porta sur la carrière Beattie, une carrière de granit du Connecticut en plein essor, très connue à l'époque, qui avait livrés blocs de granit ayant permis la construction des piliers du pont de Brooklyn. Les autres matériaux sont moins nobles : De très grandes quantités de béton, et des renforts métalliques en fer.



Voir aussi : Pierres granitiques et ciment du socle de la statue


Plan du socle

Plan du socle

Plan du socle

Le plan du socle est assez simple. Au niveau du sol se trouve le Fort Wood, un fortin de défense de la baie de New-York datant du XIXe siècle. La maçonnerie de ce fort a été utilisée en guise de soubassement du socle, un peu comme des pré-fondations. L'espace entre le fort et le soubassement a été remblayé récemment. Dans cette partie il y a déjà 3 niveaux plus le rez-de-chaussée, c'est là que se trouve le musée. De ce 3e niveau le visiteur est à la hauteur du terre-plein, en haut des fortifications du fort Wood. Commence alors le socle tel qu'on le voit. Il se compose intérieurement de 7 autres niveaux, le 4e correspondant à la colonnade et le 7e au balcon extérieur, celui qui permet la visite du pied de la statue. C'est un observatoire, que la plupart des visiteurs prennent. Pour passer d'un niveau à un autre il faut emprunter un escalier large aux nombreux paliers. Un ascenseur a été installé lors des travaux de 1986, ceux faits pour célébrer les 100 ans de la statue.

Le style est néo-classique, c'est un style à la fois surprenant et normal. C'est un choix surprenant car à cette époque ce style avait déjà été abandonné depuis quelques décennies, le néo-classicisme n'a guère passé le milieu du XIXe siècle. Utiliser encore ce style à la fin du XIXe siècle était pour le moins curieux. Par contre, c'est un choix normal quand on regarde l'objectif à atteindre, à savoir magnifier la statue elle-même. En effet, cette statue est elle-même néo-classique, il ne fallait donc pas un élément architectural plus récent, ça aurait choqué.

La question est plus : Pourquoi la statue de la Liberté est-elle néo-classique ? On peut se la poser car elle a aussi été conçue après la fin de ce style. En fait, c'est dû à la volonté d'Auguste Bartholdi qui voulait une œuvre d'art intemporelle, utiliser une représentation de l'antiquité n'était donc pas si incongrue que ça. Et Bartholdi tenait à une statue féminine, en posture sereine, c'est qu'une telle représentation passait mieux en néo-classique.





Copyright 2013 - 2024 - Toute reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Ce site Internet est un site privé, non officiel, issu du travail de compilation des oeuvres de différents auteurs. Sauf mention contraire, les photos sont la propriété du webmaster. Toute utilisation des textes, photos ou autres éléments de ce site internet sont interdits sans accord du webmaster. Pour le contacter, utilisez le lien sur la page crédits. Sources documentaires : cliquez ici. Pour consulter la politique de confidentialité du site veuillez cliquer ici : Politique de confidentialité.

Sites Internet du même auteur : Les Pyrénées-Orientales, Marguerite Duras, Merveilles du monde, Empereurs romains.