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La pietra dura


La pietra dura est l'art de tailler la pierre, d'un point de vue général. Conçue et maîtrisée par les florentins à la fin du XVIe siècle, elle consiste à fabriquer des pièces décoratives par incrustations de pierres sur des plaques de marbre préalablement abrasées. Le résultat, quand il est de bonne qualité, est d'une finesse exceptionnelle. Le jeu de couleur rend l'oeuvre proche de la réalité.

La pietra dura est donc une technique d'art de marqueterie lapidaire. Les oeuvres en pietra dura représente souvent des motifs floraux, des plantes, ou des décors naturels. Plus récemment cette technique est utilisée pour représenter des formes géométriques.

Les mots "Pietra dura" viennent de l'italien, elle signifie "Pierre dure", mais aussi "Pierre semi-précieuse".


Technique

Il s'agit d'une technique d'incrustation. Le principe est donc simple : Tout d'abord, un dessin est réalisé, généralement il s'agit de motifs floraux, mais pas forcément. Les motifs du Taj Mahal sont en grandes parties floraux, justement, et quand ils ne le sont pas ils sont au moins végétaux. L'artiste réalise ensuite une plaque de marbre qui servira de support, elle devra être de la bonne dimension, relativement épaisse et surtout parfaitement plane. L'étape suivante consiste à préparer les différentes pièces qui constitue ce puzzle de pierre. En effet, le dessin prévoit invariablement différentes formes géométriques plus ou moins complexes, mais toujours de taille raisonable. Il faut les tailler dans les pierres dont la couleur correspondra à la couleur souhaitée sur l'oeuvre finale, pour chaque pièce. Ce choix de couleur est essentiel, c'est lui qui donnera l'aspect général de l'oeuvre. L'artiste doit aussi se préoccuper de la façon de tailler les pierres, il faut, en plus d'être de la taille adéquate, qu'elles soient de la bonne profondeur. Il peut toutefois y avoir une petite différence de hauteur car l'ensemble sera abrasé et poli à la fin. Une fois les pierres taillées aux bonnes dimensions l'artiste s'occupe du support. La plaque de marbre doit être assez robuste pour supporter les nombreuses cavités qui doivent y être créées. Chaque trou doit parfaitement correspondre à une pierre. C'est là toute l'habileté de l'artiste puisque les plus aptes à ce travail fourniront des pièces n'ayant aucun joint, alors que les autres devront mettre une poudre de liaison.

Une fois terminé, ce qui peut prendre pas mal de temps, il faut encore abraser la plaque pour niveler toutes les petites différences de niveau qu'il peut y avoir, puis il faut polir l'ensemble pour rendre le travail soigné. Ce n'est qu'à partir de ce moment que l'artiste peut estimer son oeuvre terminée.


L'histoire de la pietra dura

La technique de la pietra dura est une invention florentine de la fin du XVIe siècle, à l'époque des Médicis. C'est François Ier de Médicis, né le 25 mars 1541 à Florence et mort le 19 octobre 1587 à Poggio a Caiano, qui est le promoteur de cet art à Florence. Il créa sur la fin de sa vie un atelier de marqueterie de pierre et fit venir sur place les meilleurs ouvriers, les lapidaires. En mettant en commun leurs savoirs ils développèrent des outils et des techniques propre à eux, ce qui donna l'impulsion nécessaire à cet art. Les pièces de pietra dura de cette époque sont des références mondiales, elles sont en partie regroupées dans un musée dédié à cet art, "l'office et musée de pietra dura".

Motifs géométriques en pietra dura

Motifs géométriques en pietra dura

La fin de la renaissance est une période durant laquelle la noblesse tentait de se distinguer, chacun cherchait un moyen de se mettre en avant, et la pietra dura fut un de ces leviers. C'est grace à ça que cette technique put survivre et même continuer à se développer, car chaque pièce qui était fournie était immédiatement exposée pour mettre en avant le goût du luxe et la curiosité de ceux qui avaient la chance de contempler l'oeuvre. En même temps les lapidaires se mirent à utiliser de plus en plus fréquemment des pierres semi-précieuses voire même précieuses, ce qui était demandé de plus en plus souvent par l'art baroque qui régnait alors sur les artistes. A cette époque, plus les oeuvres étaient clinquantes, plus elles plaisaient. Il y avait également une autre raison pour laquelle la pietra dura se renforça à l'époque baroque : L'utilisation des pierres précieuses permettait de mieux séparer les classes sociales, ce qui était souhaité par la noblesse.

Durant le XVIIe siècle l'art lapidaire connu une accélération de sa diffusion. Conquis par la qualité du travail des florentins, les monarques de toute l'Europe créèrent des ateliers et firent venir des artistes pour leurs apprendre cette science, puisqu'il faut peut-être l'appeler ainsi à présent que le savoir se diffuse. Ainsi voit-on des ateliers à Prague, sous l'impulsion de l'empereur Rodolphe II, à Madrid, en Allemagne, etc. L'Empereur moghol Shah Jahan choisit d'inscruter des motifs floraux que le Taj Mahal en voyant certaines pièces déjà réalisées. Durant cette période il fut construit un très grand nombre de pièces en pietra dura et comme il s'agit, par essence, de travaux destinés à durer, on les trouve de nos jours encore dans les musées.

La déchéance de la pietra dura arriva durant le XIXe siècle, à l'époque industrielle, qui ringardisa tout ce qui nécessitait un travail manuel. A cette époque, c'était le règne de la machine-roi, mais personne n'était encore capable de créer une machine pouvant remplacer la main de l'homme dans ce délicat travail. Le savoir-faire se perdit partiellement car il a quand même perduré en Italie, à Florence bien sûr, et c'est encore là-bas que l'on trouve des maîtres lapidaires capables de travailler selon la technique de la pietra dura.


Où voir des pièces en pietra dura de nos jours ?

Décorations des iwans secondaires

Décorations des iwans secondaires

De nos jours de telles pièces se trouvent essentiellement dans les musées, mais il n'est pas rare d'en trouver chez des particuliers. Les pièces de musée sont particulièrement belles, grandes, alors que les particuliers vont plutôt posséder de petites oeuvres comme de menus objets.

La plus grande collection au monde est à Vienne, au "Wiener Hofburg". Il contient 67 tableaux fait avec cette technique, ainsi que de nombreuses armoires et des tables somptueuses. Mais l'Allemagne a su conserver également ses principales pièces dans différents musées du pays. Ce pays expose dans la "Münchner Residenz" dix tables qui viennent de Florence. Quelques églises du Nord de l'Italie ont conservés les tables d'autel en pietra dura. En France il existe des musées qui exposent quelques pièces importantes, mais ce n'est pas l'art le plus caractéristique de la cour des rois de France.


La pietra dura sur le Taj Mahal

Les décorations du Taj Mahal sont faites en grande partie en pietra dura de grande qualité, c'est ce qui explique en partie en moins la beauté du mausolée. Il existe un très grand nombre de motifs différents, souvent répétés en grande quantité. Par exemple sur la clôture en marbre brute qui entoure les deux cénotaphes, au centre du mausolée, il y a un grand nombre de fleurs répétées tout autour, alternant deux types de fleurs différentes. Il faut aussi la précision de l'exécution de la pietra dura du Taj Mahal, les spécialistes admettent qu'elle a été faite par des personnes maîtrisant vraiment leur art.

Il faut aussi savoir que le mausolée n'est pas le seul bâtiment à recevoir de la pietra dura au Taj Mahal, la mosquée et le pavillon des invités en a aussi, quoi qu'en moindre quantité. Enfin, au Taj Mahal, la pietra dura ne représente que des fleurs ou des motifs géométriques. C'est volontaire, Shah Jahan, le batisseur, étant musulman, il ne pouvait pas y avoir de représentations humaines (d'une part) et les fleurs sont une représentation du Paradis selon l'Islam (d'autre part). C'est pour ça que l'on ne rencontre que des fleurs ici, ou alors, lorsque le motif n'avait qu'un but décoratif, sans signification particulière, il a fait mettre des motifs géométriques.


Voir aussi :

Décorations du Taj Mahal.

Inscriptions du Taj Mahal.







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