Le Deir est l'un des principaux bâtiments de Petra. Il se trouve à l'écart de la ville, sur les hauteurs, a à peu près 45 minutes de marche de la ville basse. Et on devrait plutôt dire à 45 minutes de montée, d'ailleurs.

Le Deir, dit 'Le monastère'
Origine du nom
Deir, en arabe, signifie "Monastère". 'est aussi simple que ça et c'est une référence évidente au fait qu'il a servit de monastère, à partir du IVe siècle.
Situation et accès
Il s'agit d'un bâtiment relativement isolé situé au Nord du site de Petra et creusé dans une petite montagne au bord d'un petit plateau rocheux dominant une large vallée. Pour y accéder il n'existe qu'un seul chemin, l'ancien chemin processionnel qui grimpe à flanc de montagne vers le plateau. Un des avantages de ce parcours un peu épourvant est qu'il offre des points de vue majestueux sur différents sites, montagnes, vallées encaissées de la région. Ce chemin alterne entre un sentier muletier et des volées de marches. C'est d'ici de ce chemin que l'on peut aller au triclinium aux lions puisque le chemin qui y mène part d'un embranchement du celui menant au Deir, à peine après 10 minutes de marche de la ville, en suivant le vallon sur la gauche.
Si vous poursuivez vers le Deir vous arriverez à un plateau aride, peu végétalisé, caractérisé par un monument de pierre taillé dans la roche, tout au bout de l'esplanade : Le Deir.
Notez que pour vous rendre sur place, si vous savez que vous n'arriverez pas en haut ou si vous préférez y aller sans trop vous fatiguer, vous pouvez louer les services d'un muletier qui vous y conduira.
Description du Deir
Le Deir est aussi appelé "Le monastère", c'est bien sûr son histoire qui a abouti à cette appelation. Il s'agit d'un grand bâtiment de façade à peu près carré, légèrement plus large que haut puisqu'il mesure 47m de large sur 45 de haut. Comme beaucoup d'autres bâtiments de Petra il a été sculpté dans la roche, jusqu'à une quinzaine de mètres de profondeur.
La façade
La façade est à deux niveaux. Ils sont tous les deux symétriques mais le plus bas possède 8 demi-colonnes sur la façade, délimitant trois parties : A droite et à gauche, deux colonnes encadrent une niche rectangulaire aveugle surmontée d'un tympan en arc. Les niches devaient très probablement accueillir des statutes. Au centre, une paire de colonnes plus petite que les autres encadrent l'ouverture rectangulaire de grande taille de l'édifice. Cette entrée est surélevée par rapport au sol, et d'une bonne hauteur que l'on peut juger approximativement à 1m. Elle était précédée d'une volée de marches dont plus aucune ne subsiste de nos jours. L'ouverture est surmontée d'un tympan triangulaire typique du style grec. Chaque colonne du premier niveau possède des chapiteaux ioniques.

La façade
Il y a une séparation physique entre le premier et second niveau visible sur la façade, c'est une avancée de pierre protégeant probablement l'entrée des intempéries. Le second niveau est également à trois parties, mais de structure différente puisque les trois parties sont des édifices indépendants de la structure de la façade. A droit et à gauche ce sont des petits édifices de plan carré dont la façade est encadrée de colonnes et creusée d'une niche aveule rectangulaire, comme au premier niveau. Leur toit penché forme un angle simulant un toit complet du bâtiment. Au centre, c'est un petit édifice cylindrique qui trône, de même structure que ses voisines. Les trois sont surmontés d'une frise faite de disques séparés de motifs à trois bandes verticales : Les triglyphes et les métopes, qui donnent à l'ensemble une cohérence architecturale. Le petit bâtiment central sert de support à une urne funéraire de 9m de haut. Un tel édifice cylindrique est appelé un Tholos si il a une destination funéraire ou religieuse. La façade accueille enfin deux pilastres, des petites constructions étroites de part et d'autre du second niveau.
On peu aussi noter grande similitude entre les façades de la Khazneh, dit 'le trésor' et le monastère.
L'intérieur
L'intérieur du Deir est beaucoup plus simple que ne l'est la façade. L'entrée s'ouvre sur une vaste pièce de 12m sur 11, plutôt haute, avec quelques particularités. Tout d'abord, au fond il y a un renfoncement accessible par un petit escalier, c'est une ouverture de 4m30 sur 2m40 dont le plafond est taillé en arc. Il y a aussi des ouvertures ayant pu servir à recevoir de l'eau et ayant donc probablement servis à des abblutions, et une croix gravée datant de l'époque où il a été transformé en monastère. Sur les côtés on peut voir encore de nos jours les restes de banquettes taillées à même la roche, on les appelle des biclinium.
La colonnade
Quand on est sur place on a du mal à l'imaginer, mais pourtant il semble (c'est au conditionnel) qu'il y ait eu devant la porte d'entrée deux portiques faits chacun de deux colonnes de grandes dimensions et d'un lourd bloc de pierre les reliant. Ce qui fait dire ceci est la présence retrouvée, devant l'entrée, de quelques fragments - parfois imposants - de colonnes, de chapiteaux décoratifs et de stuc.
Erosion
Par rapport aux autres bâtiments de la cité de Petra le Deir est plutôt en bon état. La raison est qu'il a été protégé par la montagne dans laquelle il a été sculpté. Les partie les plus abîmées sont les colonnes du premier niveau, et dans une moindre mesure toute la partie basse du premier étage. Mais le reste du bâtiment est en excellent état, si l'on admet qu'il date de 2000 ans.
Rôle du Deir
Contrairement à ce que l'on a longtemps cru le Deir n'était pas un tombeau, du moins c'est l'hypothèse la plus probable de nos jours. C'est la présence de l'urne funéraire sur la façade qui a tendu vers cette hypothèse, mais à présent il semble que ce bâtiment ait été un lieu de culte. Divers éléments penchent en faveur de cette option. Tout d'abord, le chemin pour y monter est parsemé de petits édifices religieux, du genre oratoire. Son emplacement ensuite, au-dessus de la ville tend à prouver qu'il s'agissait d'un bâtiment à but spirituel, surtout qu'il est devant une large esplanade ayant probablement fait office de lieu de rassemblement de la population.
Sans en être sûr, il semblerait que le Deir ait été construit pour satisfaire au culte du Dieu Obodas Ier, un roi nabathéen divinisé ultérieurement.
Histoire
La construction du Deir construction est donc postérieure à ce roi (-96 à -85). Les études sur le terrain l'ont confirmé avec une date de construction entre 40 et 70 après JC. Certains spécialistes font remonter sa construction à Rabbel II (70 à 106 après JC), le dernier roi nabatéen. A partir du IVe siècle la religion catholique s'est répandue et est arrivé dans cette région. Le Deir fut transformé en monastère et habité régulièrement jusqu'en XIIe siècle, l'époque d'occupation la plus récente que l'on ai de nos jours. C'est de cette époque que date les croix à l'intérieur de la chambre.
Il fut découvert par Johann Ludwig Burckhardt à l'été 1812 en même temps que l'ensemble du site de Pétra.
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